lundi, octobre 27, 2008

Accord du participe passé employé sans auxiliaire ou avec l’auxiliaire être

Règle générale. Le participe passé employé sans auxiliaire ou avec l’auxiliaire être s’accorde comme un adjectif.

Il s’accorde en genre et en nombre, soit avec le nom ou le pronom auxquels il sert d’épithète, - soit avec le sujet si le participe est conjugué avec l’auxiliaire être ou s’il est attribut du sujet, - soit avec le complément d’objet direct s’il est attribut de ce complément.

Elle recueille les enfants abandonnés par leurs parents.
L’affaire a été portée devant les tribunaux.
Elle est entrée sans frapper.
Ces fleurs paraissent flétries.
Une besogne qu’on croit terminée.


Lorsqu’il y a une ellipse du sujet et de l’auxiliaire avoir, comme cela se pratique dans des journaux intimes, dans des annotations marginales, sur des reçus, etc., le participe passé se trouve apparemment sans auxiliaire, mais il suit en fait la règle qui concerne le participe passé conjugué avec avoir:

Reçu une lettre de L.
Reçu la somme de ...
Approuvé les corrections ci-dessus.


Les participes des expressions figées ci-joint, ci-inclus, ci-annexé sont variables quand ils sont nettement adjectifs, c’est-à-dire lorsqu’ils ont la place d’une épithète ou d’un attribut du sujet avec copule:

Vous devinez pour qui est la lettre ci-incluse (B. Constant).
Les deux modèles ci-annexés, dessinés et coloriés par M. Oscar (L. Reybaud).
Votre lettre est ci-jointe.

Ils sont invariables et traités comme les adverbes ci-contre, ci-après:
1) quand ils sont en tête d’une phrase adverbale:

Ci-joint l’expédition du jugement.

2) quand, dans le corps de la phrase, ils précèdent un nom sans déterminant:

J’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint copie de la réponse de M. Carlo Nepoti (Stendhal).
Vous recevrez ci-inclus copie de...

Dans les autres cas, l’usage n’est pas fixé, particulièrement quand, dans le corps de la phrase, ci-joint, ci-inclus, etc. précèdent un nom accompagné d’un déterminant:

Avec accord:

Je te l’[= une adresse] envoie ci-jointe (Nerval).
Ces lettres [...], il les renvoyait ci-jointes (Boylesve).
J’ai l’honneur de vous transmettre ci-jointes la réclamation de M. le Capitaine, ma lettre à M. le Délégué et sa réponse (Stendhal).

Sans accord:

Les pièces que vous trouverez ci-joint.
J’ai l’honneur d’adresser ci-joint à Votre Excellence deux états descriptifs de la dernière foire de Sinigaglia
(Stendhal).
J’ai l’honneur de vous envoyer ci-inclus la déclaration que vous me demandez (Hugo).

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dimanche, octobre 19, 2008

Exercices de vocabulaire (terminale 3)

1. Pour chacun des mots de la colonne A, trouvez un synonyme dans la colonne B et un antonyme dans la colonne C. Ecrivez-les dans votre cahier.

A
se rassembler
réussite
joyeux
distrait
ouverture
fameux

B
succès
se réunir
heureux
inauguration
célèbre
étourdi

C
inconnu
appliqué
échec
clôture
se dissiper
malheureux

2. Ecrivez les noms qui correspondent aux infinitifs suivants.

s’entretenir –
appeler –
combiner –
signifier –
désirer –
chercher –
partager –
poursuivre –

3. Trouvez dans la liste suivante l’équivalent des mots en italiques (as, aussitôt que, agitation, retrouver, atout, diriger, liaison).

Cette ville a un gros avantage, elle bénéficie d’un climat doux.
Monsieur Durand tient, depuis deux ans, les rênes de cette affaire.
Tout le monde le connaît et l’admire, il est un champion du volant.
Il a mentionné la filiation qui existe entre tous ces événements culturels.
Je lui expliquerai tout, dès qu’il viendra
Ils se rejoignent à la gare ce matin, à huit heures.
J’ai compris leur émotion: c’était la fièvre du départ.

4. Complétez les points avec les homonymes convenables: fête – faites – faîte – faite; par – part – (je) pars; sans – sang – cent; fois – foie – foi; signe - cygne.

La partie la plus élevée d’un édifice s’appelle le ...
Il a été félicité pour son analyse bien ...
La promenade qu’ils ont ... a été vraiment agréable.
Il a eu ... spectateurs dans la salle de spectacles.
Ils ont quitté cette entreprise ... aucun regret.
Le médecin lui a recommandé une analyse du ...
Ils ont été accueillis ... leurs amis belges.
Ils nous ont fait ... de leurs impressions de voyage.
Si j’ai le temps, je ... à la montagne avec mes copains.
Vous m’avez fait ... de ne pas vous déranger.

5. a. Dégagez du texte le champ lexical du mot livre.

A l’issue de la rentrée littéraire, « Lire en fête » célèbrera durant trois jours le livre, la lecture et la création littéraire à travers quelque 4000 manifestations proposées gratuitement en France et dans 100 pays; il s’agit d’une démarche de dialogue et d’expression de la diversité culturelle qui s’adresse à tous les publics. Les acteurs de la « chaîne du livre » - auteurs, traducteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, associations et institutions – se mobiliseront pour organiser des milliers de manifestations.

b. Mettez en roumain le texte ci-dessus.

Solutions:

1.
se rassembler = se réunir ≠ se dissiper
réussite = succès ≠ échec
joyeux = heureux ≠ malheureux
distrait = étourdi ≠ appliqué
ouverture = inauguration ≠ clôture
fameux = célèbre ≠ inconnu

2.
entretien
appel
combinaison
signification
désir
recherche
partage
poursuite

3.
avantage – atout
tenir les rênes – diriger
champion – as
filiation – liaison
dès que – aussitôt que
se rejoindre – se retrouver
fièvre – agitation

4.
faîte
faite
faites
cent
sans
sang
par
part
pars
signe

5.
a.

rentrée littéraire
la lecture
la création littéraire
auteur
traducteur
éditeur
libraire
bibliothécaire

b.
La sfârşitul deschiderii stagiunii literare, « Lire en fête » va sărbători timp de trei zile cartea, lectura şi creaţia literară prin aproape 4000 de manifestaţii propuse gratuit în Franţa şi în 100 de ţări: este vorba despre un demers pentru dialog şi expresie a diversităţii culturale care se adresează tuturor categoriilor de public. Actorii “lanţului cărţii” – autori, traducători, editori, librari, bibliotecari, asociaţii şi instituţii – se vor mobiliza pentru a organiza mii de manifestaţii.

[source: Doina Gorza, Gina Belabed, Claudia Dobre, Diana Ionescu, Limba franceza, L2, manual pentru clasa a XII-a, Editura Corint, 2006, p. 38]

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Exercices de vocabulaire (terminale 2)

1. Complétez la signification des sigles ci-dessous avec les noms qui manquent.

ANPE ... nationale pour l’ ...
CDD ... à ... déterminée
DEA diplôme d’... approfondies
SMIC ... minimum interprofessionnel de ...
DEUG ... d’... universitaires générales
PDG ...-... Général

2. Donnez l’antonyme des adjectifs en italiques.

Je serais intéressée par un travail manuel que l’on peut faire chez soi.
Désolé, il n’y a aucun poste vacant pour le moment!
C’est son père qui lui a appris le dur métier de mineur.
Son retard a été sanctionné par le patron inflexible qui n’a pas voulu écouter ses explications.
Il avait toujours été un employé assidu à son bureau.
Monsieur Ducroix est un excellent ouvrier qui ne rechigne pas à l’ouvrage.
Si on n’a pas une qualification professionnelle, on accède difficilement à un emploi stable.
Comme il voulait continuer ses études, il a signé un contrat de travail à temps partiel.

3. Cochez la bonne case.

Ce n’est pas mon boulot.
a) je n’ai pas de métier
b) ce n’est pas à moi de le faire

Avoir du métier.
a) avoir un métier lucratif
b) avoir de l’expérience

Faire double emploi.
a) être inutile, superflu
b) avoir deux emplois en même temps

Travail de longue haleine.
a) qui exige du temps et de l’effort
b) qui dure tout le long du jour

Avoir un emploi du temps très chargé.
a) être chargé d’affaires
b) être très occupé

4. Dites quelle profession correspond aux situations suivantes.

Il étudie les traces des civilisations disparues. C’est un ...
Il vend des livres d’occasion. C’est un ...
Il dirige un lycée. C’est un ...
Il aide les gens à se comprendre, à mieux vivre avec eux-mêmes. C’est un ...
Il travaille dans la fonction publique. C’est un ...
Il occupe de la carrière et des intérêts d’un artiste. C’est un ...

5. Rayez le mot incorrect.

Notre entreprise recherche un informateur / un informaticien expérimenté dans l’administration et l’exploitation des bases de données.
L’égyptien / L’égyptologue est un spécialiste qui s’occupe des antiquités de l’Egypte ancienne.
Ce professeur enseigne / renseigne despuis plus de 20 ans.
Il s’est engagé / embauché à remettre son travail dans trois jours.

Solutions:

1.
Agence Nationale pour l’Emploi
contrat à durée déterminée
diplôme d’études approfondies
salaire minimum interprofessionnel de croissance
diplôme d’études universitaires générales
président directeur général

2.
manuel ≠ intellectuel
vacant ≠ occupé
dur ≠ facile
inflexible ≠ malléable
assidu ≠ fainéant
excellent ≠ médiocre
stable ≠ instable
partiel ≠ complét

3.
ce n’est pas à moi de le faire
avoir de l’expérience
être inutile, superflu
qui exige du temps et de l’effort
être chargé d’affaires

4.
archéologue
bouquiniste
proviseur
psychologue
fonctionnaire
imprésario

5.
(versions correctes)
un informaticien
l’égyptologue
enseigne
engagé

[source: Doina Gorza, Gina Belabed, Claudia Dobre, Diana Ionescu, Limba franceza, L2, manual pentru clasa a XII-a, Editura Corint, 2006, p. 26]

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Exercices de vocabulaire (terminale 1)

1. Rayez la variante incorrecte.

Quand ils se sont rencontrés, ils ont changé/échangé leurs impressions sur leur dernier voyage d’études en France.
J’ai trouvé le livre que je cherchais depuis des mois et à un prix très motivé/motivant.
Nous avons l’intention de mettre sur pied un projet, mais on ne s’est pas encore mis d’accord sur le thème, on doit y refléter/réfléchir.
Mes collègues préparent un débat sur les moyens modernes d’information/de renseignement.
La suite de son reportage pourra être lue dans le proche/prochain numéro de notre revue.

2. Indiquez le synonyme du mot fin dans chacun des contextes suivants: aboutissement, but, cessation, dénouement, limite, mort.

Il faut que tu termines ton travail avant la fin du mois.
J’ai aimé ce livre, la fin surtout me semble très originale.
Sa fin prématurée a consterné tous ceux qui le connaissaient.
Nous avons mené à bonne fin notre projet de classe.
La fin ne justifie pas toujours les moyens.
Une convention a été signée annonçant la fin des hostilités.

3. Complétez les phrases avec des mots de la famille du verbe associer (associatif, -ive; association; associativité; associé, -e; associationnisme; associationniste).

Il a le statut d’... majoritaire dans une entreprise privée.
Les lycéens ont créé des équipes au niveau européen avec d’autres jeunes travaillant sur le même thème écologique dans le cadre de l’... Jeunes Reporters pour l’Environnement.
C’est un projet commun qui implique des participants de plusieurs pays et qui ... travail collectif et approche individuelle.
Le Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Vie ... a présenté un projet de loi relatif au volontariat ... et à l’engagement éducatif.

4. Associez les mots en italiques à leur antonyme de la liste suivante: accessoire, turbulence, satisfait, aimable, différent, réussite.

Il a mal supporté son échec au concours d’admission.
« Clair » et « lumineux » sont des mots de sens proche.
Il est déçu de son résultat.
Son objectif premier était de donner suite à ce projet.
Il nous a reçus d’un air un peu distant.
Les élèves écoutaient avec sagesse les conseils du professeur.

Solutions:

1.
échangé
motivant
réfléchir
information
prochain

2.
limite
dénouement
mort
aboutissement
but
cessation

3.
associé
association
associe
associative
associationniste

4.
réussite
différent
satisfait
accessoire
aimable
turbulence

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mardi, août 05, 2008

Le Verbe et ses catégories

Chapitre 1. Statut morphosémantique du verbe
A. Le verbe dans les grammaires
B. Définition notionnelle et formelle
C. Classes grammaticales et lexicales

1. Classes grammaticales
1.1. Significatif / copule
1.2. Significatif / auxiliaire
1.3. Perfectif / imperfectif

2. Classes lexicales
2.1. Verbes d’action
2.2. Verbes de devenir (éventifs)
2.3. Les verbes d’état (statiques)

Chapitre II. Statut morphosyntaxique du verbe
A. Le Verbe dans la phrase
B. Les catégories verbo-nominales
1. Expression du nombre dans le code écrit et oral
2. Accord du verbe avec le sujet
3. Verbes impersonnels
C. Traits contextuels du verbe

Chapitre III. Les catégories verbales
A. Temps et temporalité
B. Mode et modalité
C. Aspect et aspectualité
D. Diathèse ou voix

La flexion et le système des formes

Chapitre IV. Flexion et types flexionnels
A. Structure morphologique du verbe
B. Formation des temps et des modes
C. Classes flexionnelles: verbes réguliers, irréguliers et défectifs

Chapitre V. Systématique verbo-temporelle du français contemporain
A. Le système des formes
B. Les périphrases prémorphologiques

Les temps de l’indicatif. Valeurs et emploi

Chapitre VI. Temps et énonciation
A. Le temps, catégorie
B. Déictiques et non-déictiques temporels
C. Temps du discours et temps de l’histoire
D. Valeurs grammaticales et effets de sens

Chapitre VII. Axe du présent
A. Le présent
B. Le passé composé
C. Futur simple et futur antérieur

Chapitre VIII. Axe du passé
A. L’imparfait
B. Le plus-que-parfait
C. Passé simple et passé antérieur

Chapitre IX. Discours rapporté et temps de perspective
A. Discours direct vs. discours indirect
B. Rapporter un énoncé au DI
1. Inclusion syntaxique
2. Changement de perspective
3. Concordance des temps

Chapitre X. Les formes en –RAIS dites “Conditionnel présent et passé”
A. Des valeurs temporelles aux valeurs modales
B. Emplois modaux des formes en –rais
1. Système hypothétique et conditionnel
2. Le conditionnel non corrélatif


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L'Etat et la langue française (par Manuel de Diéguez)

Si, du matin au soir l'empire romain avait diffusé sur les ondes des nouvelles fraîches de Titus, de Vespasien ou de Trajan, un latin châtié serait demeuré familier aux oreilles de province. Mais la prononciation correcte de cette langue se serait-elle perpétuée pour autant de la Bretagne à la Syrie? Nos récentes retrouvailles avec l'accentuation du latin de Cicéron nous donnent des CD désastreux, tellement le palais de Paris n'apprendra jamais que mécaniquement à rythmer une langue que nos écoliers et nos professeurs prononcent depuis des générations sur le ton monocorde qui n'appartient qu'au français. Quant à la prononciation retrouvée du grec de Périclès, elle demeure plus artificielle encore et d'une lenteur ridicule en raison de la difficulté de trouver des acteurs qui entendent ce qu'ils lisent. Du salon de Mme de Rambouillet à nos jours, la royauté, puis la République se sont attachées à "dégasconner" le français. Une nation est responsable de la grammaire de sa langue quand celle-ci se fait entendre vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur les cinq continents.

L'heure a sonné pour l'Etat de retrouver une politique de la langue. Car, dans moins d'un siècle, la multiplication des accents et des rythmes locaux sera devenue dramatique, et ce malgré la formidable puissance de sauvetage automatique de la langue dont dispose un monde de la parole soutenu par une mécanique, si la radio nationale nous fait entendre le français germanisé de Mulhouse ou chantant de Marseille, à l'image d'une Allemagne trop tardivement unifiée par Bismarck et qui fait passer tour à tour sur les ondes les derniers restes de la langue de Goethe et de Schiller à l'école de Cologne et des rudes gosiers des paysans de Bavière. Même disloqué, écartelé, naufragé, le salmigondis franco-allemand ne prononce pas variieren, desavouiren, cachieren, inakceptabel, sur le même ton dans tous les villages.

Une langue du savoir et de la culture dont l'écoute demeure mondiale a besoin d'une capitale centralisatrice afin d'universaliser son accent à l'échelle de la planète; sinon sa littérature se désagrège entre cent baragoins. Corneille est aussi ridicule dans des bouches vaudoises que les vers de Hölderlin dans une bouche bernoise. Quelles tonalités de la langue germanique s'enseignent-elles à Columbia ou à Harvard ? Celles de la province natale du professeur importé d'Allemagne. Le français de demain sera-t-il encore suffisamment parisien pour qu'on ne l'entende pas jargonner sous le déguisement de cent défroques ? Lucien de Samosate conservait des tonalités ioniennes et Démosthène se faisait corriger par des poissonnières du Pirée. La France affichera-t-elle bientôt un panculturalisme radiophonique qui pliera aux crus des villages une langue qui avait peiné trois siècles à trouver sa tonalité ? La prononciation unifiée d'une langue est tellement vitale qu'Erasme avait publié un traité de la prononciation du latin et s'était exercé à celle du grec ancien sous la férule des hellénistes d'Athènes de son temps, ce qui n'était pas le cas de Budé.

Pour l'instant, le français serait encore guérissable si seulement les quarante vieillards du Quai Conti avaient assez de sève pour adresser, au nom de leurs cheveux blancs, une rude et solennelle semonce à l'Etat afin qu'il mette fin d'autorité aux fautes de grammaire grouillantes sur les ondes. "Nous, diraient-ils, qui devons à un homme d'Etat et d'Eglise la conservation de tous les livres que publient nos libraires, nous qui, de siècle en siècle, formons les phalanges macédoniennes des chenus de la syntaxe et de la grammaire, notre tour est venu de donner nos ordres à la République. Voici nos trente premiers édits - d'autres suivront.

Nous décrétons :

1 - Que le chef de l'Etat devra informer toute la machine administrative qu'initier ne signifie pas débuter, mais instruire dans les mystères d'une religion ou dans les arcanes d'un savoir.

2 - L'Etat ambitieux d'impulser des réformes aura le devoir d'informer les organes responsables de la voix quotidienne de la nation et de la République que le verbe impulser est une invention anglaise et que la Gaule ne connaît que les substantifs impulsion et impulsivité, ainsi que l'adjectif impulsif.

3 - Nous voulons que l'Elysée rappelle la conjugaison du verbe partir aux porte-voix de la France sur les chaînes publiques : on ne part pas à Paris, mais pour quelque destination que ce soit.

4 - Nous ordonnons que le premier magistrat de la France interdise sur les ondes l'expression paysanne ce midi.

5 - Le chef de l'Etat dira aux Egéries qui siègent dans son gouvernement qu'il leur est permis de tomber malade, ou de leur haut, ou sur les ennemis, ou des nues, ou en disgrâce, ou dans l'erreur, et même à la renverse, mais non de tomber enceintes.

6 - Nous édictons par les présentes qu'on circulera à vélo, ou à motocyclette, parce que ces engins rappellent des montures.

7 - Une loi promulguera que le chef de l'Etat devra s'initier suffisamment aux Lettres pour rappeler à ses Ministres qu'on ne dit pas plus que quiconque, mais plus que personne.

8 - L'Académie exige la reconduite à la frontière du verbe nominer, qui écorche les oreilles de la nation; elle publiera, dans quelques jours, une liste des vocables étrangers présents sur le sol français et dont la dégaine défie ses ordonnances.

9 - Diantre, ce n'est pas parce que l'on rencontrera plus de mille fois ainsi avec l'inversion dans L'être et le néant d'un certain Jean-Paul Sartre que cette expression passera du néant à l'être. C'est aussi qui demande l'inversion. On dit ainsi, nous sommes…

10 - Nous vous ordonnons non moins fermement, M. le Président, de vous souvenir de ce qu'après appelle un verbe à l'indicatif: après qu'ils furent partis, et non le subjonctif, après qu'ils soient partis, parce qu'il s'agit d'une constatation et non d'une supposition.

11 - L'Académie française vous adjure, M. le Président de renoncer à l'hérésie du double partitif. On ne dit pas : C'est de cela dont il est question, mais c'est de cela qu'il est question.

12 - Nous le disons tout net : il vous faut cesser de dire par contre. On dit en revanche.

13 - Nous serons des pédagogues intraitables des règles de l'interrogation : vous ordonnerez aux radios et aux chaînes de télévision de cesser de dire à longueur de journée: "Qu'est-ce qu'il dit ?" En français, le questionnement s'exprime avec élégance : "Que dit-il ?"

14 - La grammaire française déteste le superfétatoire. Elle n'ajoute pas un mot de trop à ce qu'elle énonce. Elle proclame l'inutilité de souligner qu'on marche à pied.

15 - L'Etat ne saurait ignorer que débuter n'est pas un verbe transitif. On ne débute pas quelque chose.

16 - Savez-vous qu'on ne saurait se métamorphoser au point de dire : "Nous sommes mardi …" ? Dites seulement "C'est mardi…", et tout le monde vous croira.

17 - Savez-vous que votre politique ne s'articule par sur, mais avec ?

18 - Savez-vous qu'échanger ne signifie pas dialoguer ?

19 - Savez-vous qu'on ne dit pas ceci dit, mais cela dit ?

20 - Savez-vous que l'adjectif victorieux ne saurait céder le pas à vainqueur ?

21 - Au nom de toute l'Académie française, nous vous demandons avec gravité de frapper d'un arrêt d'expulsion immédiat : "Il en va de…" au lieu de "Il y va de…".

22 - Nous disons au chef de l'Etat que la négation courtoise fait partie des voilures et des cordages de la langue française et qu'il faut dire je ne veux pas et non je veux pas.

23 - Nous vous informons avec la plus grande fermeté, Monsieur le Président, qu'il vous appartient d'interdire dans nos écoles l'usage du verbe clôturer appliqué à des congrès ou à des conciliabules : en bon français, clôturer signifie poser une clôture.

24 - Monsieur le Président, la langue française connaît les substantifs maturité et maturation, mais non l'adjectif mature.

25 - Monsieur le Président, la France a ses brebis galeuses, mais elle n'a jamais vu de moutons noirs.

26 - Monsieur le Président, nous disons au printemps, mais en été, en automne, en hiver.

27 - Monsieur le Président, la langue française fait un grand usage du verbe casser et du substantif casse, tel casse-cou, casse-noisettes, casse-noix, casse-pierre, casse-pipes, casse-poitrines, casse-pattes ; mais se casser se dit d'un navire dont la quille se courbe.

28 - On ne dit pas un tel, retour de, mais de retour.

29 - Ce sont les armées qui battent en retraite. Les travailleurs vont à la retraite.

30 - On ne dit pas : Il faut mieux, mais : Il vaut mieux.

Conclusion

Au nom du Cardinal qui, depuis quatre siècles, nous réunit tous les jeudis au Quai Conti, nous vous informons, M. le Président, qu'il entre dans les responsabilités attachées à votre charge de congédier par décret les laquais et les valets de l'étranger qui habillent notre vocabulaire de la livrée de leur maître. Il faut que le vrai français ait une tête et une seule. Les Espagnols Martial, Quintilien, Sénèque, Trajan, Vespasien, Hadrien ne parlaient pas un latin espagnolisé, mais ajoutaient des titres de gloire à la langue de Cicéron et de Tacite. Ne disloquez pas le français, ne le délocalisez qu'afin de l'unifier davantage sur toute la terre, parce qu'un idiome éparpillé perd son sceptre. L'Empire romain l'a appris à ses dépens, puisque le latin n'a retrouvé sa pureté de la Renaissance jusqu'au XVIIè siècle qu'à la suite de sa régénération la plus vigoureuse sous la plume indignée des Laurent Valla et des Erasme.

Votre titre de protecteur de l'Académie française comporte des attributs attachés à votre charge par nature, parce que la transmission mécanique de la parole est devenue l'arme de son ubiquité. Si Richelieu revenait parmi nous, il substituerait la collaboration de la monarchie avec des représentants qualifiés de la langue de la raison à celle des capétiens avec l'Eglise. Votre devoir est de vous élever à la dignité d'une magistrature dont les arrêts s'imposeront à la classe dirigeante, parce que l'éducation nationale a besoin qu'une tête la conduise sur les chemins où la pensée et la grammaire scellent alliance.

Parallèlement à votre premier vœu de mettre les langues régionales à parité avec le français et donc de leur accorder le même rang constitutionnel qu'à l'idiome de la nation, votre Ministre de l'instruction publique voudrait abolir l'"aberration française" que l'apprentissage universel de l'art de raisonner juste serait devenu et, par conséquent, de supprimer l'enseignement de la philosophie dans les lycées. Mais une civilisation qui a cessé depuis trois siècles d'écouter la "parole de vérité" d'une autre bouche que de celle de la raison, une civilisation qui n'entend plus laisser les hommes de l'autel légiférer au nom d'une autorité transcendante à celle qu'exerce l'entendement humain, une civilisation qui a substitué la voix de l'intelligence à celle de tous les clergés n'habitera un ciel des élévations plus éclairant que celui des Eglises que s'il arme ses phalanges du savoir des feux et des illuminations de la lucidité. La France est au premier rang des guerriers de l' alliance de la langue avec la rigueur intellectuelle.

Quand la raison est une barque à la dérive, c'est la nation qui fait eau de toutes parts. Un panculturalisme décérébré menace désormais la cohérence interne du français, parce qu'on ne saurait ouvrir les yeux sur un monde que la logique du discours a cessé de charpenter. Pour éduquer des connaisseurs de la vitalité de la langue française, souvenez-vous de ce que la parole architecturée d'une main de fer par la pensée est le baromètres qui permet aux civilisations non seulement de connaître leur température, mais la place qu'elles ont conquise à la force du poignet entre leurs premiers balbutiements et leur sépulcre. La langue française est la messagère d'une humanité en marche. Sa trajectoire est celle de sa voix dans l'histoire du monde. L'oublier, ce serait cesser d'armer la tête de la France.

Monsieur le Président, nous ne sommes pas des agents du service de sécurité du vocabulaire, nous ne sommes pas des policiers de la syntaxe, nous ne mettons pas la langue sous scellés, nous sommes les sentinelles de la vaillance d'une civilisation, parce que nous savons qu'une langue privée de son cardage perd contenance, fragilise les cervelles et les livre au chaos. C'est pourquoi notre vocation ordonne à tous les gouvernements de la France de se souvenir que notre langue a écrit une histoire dont le trône s'appelle le génie de la nation.

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Abd al-Malik - L'Alchimiste





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dimanche, août 03, 2008

Le verbe dans la grammaire (notes de cours)

1. Dans la grammaire aristotélicienne, la distinction entre nom et verbe repose sur des critères d’ordre logique: l’un dénomme des substances ou des entités, l’autre prédique les propriétés accidentelles de celles-ci. L’un fournit le sujet et l’autre, le prédicat du jugement, la complémentarité des deux fonctions étant la condition sine qua non d’une bonne structuration logique de la phrase.

L’importance accordée au verbe en tant qu’élément indispensable à la formulation d’un jugement se reflète dans la terminologie utilisée en grammaire pour désigner cette partie du discours. Le nom grec rhema signifie non seulement “verbe” mais aussi “mot”, “parole”, de même que son équivalent latin verbum, dont les descendants roumain (verb) et français (verbe) ont gardé les deux sens.

La grammaire de Panini offre sur ce point une parfaite analogie avec les grammaires grecque et latine: padám désignait en sanscrit aussi bien le verbe que le mot en général.

Le rôle capital que joue le verbe dans l’organisation syntaxique et sémantique de la phrase est unanimement reconnu par les grammairiens: selon Sextil Puşcariu (1940), “verbul e sâmburele frazei” (le verbe est le noyau de la phrase) et selon Lucien Tesnière (1953), “le verbe est le nœud des nœuds”.

Mais alors que la fonction de dénomination était dévolue chez Platon et Aristote au seul substantif, la fonction de prédication incombait non seulement au verbe mais aussi à l’adjectif. Ainsi dans:

Claudine s’en va
Le livre est sur le pupitre
La vie est courte


Claudine, le livre, la vie désignent des êtres ou des choses, tandis que s’en va, est sur le pupitre, est courte constituent des prédications d’action, de lieu et de qualité sur les entités en question.

2. A partir du moyen âge, on établit entre le verbe et l’adjectif une distinction aussi nette qu’entre le verbe et le substantif. Mais les définitions notionnelles qu’on en donne ne sont pas toujours à même d’étayer ces distinctions: les noms dénotent des êtres ou des choses, les adjectifs, des qualités, et les verbes, des actions et des états. Mais comme le remarque à juste titre J. Lyons (1970), la différence entre qualité et état est moins tranchée que celle entre état et action: est-ce que savoir, exister, heureux, jeune désignent des états ou des qualités?

D’autre part, il y a des substantifs qui semblent dénoter des qualités plutôt que des entités (beauté, petitesse, tolérance), alors que le dénotatum de séjour, existence, course, départ semble tenir non pas de l’entité mais plutôt de l’état ou de l’action.

Entre les catégories sémantiques d’entité, de qualité, d’action ou d’état et les catégories lexico-grammaticales de substantif, d’adjectif et de verbe il n’y a pas de correspondance parfaite, loin de là. “Les parties du discours n’empiètent pas seulement les unes sur les autres, dit E. Sapir, mais elles sont susceptibles d’échanger leurs identité”. Il en conclut qu’une partie du discours “ne reflète pas tant notre conception intuitive de la réalité que notre aptitude à réduire cette réalité en une variété de systèmes de formes”.

Le conflit entre critères notionnels et critères formels, qui a jalonné toute l’évolution de la pensée grammaticale et que le débat entre modèles hérités de la logique classique et modèles issus du structuralisme n’a fait que relancer au XXe siècle, trouve dans le verbe un de ses terrains favoris d’action. Ainsi, selon G. Guillaume (1929), promoteur d’une conception « psychosystématique » de la langue, la différence entre l’infinitif marcher et le substantif marche consiste en ce que la forme verbale implique une tension, c’est du procès à l’état latent, tandis que le nom c’est l’idée de procès dénuée de toute tension.

Suivant E. Référovskaïa et A. Vassiliéva (1964), le substantif déverbal fournit une représentation notionnelle du phénomène en question (action ou état), qui se voit ainsi dépourvu de toute assise temporelle ou personnelle: la marche, la lecture. Le verbe représente l’action ou l’état comme un processus situé dans le temps et accompli par un agent et ceci, grâce à un système spécifique de marques.

Ches les tenants du structuralisme, les critères formels se substituent complètement aux critères sémantiques, tarés de non pertinents. Pour Edward Sapir, représentant du descriptivisme américain, « une partie du discours mise en dehors des restrictions de la syntaxe n’est qu’une vapeur insaisissable. Tout dépend des démarcations qu’on reconnaît entre les formes ». Pour André Martinet, promoteur du « fonctionnalisme », la distinction entre nom et verbe ne recouvre pas une différence réelle. Pluie et pleuvoir ne traduisent pas deux conceptions différentes d’un même phénomène. Ce sont là « deux formes linguistiques distinctes dont le choix est déterminé par le contexte: a pluie continue et il pleut sans arrêt ».


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jeudi, juillet 24, 2008

Lettre à un futur bachelier

Lumière sur les métiers du livre et de l’image

De nombreuses personnes, en l’occurence [1] les bacheliers [2], s’interrogent sur les options qu’ils vont prendre pour continuer leurs études. Je me suis moi-même posé ces questions. Ce qui me tient à cœur dans cet article, c’est de vous faire découvrir un secteur qui mérite vraiment votre attention et qui retiendra peut-être votre choix...

Les métiers de l’image et du livre sont malheureusement peu connus. Ce secteur offre pourtant des possibilités de carrière non négligeables. L’ensemble des métiers regroupés dans ce secteur se retrouve intimement lié dans une organisation que l’on nomme chaîne graphique.

En amont [3] de la chaîne se trouvent les métiers de la création (Formation en arts appliqués). Les créateurs travaillent en étroite collaboration avec le client afin de [4] mettre en forme une échauche [5] (Rough) de l’objet graphique (Livre, brochure, dépliant...) que le client souhaite compétence. Les créateurs doivent savoir manier les outils de retouche d’images, la photographie, le dessin à main levée, les règles typo et de mise en page. Une fois que le client a validé une maquette le second intervenant est le secteur prépresse. Le but de ce secteur est de transformer une maquette en un boulot [6] totalement imprimable. Dans ce secteur, un nombre assez impressionnant de métiers interviennent. Les techniciens connaissent parfaitement les procédés d’impression, les techniques de retouche d’image, de mise en page et les outils réalisent les souhaits du créateur à partir d’un briefe [7] et de la maquette.

D’autres métiers interviennent dans ce secteur, les relecteurs (Formation littéraire), les photographes (Bac pro et diplôme spécialisé)...

Une fois que la forme imprimante est prête, le travail passe au secteur impression. Un fabricant (Bac spécialisé: production graphique) met en place tous les éléments nécessaires à l’impression de l’ouvrage (Achat d’une prestation d’impression, choix des matières papier et encres et commande de l’ensemble des prestations). Au cours de l’impression, le fabricant est le garant de la qualité de l’ouvrage (Requiert beaucoup de technicité). C’est lui qui s’assure de la bonne marche de la production, dans certains cas de la création à la livraison et plus couramment du prépresse à la livraison.

Dans le domaine de l’impression et du façonnage, de nombreux métiers existent comme conducteur de machine d’impression (Bac professionnel), brocheur [8], façonnier...

Il y aurait tellement à dire. Je ne peux pas monopoliser votre temps sous risque de vous endormir. Je conclurai par vous dire que les métiers du livre et de l’image offrent à tous les niveaux (BAC pro ou BAC général) la possibilité de s’épanouir [9] et de s’éclater. Je le conseille d’autant plus à ceux qui ont une véritable sensibilité et à ceux à qui une remise en cause perpétuelle ne fait pas peur.

Notes:

[1] en l’occurrence – dans le cas présent;

[2] bachelier (n.m.) – titulaire du baccalauréat;

[3] en amont – au-dessus de; ≠ en aval;

[4] afin de – pour;

[5] ébauche (n.f.) – (fam.) briefe (voir aussi 7);

[6] boulot (n.m.) – (fam.) travail;

[7] briefe (n.m.) – croquis, esquisse, essai;

[8] brocheur (n.m.) – ouvrier dont le métier est de brocher des livres;

[9] (s’)épanouir (v.II) – se développer

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dimanche, juillet 13, 2008

Les professionnels

Une grande dame du journalisme français

Du journalisme, Françoise Giroud disait: « C’est là où bat le cœur du monde. » Martine de Rabaudy, qui avait signé en 2001 avec elle un livre intitulé Profession journalisme, raconte ici l’itinéraire d’une passionnée.

La passion pour le journalisme, elle la doit, au départ, plus aux circonstances qu’à une détermination: « Je venais du cinéma, où j’avais été script-girl, puis assistante et dialoguiste de Jean Renoir. J’écrivais alors de petits contes pour gagner ma vie. Je les ai présentés à Hervé Mille, le directeur de la rédaction de Paris Soir qui m’a engagée pour rédiger des articles sur le milieu du spectacle. »

Mais c’est avec Hélène Lazareff, fondatrice de Elle qu’elle va trouver sa voie. Nommée rédactrice en chef, son style, son ton, ses convictions vont transformer la conscience des lectrices du magazine. A Elle, Françoise Giroud engage son premier combat pour les femmes, qui devient plus tard, dès 1974, la définition même de sa mission de secrétaire d’Etat à la Condition féminine auprès de Valéry Giscard d’Estaing.

Sa rencontre avec Jean-Jacques Servan-Schreiber, journaliste de politique étrangère au Monde et à Paris-Presse le fait quitter Elle. Le 16 mai 1953 paraissait le premier numéro de L’Express. Quand Servan-Schreiber est rappelé sous les drapeaux, le journal est laissé aux seules mains d’une femme. Giroud fait preuve de ténacité et professionnalisme. Vingt années, de 1953 à 1974, Françoise Giroud sera l’exemple unique dans la presse d’une femme à la tête d’un newsmagazine. Patronne exceptionnelle, aux dires de ceux à qui elle a enseigné le métier. Elle aimait à préciser: « On ne dirige pas les journalistes, il s’agit de les stimuler, de leur inspirer confiance. On leur transmet ce que l’on sait. L’écriture ne s’apprend pas, elle se travaille. »

En 1977, elle quitte le journal qu’elle a créé et dirigé plus de vingt ans, L’Express, pour se dédier à l’écriture romanesque. Elle publie un récit lucide et cruel, La Comédie du pouvoir, qui rencontre le succès et un nouveau public, qui ne la quittera plus. Vingt livres suivront: biographies, mémoires, romans (Ce que je crois, Le bon plaisir, Les taches du léopard).

Ecrire des livres à succès n’avait pour autant jamais compensé la souffrance de ne plus érire régulièrement dans un journal. C’est pourquoi, quand en 1982 Jean Daniel lui propose la rubrique télévision du Nouvel Observateur, elle accepte avec bonheur. Cette rubrique lui permettait de commenter l’actualité politique, sociale et internationale. Elle avait fait sienne cette phrase de son très cher Paul Valéry: « J’ai beau faire, tout m’intéresse. »

J’ignorais qu’elle avait 86 ans. J’aimais sa vivacité et la hauteur de son esprit. Ce qu’elle a été pour nous? De l’intelligence, du courage, du style, mais aussi de l’élégance.

(d’après Le Nouvel Observateur)

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Apprendre la mode

L’expression école de mode paraît claire, mais englobe pourtant différents styles d’enseignement. La formation « de mode » a en effet la particularité de mêler création et technique, deux pôles qui ne sont pas indissociables. La base de la technique doit bien sûr être acquise, mais il n’est pas nécessaire d’être un couturier émérite pour faire une belle carrière dans la mode. Comme il n’est pas indispensable de savoir dessiner pour coudre parfaitement...

La plupart des cursus proposent des formations de stylisme et de modélisme (en privilégiant plus ou moins l’un ou l’autre domaine). Le stylisme est la création du vêtement et de l’accessoire et le modélisme la traduction fidèle des deux dimensions du dessin aux trois dimensions du prototype.

Plusieurs connaissances sont alors nécessaires, du patronage à la coupe et à la couture. Si la première formation attire beaucoup de jeunes par son côté artistique et le rêve qu’il procure (mettre son nom sur une étiquette...), peu sont très charmés par la dimension technique de la deuxième. En effet, le côté glamour des défilés entrevus à la télé cache largement la réalité du métier qui demande talent, passion, persévérance et nécessite un amour du travail bien fait, une patience et un sens du détail sans cesse en éveil. Comme tant d’autres disciplines dites manuelles, les métiers de la couture n’ont pas énormément de succès.

Un diplôme a plus de valeur pour ce qu’on a appris de la personnalité qui l’accompagne, qu’en tant que garantie d’emploi. Même s’il sert, dans certains cas, de sésame pour entrer dans les grandes maisons. Si vous avez envie de vous lancer dans l’aventure, vous pourrez aussi bien ouvrir une boutique dans votre quartier et développer une clientèle sur mesure que vous lancer à l’assaut des maisons de couture étrangères, ou encore vous faire engager dans une société commerciale, créer votre label et le vendre aux quatre coins du monde. Comme coudre des vêtements de poupée pour les petites filles...

Etre créateur de mode, c’est un peu comme être musicien: quand on connaît la musique, on peut aussi bien jouer le samedi soir à la maison, dans une fanfare de village que dans un orchestre symphonique, graver son album à la maison ou signer avec une grande maison de disque, préférer les Francofolies au Palais des Beaux-Arts ou partir tenter l’aventure à Paris ou à New-York...

(d’après Véronique Heene, « Apprendre la mode », Wallonie/Bruxelles no 87, septembre 2004)

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Lettre à une élève

Votre lettre m’a effrayée. Si vous persistez à avoir pour principal objectif de connaître toutes les sensations possibles – car, comme état d’esprit passager, c’est normal à votre âge – vous n’irez pas loin. J’aimais bien mieux quand vous disiez aspirer à prendre contact avec la vie réelle. Vous croyez peut-être que c’est la même chose; en fait, c’est juste le contraire. Il y a des gens qui n’ont vécu que de sensations et pour les sensations; André Gide [1] en est un exemple. Ils sont en réalité les dupes de la vie, et, comme ils le sentent confusément, ils tombent toujours dans une profonde tristesse où il ne leur reste d’autre ressource que de s’étourdir en se mettant misérablement à eux-mêmes. Car la réalité de la vie, ce n’est pas la sensation, c’est l’activité, j’entends l’activité et dans la pensée et dans l’action. Ceux qui vivent de sensations ne sont, matériellement et moralement, que des parasites par rapport aux hommes travailleurs et créateurs, qui seuls sont des hommes. J’ajoute que ces derniers, qui ne recherchent pas les sensations, en reçoivent néanmoins de bien plus vives, plus profondes, moins artificielles et plus vraies que ceux qui les recherchent. Enfin la recherche de la sensation implique un égoïsme qui me fait horreur, en ce qui me concerne. Elle n’empêche évidemment pas d’aimer, mais elle amène à considérer les êtres aimés comme de simples occasions de jouir ou de souffrir, et à oublier complètement qu’ils existent par eux-mêmes. On vit au milieu des fantômes. On rêve au lieu de vivre.

En ce qui concerne l’amour, je n’ai pas de conseils à vous donner, mais au moins des avertissements. L’amour est quelque chose de grave où l’on risque souvent d’engager à jamais et sa propre vie et celle d’un autre être humain. On le risque même toujours, à moins que l’un des deux ne fasse de l’autre son jouet; mais en ce dernier cas, qui est fort fréquent, l’amour est quelque chose d’odieux. Voyez-vous, l’essentiel de l’amour, cela consiste en somme en ceci qu’un être humain se trouve avoir un besoin vital d’un autre être, besoin réciproque ou non, durable ou non, selon le cas. Dès lors le problème est de concilier un pareil besoin avec la liberté, et les hommes se sont débattus dans ce problème depuis des temps immémoriaux. C’est pourquoi l’idée de rechercher l’amour pour voir ce que c’est, pour mettre un peu d’animation dans une vie trop morne, me paraît dangereuse et surtout puérile. Je peux vous dire que quand j’avais votre âge, et plus tard aussi, et que la pensée de chercher à connaître l’amour m’est venue, je l’ai écartée en me disant qu’il valait mieux pour moi ne pas risquer d’engager toute ma vie dans un sens impossible à prévoir avant d’avoir atteint un degré de maturité qui me permette de savoir au juste ce que je demande en général à la vie, ce que j’attends d’elle. Je ne vous donne pas cela comme un exemple; chaque vie se déroule selon ses propres lois. Mais vous pouvez y trouver matière à réflexion. J’ajoute que l’amour me paraît comporter un risque plus effrayant encore que celui d’engager plus aveuglément sa propre existence; c’est le risque de devenir l’arbitre d’une autre existence humaine, au cas où on est profondément aimé. Ma conclusion (que je vous donne seulement à titre d’indication) n’est pas qu’il faut fuir l’amour, mais qu’il ne faut pas le rechercher, et surtout quand on est très jeune. Il vaut bien mieux alors ne pas le rencontrer, je crois.

(d’après Simone Veil, La condition ouvrière (XXe)

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Génération vidéophone

Avec le visiophone, téléphoner devient une affaire d’image

Les scènes de dialogues ordinaires autour du visiophone: « Allô, tu vas bien? » - « Oui, regarde comme j’ai bonne mine! » Variante pessimiste: « Allô? Dis donc t’en tires une drôle de tête, aujourd’hui! » A peine imaginaires, ces échanges révèlent un véritable changement dans notre rapport au téléphone. La voix, matière première de nos conversations téléphoniques, s’enrichit désormais de l’image.

Cela n’a l’air de rien. Après tout, ceux qui ont une web-cam peuvent depuis longtemps, grâce à la voix sur IP [1], parler tout en étant vu et en regardant leur interlocuteur. Avec tous les bénéfices que l’on peut imaginer: pallier l’éloignement d’un proche grâce à l’image, montrer des documents... Pour la grande majorité des abonnés au téléphone, l’arrivée de la vidéo dans l’univers de la téléphonie fixe s’apparente à une petite révolution. « L’idée n’est pas nouvelles, mais aujourd’hui les technologies pour le faire sont mûres », explique Denis Guibard, directeur du programme « videophony » ches France Télécom, premier opérateur français à proposer la visiophonie.

Le service « Ma ligne visio » fonctionne avec l’ADSL [2]. A la différence de l’Internet rapide, le débit de 512 Kb est ici partagé en deux, afin d’offrir en entrée et en sortie un débit de 256 Kb, gage d’une bonne qualité d’image pour les deux visionautes.

Nul besoin d’être abonné à Internet pour bénéficier du service. La visiophonie fonctionne comme une deuxième ligne téléphonique avec un numéro spécifique (préfixe 087). « 76% de nos lignes sont éligibles pour la visiophonie », précise France Télécom. Pour ceux qui ont déjà un abonnement au Web à haut débit, il est en revanche nécessaire d’être client de Wanadoo pour bénéficier du service.

Deux modèles de visiophone sont disponibles. Le L8772, très classique, et notre préféré, le L8882, au design beaucoup plus tendance. Quitte à adopter un service nouveau, autant que l’objet qui va avec puisse épater le visiteur, non?

Sur ce modèle, le socle accueille les touches de numérotation. L’écran, surmonté de la caméra, pivote comme le clapet d’une console de jeux double écran. Le combiné se branche sur le côté. Bien que le visiophone soit doté d’une fonction « mains libres », le combiné reste très utile pour discuter discrètement sans que toute la maisonnée soit au courant.

Sa présence rappelle aussi que « le visiophone est avant tout un téléphone », souligne Denis Guibard. De fait, on peut l’utiliser pour appeler indifféremment un poste fixe, un mobile et, bien entendu, un autre visiophone. Que ceux qui ont expérimenté la visiophonie sur mobile UMTS [3] se rassurent: les images transmises par le visiophone sont d’une grande fluidité, même en mode plein écrain. Et pas besoin de se coller au viseur de la caméra. L’angle de prise de vue autorise un recul suffisant pour se tenir à plusieurs dizaines de centimètres de l’objectif.

Par ailleurs, chaque utilisateur est libre d’accepter ou non la visiophonie. Une touche permet de couper à tout instant le flux vidéo. Une arme à double tranchant. Car refuser que l’autre vous voie signifie forcément quelque chose et risque d’alimenter la curiosité de votre interlocuteur. Voilà un nouveau champ d’investigation très intéressant qui s’ouvre pour les sciences cognitives et la sociologie!

Le visiophone permet aussi de laisser des messages vidéo. Ils sont consultables à partir d’un portable Orange – en attendant des accords avec SFR [4] – ou d’un ordinateur avec Wanadoo visio.

Relié à un appareil photo numérique, le visiophone se fait également diffuseur d’images externes. Et comme l’opérateur historique n’oublie pas qu’il a un jour inventé le Minitel, des services de contenus vidéo à la demande (météo, infos...) sont accessibles avec une tarification spéciale.

(d’après Guillaume Fraissard, Le Monde)

Notes:

[1] IP – Internet Protocol Address

[2] ADSL – Asymmetric Digital Subscriber Line (Ligne d’abonné numérique à débit asymetrique)

[3] UMTS – Universal Mobile Telecommunications System (Système numérique de téléphonie mobile)

[4] SFR – Société Française de Radiotéléphonie.

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mercredi, juillet 09, 2008

L’amitié

Dans le jeune homme, deux instincts se combattent comme chez les oiseaux: c’est celui de vivre en bande et celui de s’isoler avec sa petite oiselle. Mais le goût de la camaraderie est longtemps le plus fort. Pour les jeunes gens, demeurer seul dans une chambre, c’est justement la seule épreuve qui leur paraisse insupportable; ainsi les voyez-vous s’attendre, s’appeler, s’abattre sur les bancs du Luxembourgs comme des pierrots, s’entasser dans les brasseries ou dans les bars. Ils n’ont pas encore de vie individuelle; ce sont ceux qui ont dû inventer l’expression « se sentir les coudes ». La vie collective en eux circule par les coudes. Comme la vie des moineaux en pépiements, celle des jeunes hommes se passe en conversations. [...]

La camaraderie mène à l’amitié: deux garçons découvrent entre eux une ressemblance: « Moi aussi... C’est comme moi... » tels sont les mots qui d’abord les lient. Voilà leur semblable enfin, avec qui s’entendre à demi-mot. Sensibilités accordées! Les mêmes choses les blessent et les mêmes les enchantent. Mais c’est aussi par leur différences qu’ils s’accordent: chacun admire dans son ami la vertu dont il souffrait d’être privé.

Peut-être ont-ils aimé déjà; mais que l’amitié les change de l’amour! Peut-être l’amour n’a-t-il rien pu contre leur solitude ou s’étaient-ils trouvés seuls en face d’un être mystérieux, indéchiffrable, d’un autre sexe – c’est-à-dire d’une autre planète. Car il arrive que la complice la plus chère ne parle pas notre langue et mette l’infini là où nous ne voyons que bagatelles. En revanche, rien de ce qui compte pour nous ne lui importe et notre logique lui demeure incompréhensible. La personne aimée est quelquefois un adversaire hors de notre portée, incontrôlable. C’est pourquoi l’amour se confond avec jalousie: qu’il est redoutable, l’être dont toutes les démarches nous surprennent et sont pour nous imprévisibles! De cette angoisse, Proust a composé son œuvre.

Dans l’amitié véritable, tout est clair, tout est paisible; les paroles ont un même sens pour les deux amis. Chacun sait ce que signifie respect de la parole donnée, discrétion, honneur, pudeur. Le plus intelligent rend ses idées familières au plus sensible; et le plus sensible lui ouvre l’univers de ses songes. Le bilan d’une amitié, c’est presque toujours des livres, une musique, une philosophie que nous n’eussions pas été capables d’aimer seuls. Chacun apporte à l’autre ses richesses. Faites cette expérience: évoquez les visages de votre entourage, interrogez chaque amitié: aucune qui ne représente une acquisition. Celui-là m’a prêté un bon livre, cet autre m’a aidé à déchiffrer la musique classique, avec celui-là, je fus à une exposition d’art... et mes yeux s’ouvrirent comme ceux de l’aveugle-né.

Mais les jeunes hommes sont redevables les uns aux autres d’acquisitions plus précieuses: le souci de servir une cause, et cela est particulier à la jeunesse dès qu’elle se groupe! Tous les mouvements sociaux, politiques, religieux ont marqué notre époque dans la mesure où ils ont été des « amitiés ». Dès qu’ils ne sont plus des amitiés, c’est le signe que la jeunesse s’en retire; alors ils deviennent des « partis »: une association d’intérêts; l’homme mûr y remplace le jeune homme. Nos jeunes amours ne nous ont-elles aussi enrichis et instruits? N’empêche que l’héritage de nos amours est plus trouble que celui de nos amitiés.

(d’après François Mauriac, Le Jeune homme)

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L’école à la petite semaine

Depuis la rentrée 1994, 16% des écoliers français étudient au rythme de la « semaine de quatre jours ». Cette formule, censée mieux correspondre à la capacité d’attention des étudiants, est loin de faire l’unanimité.

16% des écoliers français ont fait leur rentrée plusieurs jours avant les autres. Tous appartiennent à des écoles qui ont adopté ce système à la mode, « la semaine des trois dimanches ». Une expression sans doute plus jolie que « la semaine des quatre jours », plus apte en tous cas à faire passer la pilule. Car le débat sur les rythmes scolaires continue de faire des remous. [...]

Dans le camp favorable à « la semaine de trois dimanches », beaucoup de parents, désireux de profiter d’un vrai week-end avec leurs enfants, et des enseignants. Un argument pour eux: l’enquête menée par l’association « L’école pour demain » auprès de 10 000 enfants. Elle révèle que l’attention des élèves est meilleure le lundi et le jeudi et qu’en outre elle est meilleure après une coupure de 48 heures le week-end, plutôt que de 36 heures. Ces conclusions vont à l’encontre des travaux des chronobiologistes [1] qui ont démontré depuis des années que le lundi était un mauvais jour pour les écoliers. En revanche, on n’a pas encore étudié les incidences selon les différentes catégories socioprofessionnelles. Or ces résultats pourraient se révéler intéressants. Car les adversaires de la semaine des quatre jours dénoncent le risque d’augmentation des inégalités sociales.

Que feront-ils donc de tout ce temps libre les élèves des écoles de banlieue où la rue et la télé leur tient déjà lieu d’occupations principales le mercredi [2]? C’est la question qu’on se pose. Mais on estime qu’ « il ne peut y avoir de modèle unique. Dans certains quartiers défavorisés, il faut que les collectivités locales et les associations prennent le relais de l’école. Sinon la suppression d’un jour d’école accentuera encore les clivages [3] ».

Autre argument des adversaires de la semaine des quatre jours, une enquête de la direction de l’évaluation et de la prospection du ministère de l’Education nationale qui montre une chute significative de l’enseignement des matières d’éveil au profit du français et des mathématiques. Résultat: si les élèves peuvent avoir de meilleurs résultats dans ces disciplines, c’est aux dépens [4] du reste. Pire que tout selon eux, la semaine des quatre jours ne s’attaque pas au vrai problème, celui des journées d’étude trop longues. Etre attentif du matin au soir est pour les étudiants, peu importe l’âge, une gageure [5] impossible à tenir et, sur ce point, toutes les études se rejoignent. Des journées moins lourdes entraîneraient moins de fatigue, donc moins de temps de récupération, donc une moindre nécessité de vacances. Mais voilà, elle supposerait que le programme des parents soit aussi modifié, pour qu’ils ne comptent plus sur les seuls week-ends « pour enfin profiter de leurs enfants. »

(d’après N. de S., Libération)

Notes:

[1] chronobiologistes: spécialistes des rythmes biologiques;

[2] mercredi: demi-journée libre (sans cours), traditionnellement;

[3] accentuer les clivages: accentuer les inégaliés;

[4] aux dépens de: au détriment de;

[5] une gageure: un pari à tenir, un défi à relever.

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La vie au lycée

Un établissement scolaire est un milieu conçu et organisé par les adultes pour transmettre à leurs successeurs leurs connaissances qu’ils estiment indispensables. Mais, pour les jeunes qui le fréquentent, c’est aussi tout autre chose: c’est un lieu de vie et de rencontres. C’est l’endroit où se passe le plus clair de leur temps. Or, la vie d’un jeune ne se réduit pas à l’acte d’apprendre. Il y a tant de choses à découvrir – ou à craindre – à cet âge... Or, cette dimension – essentielle – de la vie des adolescents n’est nullement prise en compte par le lycée. [...]

Une étude récente montre que, parvenus en troisième, les élèves ont une très forte réaction de rejet à l’égard de l’établissement: ils ne s’y sentent plus bien, en critiquent la discipline, estiment qu’il n’y a pas assez d’activités extrascolaires et qu’on ne tient pas assez compte de leur avis. A l’inverse, de la sixième à la troisième, ils estiment que l’entente entre les élèves s’est améliorée et que la solidarité a progressé.

Ainsi, du point de vue des élèves, ce qui est positif dans ce bilan de quatre années, c’est l’expérience de relations nouvelles entre camarades, beaucoup plus que les rapports avec les institutions (que ce soit le lycée ou les professeurs). Alors que le milieu éducatif où ils sont immergés est exclusivement mobilisé pour la formation intellectuelle, ce qui, pour eux, a compté, c’est l’apprentissage de la vie en commun, l’expérience collective. Curieux décalage entre les ambitions des uns et les désirs des autres, entre la théorie et la réalité. Il est certes légitime qu’une institution éducative ait pour premier objet de former les esprits et de transmettre un savoir. Mais peut-elle espérer atteindre son but si elle ignore à ce point les aspirations profondes des élèves? Poser ces questions est plus aisé que d’y répondre. Les échecs des tentatives diverses, faites ces dernières années, montrent qu’il ne suffit pas de créer un « foyer » ou de multiplier les délégués et les conseils de classe pour faire participer davantage les élèves et répondre à leur désir d’autonomie. C’est toute l’organisation de l’établissement, la répartition du temps et de l’espace, le partage des responsabilités qui demanderaient à être modifiés pour que, progressivement, les élèves cessent d’être des usagers passifs – et vindicatifs – et deviennent des partenaires et des acteurs.

(d’après Frédéric Gaussen, Le Monde-Dimanche)

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samedi, juillet 05, 2008

Dans chaque Français, il y a deux Français

On dit que « dans chaque Français, il y a deux Français » : celui qui ne veut pas d’histoires et celui qui a de grandes idées ». D’où ce trait éminemment hexagonal qui agace – surtout les Anglais – ou séduit ses voisins : notre concitoyen est avant tout paradoxal. Etymologiquement : il se comporte contre toute attente. L’affuble-t-on du béret basque qu’il revendique le bonnet phrygien. Mais l’imagine-t-on en sans-culotte qu’il se voit, lui, forcément en haute couture.

La crise n’a fait qu’augmenter cette spécificité national : plus le Français a peur de l’avenir, plus il se penche sur son passé. Ainsi, il est capable de s’exalter sur l’excellence de la grande cuisine du terroir et d’aller s’envoyer un Mc Do’ sur le pouce. Pleurer la disparition du quincailler du coin de sa rue où il ne mettait pourtant plus les pieds depuis belle lurette, parce que les grands magasins, c’est tellement plus pratique et moins cher... Se croire directement issu de Descartes, champion toutes catégories en rationalité, et se précipiter chez la première voyante venue : la France bat des records en matière. Passer des heures devant la télé, à regarder les émissions les plus débiles, faire plonger l’audimat dès d’une émission « intelligente » pointe le nez et vociférer ensuite, comme 68% des Français, que la télé le prend pour un abruti. Etouffer sous l’air pollué et se sentir offensé dès qu’on lui suggère de ne pas prendre sa voiture. Tout attendre de l’Etat et ne lui accorder aucune confiance comme 75% de nos concitoyens, etc.

(d’après Florence Assouline, L’événement de jeudi, 1996)

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Les pays de l’Ouest

Vieille terre celtique, ces pays sont baignés par la Manche et l’Océan Atlantique, de l’estuaire de la Seine à celui de la Garonne. Il s’agit de la Haute-Normandie (capitale : Rouen), de la Basse-Normandie (capitale : Caen) de la Bretagne dont la capitale est Rennes ; des Pays de la Loire groupés autour de Nantes et de la région Poitou-Charentes, avec Poitiers pour capitale.

L’image de ces pays est fortement liée à la présence de l’océan et aux grands ports qui ont joué un rôle important dans l’histoire, notamment Le Havre. Les côtes normandes et bretonnes sont propices au tourisme et aux activités nautiques. Il y pleut beaucoup, c’est vrai, mais ce désagrément est largement compensé par une nature encore sauvage.

L’arrière pays offre des paysages contrastés : en Normandie, une campagne paisible, avec des prairies verdoyantes et des pommiers. En Bretagne, des forêts et des landes presque sans relief. De la Loire à la Gironde, un paysage de basses collines et de bocage, avec des rivières paresseuses.

Dans toute la région, les villes pittoresques ne manquent pas : Dieppe et Deauville – stations balnéaires normandes – Brest en Bretagne, les premier port militaire de France, Saint-Nazaire, pour sur l’estuaire de la Loire, Royan, La Rochelle...

La vie à l’Ouest tourne, en grande partie, autour de l’océan : fêtes de la mer, des marins, des mouettes, concours de pêche en mer. La gastronomie dépend elle aussi de la présence de l’Océan : poissons et crustacés sont sur toutes les tables. Mais il faut y ajouter le beurre salé et les crêpes de Bretagne, la cuisine à la crème de Normandie.

L’Ouest est le pays des mégalithes (grosses pierres) qui remontent très loin dans le passé : menhirs (de grosses pierres dressées verticalement), cromlechs (des cercles de menhirs), dolmens (tables de pierre). Il est riche aussi en châteaux forts et en villes fortifiées, en églises romanes et cathédrales gothiques, en édifices de la Renaissance. L’époque contemporaine est surtout marquée par d’audacieux ouvrages d’art (les ponts de Tancarville, de Normandie, de l’île de Ré).

Le Mont Saint-Michel est le site le plus impressionnant de l’Ouest : la plus belle des abbayes françaises sur son île rocheuse, l’un des monuments les plus visités de France.

Mais ce qui distingue le plus l’Ouest et la langue bretonne, langue celtique, cousine de l’irlandais et de l’écossais. On retrouve les mots bretons usuels dans les noms de lieux ou de personnes.

L’Ouest a fourni à la littérature de grands écrivains : Corneille, Flaubert, Chateaubriand, Renan, Jules Verne.

(d’après R. Bourgeois, S. Eurin, La France des régions)

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Nouvelles traditions

Tapis rouge pour toutes les musiques : classique, rock, jazz, musiques du monde, tous les styles musicaux français et étrangers sont à la fête pour célébrer le début de l’été. En 1982, quand le ministre de la culture Jack Lang lance cette manifestation populaire, elle est franco-française. Mais deux ans plus tard, elle devient contagieuse. Plusieurs pays d’Europe créent leur propre fête de la musique. Puis le phénomène s’effiloche et cette année le comité d’organisation français a voulu donner à ce 21 juin une tonalité européenne.

On s’est dit que c’était vraiment dommage, à une période où tout le monde souhaite voir émerger l’Europe de la culture, que la fête de la musique ne soit pas l’occasion de créer des échanges et de faire découvrir aussi ce qui se passe dans les autres pays autour de nous et que les gens découvrent aussi ce qu’on fait ici, en France. Et donc, on a pris notre bâton de pèlerin et on est retourné voir la ville de Berlin, la ville de Rome, la Hongrie, Barcelone et on a aujourd’hui une sorte de réseau et c’est l’occasion à la fois d’envoyer des artistes français dans ces villes-là.

C’est l’occasion aussi pour nous d’accueillir à Paris mais aussi dans d’autres villes en France des artistes hongrois, italiens, espagnols ou catalans qui sont aujourd’hui l’Europe de la musique.

Découvrir, telle pourrait être la dévise de cette fette de la musique. C’est ainsi que kent a représenté la France à Berlin, que le violoniste Didier Lockwood a fait vibrer les cœurs des Roumains de Iasi et qu’on a pu « zouquer » jusqu’à Bucarest avec l’Antillais Dédé Saint Prix. Car c’est surtout cela la fête de la musique : la musique pour tous les publics, dans la rue avec les musiciens d’un jour et de toujours, tout heureux de faire tomber les frontières.

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De Noël à Pâques

Les coutumes, les traditions et la gaieté françaises ne sont pas mortes, bien au contraire ! Les traditions et manifestations laïques (civiles) ou religieuses sont extrêmement variées en France, avec un caractère propre à chaque région. Baptêmes, premières communions, fiançailles et mariages rythment encore la vie des familles. Les fêtes folkloriques, historiques et religieuses se succèdent tout au long de l’année, surtout dans les campagnes qui restent les plus fidèles à perpétuer les traditions.

Noël est célébré par la plupart des Français qui vont à la messe de minuit et ornent leur maison d’un sapin et d’une crèche. Selon la tradition de Noël, celle-ci symbolise la crèche où Jésus a été placé à sa naissance dans l’étable de Bethléem. C’est la fête de la commémoration de la naissance du Christ. Ces crèches sont exposées dans les églises, de Noël à l’Epiphanie. Le père Noël, en houppelande rouge, est attendu par tous les enfants qui mettent leurs souliers dans la cheminée. C’est un personnage imaginaire qui est censé descendre par la cheminée au cours de la nuit de Noël pour déposer des cadeaux dans les souliers des enfants. On se chante « des noëls », c’est-à-dire des cantiques, ou on donne « des noëls » - des présents qu’on distribue à l’occasion de Noël. Quelques villages, surtout en Provence, organisent, dans la plus pure tradition, des cortèges de bergers qui se rendent à l’église autour d’une crèche vivante, ornée de « santons ». On prépare aussi un bon repas où l’on sert les plats traditionnels : la dinde aux marrons et la bûche de Noël – un délicieux gâteau en forme de bûche. La coutume est de faire ce repas au milieu de la nuit, comme le Jour de l’An. Ce repas s’appelle « le réveillon ».

Au moment de Pâques se déroulent les processions solennelles, surtout dans le Sud du pays, en Roussillon et en Corse, pleines de faste. Correspondant à l’arrivée du printemps, la fête de Pâques est l’occasion pour les enfants de ramasser dans les jardins de petits œufs en chocolat ; les cloches des églises sonnent à toute volée, et on dit que ce sont elles qui rapportent de Rome les œufs de Pâques. Il y a un grand repas de famille – on y sert traditionnellement du rôti d’agneau, « l’agneau pascal ». Et on n’oublie pas le grand coq en chocolat qui doit trôner sur la table !

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jeudi, juillet 03, 2008

Le Sud-Ouest

Le Sud-Ouest correspond à deux régions: l’Aquitaine (capitale: Bordeaux) et Midi-Pyrénées (capitale: Toulouse), autour de la vallée de la Garonne. C’est un pays où il fait bon vivre, dans un climat doux, où des campagnes riches donnent en abondance des produits de la gastronomie, du foie gras des Landes aux grands vins de Bordeaux. Mais il faut penser aussi au rugby, au béret basque et aux usines aéronautiques où se construit Airbus.

La chaîne des Pyrénées forme la frontière avec l’Espagne. Plus basses que les Alpes, ces montagnes offrent pourtant des paysages pittoresques et abritent des stations thermales.

Le Pays Basque est lié aux provinces basques espagnoles par une langue et une culture communes. C’est un pays de montagnes moyennes et de collines. Sur la côte, les stations balnéaires se succèdent au sud de Bayonne.

De la côte basque jusqu’à l’estuaire de la Gironde, le paysage caractéristique est celui des dunes de sable et des vastes forêts de pins. L’économie de la région est dominée par l’agriculture et la sylviculture.

Bordeaux et Toulouse sont des villes de commerce et d’industrie, mais aussi de grandes villes universitaires. La vallée de la Dordogne forme une des régions touristiques les plus riches de France, avec ses grottes préhistoriques, ses châteaux, ses villes et ses villages pittoresques.

Les grands écrivains du Sud-Ouest sont Montaigne, Montesquieu, François Mauriac – le romancier qui a le mieux célébré les landes et la région de Bordeaux.

Au peintre Henri de Toulouse-Lautrec, la ville d’Albi a consacré un superbe musée, ce qu’a également fait Montauban pour l’un des plus grands peintres du XIXe siècle, Ingres.

Rappelons enfin que dans tout le Sud-Ouest on entend encore parler l’occitan (la langue d’oc) et que le basque est une langue à part, aux origines mystérieuses... la diversité linguistique est une des richesses de cette région.

(d’après R. Bourgeois, S. Eurin, La France des régions)

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mardi, juillet 01, 2008

Monsieur Tout-le-monde

Georges Simenon a marqué son époque, laissant des traces indélébiles dans le champs culturel francophone. On a tous attrapé un vieux Maigret écorné qui traînait sur un canapé dans la maison ou lu « Lettre à mon juge » dans le coin d’un compartiment d’un train ou dévoré un soir, au fond du lit, « Le chien jaune » ou « L’homme du banc » ou « Maigret se trompe ».

Maigret, « monsieur Tout-le-monde », a fasciné tout le monde. Pourquoi? Parce qu’il ressemble à tout Français. Il est râleur, bourru comme un patron de bistrot, il se méfie des riches, des supérieurs, des juges et des grands de ce monde. Sans cesse. Il répète: « Je ne crois rien. »

Une partie de son charme, c’est qu’il considère les êtres avec justesse et pertinence. Ce qui étonne encore bien davantage, c’est qu’il se promène. Il flâne dans les vies. Il peut marcher dans Manhattan ou à Meung-sur-Loire, dans un hôpital ou en plein soleil, il comprend, il devine. Avec son calme apparent, sa tranquillité imperturbable, il réconforte.

Au fond, comment est né ce Maigret-là qui nous fascine, aussi bien sous les traits de Gabin que de Bruno Crémer? Tout simple. Il vient d’un tout petit journaliste de la Gazette de Liège. Si l’homme Simenon est né au 1903, l’écrivain Simenon est né en 1931 en publiant sous ce nom, cette année-là, onze livres, dont dix Maigret. Trois de ces Maigret obtiennent, le même mois, un contrat d’adaptation au cinéma. De ce mistère, de ce miracle est né le mythe d’une association idyllique entre Simenon et le cinéma. Pour lui, le cinéma n’est que pour mettre ses histoires en images: « Le voyageur de la Toussaint », « L’homme de Londres », « Les inconnus de la maison ». Petit à petit, Simenon conquiert aussi le petit écran. Et Simenon peut enfin manifester sa pérennité. La série des « Enquêtes du commisaire Maigret » continue de nous plaire.

Il a donc fallu un Belge né à Liège, un vendredi 13 (sa mère superstitieuse a triché et déclaré qu’il était né le 12...) pour mettre au monde ce parfait Français!

(d’après Jacques-Pierre Amelte, Le Point, 2003)

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lundi, juin 23, 2008

La France méditerranéenne

Les pays du Sud de la France, (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon, l’île de la Corse) sont pour beaucoup le symbole d’une vie au soleil, des vacances, de la mer. Les gens du Nord en rêvent comme d’un paradis, et tous les étés, les routes qui y conduisent sont archi-combles.

Le mythe d’un Midi voué aux vacances n’est cependant plus tout à fait vrai: les pays de la Méditerranée attirent aussi une population active et dynamique. Le meilleur exemple en est sans doute le complexe scientifique de Sophia-Antipolis, sur la Côte d’Azur.

Ces régions ont été peuplées très tôt grâce à leur climat favorable. Le littoral a été colonisé par les Grecs, puis par les Romains. Au Moyen Age, la Provence a été le centre d’une civilisation originale et brillante...

Le Midi est un pays de contrastes: les Hautes-Alpes gardent leurs glaciers même en plein été; entre leurs sommets et la vallée du Rhône, la Haute-Provence est formée d’une succession de plateaux où l’on cultive l’olivier, la lavande. La vallée du Rhône relie le Nord au Sud; c’est une région riche et animée où dominent les cultures maraîchères, les vergers et la vigne. Dans le delta de ce grande fleuve on cultive le riz. Puis sur la Côte d’Azur, de Menton à Nice et à Cannes, c’est le royaume des vacanciers. Le tourisme est la principale activité.

La côte de Languedoc-Roussillon est un littoral généralement plat, moins pittoresque. Mais en arrière de la Corse se succèdent des villes au caractère bien marqué: Nîmes, Montpellier, Narbonne.

La Corse, « l’île de la beauté », offre les plus fascinants paysages de la Méditerranée. Elle a une place à part en France par son identité culturelle et linguistique. C’est un pays agricole et surtout touristique, dont les villes plus importantes sont Ajaccio et Bastia.

Le Midi est le pays des fêtes (le carnaval de Nice), des festivals (théâtre à Avignon, opéra à Aix), des marchés pittoresques et colorés. L’art de vivre s’y retrouve aussi dans la gastronomie: les plats sont parfumés aux herbes de Province, l’huile d’olive et le vin sont partout présents.

La France de la Méditerranée est riche en monuments anciens (tel le fameux Pont du Gard, aqueduc romain). Au Moyen Age, ce sont les châteaux forts et les cités fortifiées (Carcassonne) qui mettent leur marque sur le paysage. L’architecture moderne est présente à Marseille (Cité Le Corbusier), à Montpellier.

Nombreux sont les écrivains et les peintres dont le nom est attaché au Midi: Zola, Mérimée, Valéry, Marcel Pagnol, Renoir, Picasso et Matisse. Sans oublier les chansonniers comme Gilbert Bécaud ou Tino Rossi!

(d’après R. Bourgeois, S. Eurin, La France des régions)

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L’ennui lycéen

A-t-on déjà réfléchi à ce qu’est une classe? C’est la rencontre fortuite [1] et pourtant obligée de trente adolescents qui doivent, ce vendredi matin, et pour cinquante-cinq minutes, s’intéresser à la géographie du Brésil. Une heure plus tard nos trente chérubins s’enthousiasment pour la poésie de Baudelaire. Ensuite pour la physiologie de la digestion. En face, un homme ou une femme. Un adulte, en tout cas. Seul. Un professeur qu’une suite de hasards a fini par jeter derrière un bureau: celui-là, justement.

Voici que se croisent trente et une personnalités indépendantes. Personne n’a vraiment choisi personne. Personne n’a rien décidé. Sauf le grand appareil bureaucratique qui a tout prévu, pour le bien de tous.

Essayez – je parle ici à des adultes – de fixer six fois de suite votre attention, à raison de cinquante-cinq minutes chaque fois, sur six sujets radicalement différents, sans aucun lien logique. Entre-temps, faites quelques exercices d’assouplissement et nourrissez-vous de bœuf aux carottes. Mastiquez bien. A la fin de la journée, revenez un quart d’heure sur chacun des sujets abordés. Mémorisez. Considérez enfin avec objectivité le résultat mental obtenu...

Certes, rien de bien nouveau là-dedans. On s’est toujours ennuyé à l’école. Mais cet ennui est aujourd’hui mal supporté. Naguère encore, les enfants et les adolescents, surtout s’ils habitaient la campagne, s’ennuyaient ferme. Pas de télévision, ni de spectacle, ni de vélomoteur. L’absence de distraction était la règle. Sur un fond de grisaille, l’école ou le collège introduisaient la nouveauté. Quelques images projetées au mur faisaient événement pour la semaine entière. Aujourd’hui, c’est l’inverse. On ne peut exiger de chaque professeur d’histoire qu’il raconte comme Alain Décaux [2] ni du prof de gym qu’il saute à la perche comme Abada [3]...

Et puis, longtemps, l’ennui lycéen a été un privilège bourgeois, la promesse d’un avenir brillant. La démocratisation de l’enseignement secondaire – avec son corrélat, la dévalorisation des diplômes – a rendu les tares du système insupportables. A quoi bon un diplôme s’il n’ouvre comme porte que celle de l’A.N.E.P. [4] la plus proche? Même s’ils ne sont que 10% à être voués au chômage, ils sont 90% à la redouter.

(d’après Jacques Julliard, dans Le Nouvel Observateur, 24/30 mars 1980)

Notes:

[1] accidentelle, due au hasard;

[2] historien français, membre de l’Académie française;

[3] sauteur à la perche;

[4] Agence Nationale Pour l’Emploi.

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Le temps de l’adolescent

Le temps de l’adolescent se déroule globalement dans quatre grands contextes sociaux: la famille, l’école, les institutions socio-éducatives et le groupe de pairs. Plus ou moins organisés ou spontanés, ces différents contextes interviennent chacun dans la définition sociale de l’adolescence...

Dans l’emploi du temps, le temps scolaire tient une place importante avec ses quelques 6 heures quotidiennes, 4 jours par semaine, 38 semaines par an/importance quantitative de l’école, mais également qualitative par sa forte légitimité sociale, par son importance dans l’éducation des adolescents et leur promotion sociale. Sans oublier que l’école devient aussi un modèle pédagogique pour nombre d’activités.

Pourtant, les jeunes aiment s’amuser! « Qu’aimez-vous faire quand vous ne travaillez pas? » C’est la question posée aux jeunes par l’institut de sondage S.O.F.R.E.S. Voici les conclusions de cette enquête:

Les activités culturelles, telles que le cinéma, le théâtre et les concerts, reçoivent la faveur de la plupart des ados. Ils s’adonnent également aux activités sociales, telles les soirées, les danses et les « discos », aux activités artistiques et sportives ainsi qu’aux clubs et associations de jeunes.

La télévision représente le passe-temps favori des jeunes. Parmi les gros consommateurs de télévision, on retrouve deux fois plus de garçons que de filles!

L’écoute de la musique est également un des loisirs partagés par la plupart des adolescents qui y consacrent au moins une heure par semaine. On observe également que le nombre d’heures consacrées à l’écoute de la musique augmente avec l’âge.

Quant aux jeux vidéos, sur console ou à l’ordinateur, la majorité des jeunes s’y adonnent aux moins une heure par semaine.

En 2002, 96% des élèves ont affirmé avoir déjà utilisé Internet et la plupart disent en faire usage souvent: plus de trois quarts l’utilisent au moins une fois par semaine et un adolescent sur deux l’utilise presque tous les jours. Les activités les plus populaires chez les jeunes qui se sont servis d’Internet sont le courrier électronique, le « chat » et l’écoute d’extraits vidéo ou de musique.

(d’après Le Monde de l’Education)

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mardi, juin 17, 2008

Le Centre-Est

Le long de la Suisse et du Nord de l’Italie s’étendent deux belles régions: Franche-Comté et Rhône-Alpes. Leur image évoque à la fois la montagne et la plaine, la nature et l’industrie, la ville et la campagne. Le Jura avec ses forêts de sapins est le pôle du froid en France. (...) Parler des Alpes, c’est d’abord nommer le sommet le plus haut d’Europe, le Mont-Blanc (4810 m); c’est aussi se rappeler les Jeux Olympiques d’hiver, le ski, l’escalade. La région lyonnaise évoque à la fois l’activité industrielle et la gastronomie.

Il y a dans ces régions de grandes villes industrielles et universitaires: Besançon, Dijon, Lyon, Grenoble, des villes moyennes, touristiques (Annecy, Chambéry) et des stations de renommée mondiale Val d’Isère, Chamonix, Megève.

La partie centrale des Alpes abrite le monastère de la Grande Chartreuse, où les moines fabriquent une liqueur à la saveur unique. Autour du Rhône s’étendent des régions très variées: des montagnes et des collines pittoresques, mais aussi des centres industriels. Lyon est la grande métropole du Centre-Est, qui dispute à Marseille la place de deuxième ville de France.

La région est connue autant pour sa gastronomie que pour ses fêtes: fête des guides à Chamonix, fête nautique sur le Rhône, fête de la lumière à Lyon; c’est toujours à Lyon qu’on peut assister aux spectacles de « Guignol », une marionnette qui représente l’esprit satirique des Lyonnais.

Le Centre-Est abrite des monuments artistiques de toutes les époques, depuis les églises romanes et les châteaux forts du Moyen Age jusqu’aux échantillons de l’art moderne, comme la station de ski d’Avoriaz ou la gare du TGV de Lyon-Satoles.

(d’après R. Bourgeois, S. Eurin, La France des régions)

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A votre service!

Fabien fait ses études à l’école de journalisme de Lille et pour un travail de fin d’année, il doit faire une grande enquête sur les incidents ou les accidents les plus curieux qui ont pu arriver les derniers temps. Il prend une interview à un gendarme de ses connaissances...

Fabien – Bonjour, c’est pour l’enquête dont je vous ai parlé. Vous pourriez m’aider?

Gendarme – Oui, je veux bien, mais j’aimerais consulter les archives pour avoir plus de détails. (...) Engin, si ça vous intéresse, je me rappelle deux affaires arrivées l’été passé et qui ont fait la Une.

Nous avons d’abord eu l’histoire de cette famille très nombreuse, père, mère, cinq enfants et une grand-mère et le chien. Ils se sont arrêtés à Valence pour faire le plein et pique-niquer. Puis ils sont repartis. Arrivés à Lyon, une bonne heure de route plus tard, ils se sont rendu compte qu’ils avaient oublié la mamie. Panique dans la voiture, demi-tour. Ils ont retrouvé la grand-mère, assise sur le banc près de la table où ils avaient déjeuné, mais entourée de pas mal de monde bien intrigué par cette mamie semblant attendre un bus.

F. – Mais c’est incroyable! Les enfants n’avaient rien remarqué?

G. – Non, rien du tout. Cette histoire finit bien mais ce n’est pas toujours le cas.

Ce même mois, nous avons eu le cas beaucoup moins amusant d’un homme qui venait du nord et qui avait conduit toute la journée, presque sans s’arrêter. Il faisait très chaud, et quand le monsieur est arrivé au camping, il a garé sa voiture et a couru se jeter dans la piscine... qui était vide.

F. – Il est mort?

G. – Non, mais le malheureux a eu une fracture du crâne, il a passé ses vacances à l’hôpital.

F. – Et vous ne connaissez pas d’histoires avec des enfants, que l’on perd ou qui s’en vont?

G. - Ça, je ne m’en souviens pas, mais ça arrive assez souvent. Par contre, je me souviens très bien d’une histoire que m’a racontée mon collègue de la gendarmerie. Un beau samedi ils ont vu arriver une dame fâchée et très inquiète car on lui avait volé sa voiture avec son chien dedans. Elle a donc fait une déclaration de vol, et on est partis à la recherche du voleur de son chien.

F. - Elle était donc plus inquiète pour le chien que pour la voiture? Elle a été vite retrouvée?

G. – Oui, l’après-midi du même jour. Mais ce que la dame n’avait pas dit, c’est que dans la voiture, il y avait aussi une petite fille de quatre mois. Heureusement trop petite pour comprendre ce qui se passait.

(d’après A. Bimmel-Esteban, E. Janssens, Code Génial)

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Le Nord et l’Est

Les cinq régions qui forment le Nord et l’Est séparent la France de la Belgique, du Luxembourg et de l’Allemagne. Ce sont: le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie, la Champagne-Ardenne, la Lorraine et l’Alsace.

Ces régions ont la réputation d’être plutôt triste, avec des paysages industriels et un climat froid. Mais ce sont aussi des régions riches en monuments et présentant souvent de très beaux paysages.

La géographie en est très variée: la côte de la Manche borde un arrière-pays de collindes, traversé de belles rivières. C’est la Côte d’Opale, avec ses plages et ses falaises qui font face à celles de l’Angleterre. La Champagne est un pays de plateaux à la végétation rare. Le massif montagneux des Ardennes est une région de forêts et d’élevage, mais avec une industrie métallurgique et textile développée... Quant à la plaine d’Alsace, c’est une riche région agricole, qui produit entre autres le houblon dont on fait la bière!

La ville de Strasbourg, capitale régionale, est le siège de l’Assemblée européenne. C’est une ville d’art et une ville universitaire, mais c’est aussi le deuxième port fluvial de France.

Les habitants de ces régions ont un sens développé du confort et des fêtes. La gastronomie en est caractérisée par des nourritures souvent fortes et lourdes (la fameuse quiche lorraine, une tarte à base de lard et de crème fraîche, ou le foie gras d’Alsace).

Le Nord et l’Est ont beaucoup de richesses artistiques, en particulier quelques-unes des plus illustres cathédrales gothiques: Reims (la cathédrale des rois de France), Metz, Strasbourg, cette dernière inscrite au patrimoine mondial. Des peintres de renom y ont vécu, tels Georges de la Tour ou les frères Le Nain.

Ces régions de la France font la preuve du fait qu’un climat rude, le froid, la pluie ou la neige n’empêchent pas une certaine joie de vivre. Aussi dit-on des gens du Nord qu’ils ont le soleil dans le cœur!

(d’après R. Bourgeois, S. Eurin, La France des régions)

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vendredi, juin 13, 2008

Sain de corps... et d’esprit

Paul Morand, grand voyageur, a campé sous tous les cieux. Dans un petit traité sur les loisirs il se propose d’initier le civilisé aux joies du plein air; il veut lui apprendre à se reposer, à se détendre, pour la santé du corps et de l’esprit.

Tout est fascinant dans le campement. D’abord, le projet qu’on en fait, ensuite le matériel qu’on achète: lits dont les pieds finissent en boule, pour décourager les fourmis d’y grimper, chauffages portatifs, hamacs inédits, tentes isothermes, sacs de couchage doublés en chèvre de Mongolie tiède et légère, d’innombrables ustensiles portatifs depuis la pelle-bêche, la glacière jusqu’à l’armoire de poche. Le camping offre des possibilités illimitées aux gens pour qui les sports les plus naïfs ne sont qu’occasion de déguisement. Il n’est même pas besoin d’entrer dans le campement pour deviner l’amateur: de même qu’un vrai voyageur reconnaît le touriste d’occasion à ses belles valises et à sa pharmacie, le vrai nomade reconnaît de loin le faux nomade, rien qu’à la façon dont ce dernier a disposé sa tente sur un terrain trop bas au bord d’un étang, à son nécessaire de pique-nique, à l’aspect même de son feu.

Les joies du campement sont faites de beaucoup de disputes et de fatigues. On a trop marché tout le jour et, le soir, on s’est mis trop tard à l’ouvrage; c’est pourquoi le dîner n’est pas bien cuit, les tentes mal arrimées s’écroulent à la première bourrasque. Mais tout va mieux, n’est-ce pas, que la honte de coucher dans la voiture ou d’aller chercher du renfort à l’auberge.

Jouer le jeu du campement, c’est montrer à la civilisation que l’on peut se passer d’elle; c’est montrer qu’on peut vivre avec ce qu’on porte sur son dos; c’est se prouver à soi-même que la vraie richesse, c’est un corps exempt de rhumatismes, des yeux perçants et une oreille fine. Le campement est le jeu favori des vieux enfants de notre âge infantile, où l’on veut boire aux sources et remonter au premier degré de vérité humaine.

(d’après Paul Morand, Apprendre à se reposer)

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