dimanche, juillet 16, 2006

Guillaume Apollinaire (II)





Esthétique d’Apollinaire

Apollinaire n’est pas un théoricien, encore moins un doctrinaire. Dans l’acte créateur il privilégie l’émotion et l’intuition qui, pour lui, sont en relation directe avec la vie, et exclut toute intervention de l’intelligence ou de la réflexion.

Tout principe organisateur est à ses yeux source d’académisme. C’est pourquoi il est hostile aux écoles et à leurs manifestes, qui appellent une codification de l’art.

Il n’a cessé de rêver à un mouvement qui réunirait toutes les lignes de force qui se dégagent d’une époque et sont supérieures aux querelles et aux rivalités des groupes et des chapelles.

L’important pour lui est la nouveauté, la variété, non la dénomination.

La prétention des futuristes à être à l’origine de tout ce qui se faisait de neuf – ce qu’il éstime être une injustice à l’égard des peintres français, en premier lieu des cubistes -, leur intransigeance doctrinale, les attaques aussi que certains menèrent contre lui le laisseront rapidement sans illusion et il reviendra à une curiosité distante et amusée, non toutefois dépourvue de sympathie, quand il lui arrivera de parler du Futurismo.

Il lance un nouveau mot: l’Orphisme, qu’il commente ainsi: « Le cubisme est mort, vive le cubisme. »

Il emploie le terme « esprit nouveau ».

Il utilise le terme « Surréalisme », qu’il préfère au « surnaturalisme ».

Hostile à toute systématisation de l’art, curieux de toutes choses nouvelles.

Un point de vue fondamental est que l’art ne peut se réduire à une simple reproduction du réel. Mais, si éloigné qu’il soit de la nature dans son œuvre, l’artiste se doit de bien la connaître et de scruter la réalité visible pour s’en dégager sans la trahir. Aller plus loin que la perception du réel quotidien pour atteindre à la vérité des choses est ainsi une démarche fondamentale.

L’œuvre d’art n’est pas un reflet de la nature, elle est une réalité nouvelle qui s’y ajoute, à la fois vraie par sa présence au monde et par ce qu’elle révèle du réel, et fausse, puisqu’elle est fiction.

Tout au long de l’œuvre d’apollinaire se multiplient thèmes et images de la fausseté.
L’art porte donc en lui-même sa propre fin dans l’acte créateur d’une réalité nouvelle. Il n’est pas une quête métaphysique, une explication orphique du monde comme voulait Mallarmé. Il n’a de fonction ni morale ni politique.

Les poètes ne peuvent pas s’enfermer dans les modèles figés du passé comme le voudraient les traditionalistes que se projeter dans l’avenir en refutant ce passé à la manière des avant-gardes.

On ne peut prolonger, répéter le passé; mais on ne peut plus le refuser, s’en détacher.


L’œuvre de fiction

Deux recueils de contes: L’Hérésiarque et Cie et Le Poète assassiné.

L’Enchanteur pourrissant.

Thème: la « parodie d’amour », de l’amour impossible entre l’homme et la femme.

Formules apollinairiennes:
- relation de la création à la nature;
- combinaison de la liberté et de l’ordre dans l’œuvre;
- refus de l’esthétisme.


La poésie. Poésie et arts graphiques

Deux grands livres de poèmes: Alcools et Calligrammes.

De nombreux posthumes ont été réunis en volumes.

L’accord du mot et de l’image a toujours sollicité Apollinaire.

Premier thème: le mal-aimé.

Deuxième thème: réflexion sur le travail du poète, une assimilation, symbolisée par Orphée, de la création poétique et de la recherche de la perfection à la création et à la perfection divine.

Troisième thème: celui de la perfection divine. Orphée est un prophète du Christ, à la manière des humanistes du XVIe siècle.


La poésie. Alcools

Parution en avril 1913.

Le peintre est le maître de la matière qu’il utilise, alors que le poète est prisonnier des mots – c’est sinon le point de départ, au moins un moment important d’une réflexion sur le langage poétique, et, d’une façon plus générale, sur celui des signes, qui ne cesse de le préoccuper.

Il y supprime tous les signes de ponctuation. Cette décision brusque a été souvent interprétée comme une volonté de faire preuve d’originalité à tout prix dans le climat d’innovation et d’émulation de l’époque.

Il suffit de lire un de ses manuscrits pour constater qu’il use de façon très personnelle de la ponctuation. Tantôt il la néglige totalement; tantôt il la pratique moins en application des règles de la grammaire que pour souligner la dynamique de la phrase comme on le fait quand on parle.

Thèmes de’Alcools:
- la fuite du temps; apporte une difficulté d’être, une interrogation sur l’identité auxquelles la poésie tente d’apporter une réponse; le monde n’est que fuite, effacement, la vie qu’éloignement de moments présents à jamais disparus.
- l’amour n’est jamais heureux;
- la création poétique triomphe de la misère de l’homme;
- la quête du moi, le problème d’une identité qui ne cesse de se diluer dans le passé.

Apollinaire est fasciné par le vocabulaire. Il se plaît à utiliser dans Alcools, des mots rares.

Les enchaînements sonores, dans lesquels on aurait tort de ne voir que de simples jeux de mots, sont un élément essentiel de sa magie verbale.


La poésie. La Chanson du mal-aimé, poème emblématique

Le poème est emblématique parce que, plus peut-être que tout autre, sa genèse, sa composition, son écriture nous font pénétrer au cœur de la création apollinarienne et illustrent la relation fondamentale de la vie à la poésie.


La poésie. Calligrammes

Par quel cheminement le poète en est-il venu à ces compositions où les mots et les lettres s’organisent sur la page pour former un dessin, et que signifiaient-elles à ses yeux?

Voir aussi Guillaume Apollinaire (I)