mercredi, juillet 09, 2008

La vie au lycée

Un établissement scolaire est un milieu conçu et organisé par les adultes pour transmettre à leurs successeurs leurs connaissances qu’ils estiment indispensables. Mais, pour les jeunes qui le fréquentent, c’est aussi tout autre chose: c’est un lieu de vie et de rencontres. C’est l’endroit où se passe le plus clair de leur temps. Or, la vie d’un jeune ne se réduit pas à l’acte d’apprendre. Il y a tant de choses à découvrir – ou à craindre – à cet âge... Or, cette dimension – essentielle – de la vie des adolescents n’est nullement prise en compte par le lycée. [...]

Une étude récente montre que, parvenus en troisième, les élèves ont une très forte réaction de rejet à l’égard de l’établissement: ils ne s’y sentent plus bien, en critiquent la discipline, estiment qu’il n’y a pas assez d’activités extrascolaires et qu’on ne tient pas assez compte de leur avis. A l’inverse, de la sixième à la troisième, ils estiment que l’entente entre les élèves s’est améliorée et que la solidarité a progressé.

Ainsi, du point de vue des élèves, ce qui est positif dans ce bilan de quatre années, c’est l’expérience de relations nouvelles entre camarades, beaucoup plus que les rapports avec les institutions (que ce soit le lycée ou les professeurs). Alors que le milieu éducatif où ils sont immergés est exclusivement mobilisé pour la formation intellectuelle, ce qui, pour eux, a compté, c’est l’apprentissage de la vie en commun, l’expérience collective. Curieux décalage entre les ambitions des uns et les désirs des autres, entre la théorie et la réalité. Il est certes légitime qu’une institution éducative ait pour premier objet de former les esprits et de transmettre un savoir. Mais peut-elle espérer atteindre son but si elle ignore à ce point les aspirations profondes des élèves? Poser ces questions est plus aisé que d’y répondre. Les échecs des tentatives diverses, faites ces dernières années, montrent qu’il ne suffit pas de créer un « foyer » ou de multiplier les délégués et les conseils de classe pour faire participer davantage les élèves et répondre à leur désir d’autonomie. C’est toute l’organisation de l’établissement, la répartition du temps et de l’espace, le partage des responsabilités qui demanderaient à être modifiés pour que, progressivement, les élèves cessent d’être des usagers passifs – et vindicatifs – et deviennent des partenaires et des acteurs.

(d’après Frédéric Gaussen, Le Monde-Dimanche)

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