samedi, juillet 05, 2008

Dans chaque Français, il y a deux Français

On dit que « dans chaque Français, il y a deux Français » : celui qui ne veut pas d’histoires et celui qui a de grandes idées ». D’où ce trait éminemment hexagonal qui agace – surtout les Anglais – ou séduit ses voisins : notre concitoyen est avant tout paradoxal. Etymologiquement : il se comporte contre toute attente. L’affuble-t-on du béret basque qu’il revendique le bonnet phrygien. Mais l’imagine-t-on en sans-culotte qu’il se voit, lui, forcément en haute couture.

La crise n’a fait qu’augmenter cette spécificité national : plus le Français a peur de l’avenir, plus il se penche sur son passé. Ainsi, il est capable de s’exalter sur l’excellence de la grande cuisine du terroir et d’aller s’envoyer un Mc Do’ sur le pouce. Pleurer la disparition du quincailler du coin de sa rue où il ne mettait pourtant plus les pieds depuis belle lurette, parce que les grands magasins, c’est tellement plus pratique et moins cher... Se croire directement issu de Descartes, champion toutes catégories en rationalité, et se précipiter chez la première voyante venue : la France bat des records en matière. Passer des heures devant la télé, à regarder les émissions les plus débiles, faire plonger l’audimat dès d’une émission « intelligente » pointe le nez et vociférer ensuite, comme 68% des Français, que la télé le prend pour un abruti. Etouffer sous l’air pollué et se sentir offensé dès qu’on lui suggère de ne pas prendre sa voiture. Tout attendre de l’Etat et ne lui accorder aucune confiance comme 75% de nos concitoyens, etc.

(d’après Florence Assouline, L’événement de jeudi, 1996)

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