dimanche, octobre 22, 2006

Exercices de révision (fin de la troisième année d’étude)


A. Complétez les blancs par "est", "sont", "c’est", "ce sont", "il y a", "il existe", "il est":

… très fatigant de donner toujours des explications.
Où… mon parapluie?
… des cas où un bon guide s’avère nécessaire.
Voici Jean-Paul et Marcel, … mes meilleurs amis.
Les dictionnaires … sur le premier rayon de la bibliothèque.
… très utile de toujours garder sur soi son agenda.
Dans ce magasin, … vraiment tout ce qu’on peut s’imaginer.
… facile de juger les autres!
Juger les autres … facile!
La paresse … la mère de tous les vices.


B. “eu” ou “été”?

Cette année nous avons … pas mal de problèmes avec les touristes.
As-tu … ta portion de gâteau, Jojo?
Cela a … vraiment chouette, les dauphins, tu sais?
J’ai … invité par Monsieur le doyen, puis-je l’attendre ici?
Il y a … du monde à l’ouverture du nouveau centre de loisirs, le maire y a … aussi.
Avez-vous … des ennuis avec le magnétoscope?
On a … tous très heureux de se revoir.
Il n’y a … aucun élève dans l’amphithéâtre, la cours a été … ajourné.


C. Choisissez le verbe convenable dans la premiere ligne et mettez-le au présent de l’indicatif:

aller, avoir, bouillir, comprendre, croire, devoir, dire, être, faire, mentir, pouvoir, savoir, vouloir

L’eau … à 100o C.
Nous … tous contents de vous avoir parmi nous.
Qu’est-ce que vous … ici, vous n’avez pas encore fini vos devoirs?
Mon père … que je suis à l’école, il ne … pas que nous n’ … pas de classes aujourd’hui!
…-tu me donner un coup de main? Je … finir plus vite ma traduction car je … être à l’école avant midi.
On ne … rien à ses explications; il … toujours inutilement.
Vous … que le train est déjà parti? Tant pis!
Ces chaussures noires ne … pas avec ton pantalon marron.


D. “Avoir” ou “être”? Choisissez l’auxiliaire correct des verbes au passé composé:

Victor et Mariane … descendus du train; ils … descendu aussi leurs bagages.
Nous … pris toutes les mesures nécessaires pour éviter les accidents.
T’ … -tu lavé les mains avant de t’asseoir à table?
Nous, on s’ … déjà vus, n’est-ce pas?
… -tu rentré les enfants? Ils … assez joué dehors.
Bonsoir, je viens à peine de rentrer car il y … eu un bouchon enorme sur l’autoroute.
Vous … -vous dit au revoir quand vous vous … quittés?
Quand … -tu née Adèle? … -tu déjà eu ton anniversaire cette année?


E. Mettez les verbes entre parenthèses à l’imparfait de l’indicatif:

Martine et Joëlle (être) deux gentilles petites filles de sept ans. Chaque année elles (aller) à la campagne chez leurs grands-parents.
Quand j’(avoir) quatorze ans je (lire) beaucoup de romans policiers.
Que (faire)-tu hier à sept heures du soir devant le Musée d’histoire?
Quand nous nous (rencontrer), nous (entrer) dans un bistrot et nous (prendre) un petit verre de rouge.
Mon grand-père (connaître) toutes les fleurs de nos champs, il me les (montrer) et m’(apprendre) leurs noms.
Après chaque chanson, les spectateurs (applaudir) longuement, (offrir) des fleurs aux chanteurs et leur (demander) des autographes.


F. Remplacez le passé composé par le plus-que-parfait:

On s’est rencontré devant l’Hôtel de Ville, on a traversé le Pont d’Arcole et on est allé voir Notre-Dame.
Il se dit des choses qu’ils ont regrettées plus tard.
Vous avez pris le bus et vous êtes allés chez les Durant, rue La Fontaine, c’est vrai?
A la Villette, nous avons visité un vrai sous-marin de chasse et nous nous sommes promenés en bateau sur les canaux.
J’ai assisté à la messe, ensuite je me suis rendu aux Halles où j’ai pris le métro pour la Gare du Nord.
Tu t’es réveillé de bonne heure. Tu n’as pas bien dormi, toi?


G. Dans les phrases suivantes remplacez le futur proche par le futur simple, selon le modèle:

Nous allons partir d’une minute à l’autre.
Nous partirons d’une minute à l’autre.

Vous allez sortir si vous ne vous taisez pas!
Mes cousines vont partir bientôt pour la Martinique; elles vont y passer deux semaines.
Dans dix minutes je vais vous dire le résultat des débats.
Tu vas faire ton travail, ensuite on va voir si tu peux sortir avec ta petite amie!
Philippe va vous démontrer le fonctionnement de cette nouvelle calculatte.
Nous allons vous quitter bientôt, nous allons vous écrire tous les mois!


H. Conditionnel ou subjonctif? Choisissez le mode convenable pour les verbes entre parenthèses:

J’(aimer) que tu (être) attentif quand je te parle.
Cela m’(étonner) qu’ils (avoir) le courage de venir jusqu’ici sans nous avoir prévenus.
Si tu voulais, tu (pouvoir) m’aider à finir cette robe; il faut que je la (finir) avant 19 heureus.
Que Dieu vous (bénir)! Sans vous, je (faire) encore du stop.
Tu penses: on (aller) à la montagne, on (prendre) des bains de soleil au milieu d’une clairière, on (faire) de l’escalade, on (profiter) de l’air pur des sommets.
Il (être) bon quand tu (aller) chez tante Mathilde, tu sais qu’elle n’aime pas attendre!
Vous (pouvoir) partir si vous tenez tant, pourvu que vous ne (rentrer) pas trop tard!


I. Transformez les phrases suivantes selon le modèle:

Passe-moi ton dictionnaire; j’ai besoin de ce dictionnaire pour une minute.
Passe-moi ton dictionnaire, j’en ai besoin pour une minute.
Tu as vu les ruines du château? Nous allons aux ruines.
Tu as vu les ruines du château? Nous y allons


Voilà ma proposition; tu dois penser à ma proposition.
Tiens, des concombres! Achète deux kilos de concombres!
Le professeur de géographie nous a parlé de Sighişoara; nous irons à Sighişoara.
Jeannot s’est acheté une nouvelle voiture; que penses-tu de sa nouvelle voiture?
Il n’y a plus d’encre dans mon stylo; je vais demander une cartouche d’encre à ma copine.
Cet incident m’a écœuré. – Ne prête plus attention à cet incident!
Tu connais la petite boulangerie du coin? Va dans cette boulangerie et achète six croissants.
Vous vous chargerez de l’affaire Dupuis; Martin connaît tous les détails de cette affaire.


J. Complétez par les pronoms relatifs qui conviennent:

Tu te rappelles le type… je t’avais parlé hier? Il est notre nouveau prof de gym!
Qui est la gentille demoiselle … tu m’as demandé l’adresse?
Dans l’armoire tu trouveras le costume … j’ai fait nettoyer hier.
Ce … vous auriez besoin ce serait un calmant très fort!
Le jour … tu demanderas des excuses nous redeviendrons amis.


Solutions

A.

C’est …
… est …
Il est …
… ce sont …
… sont …
Il est …
… il existe …
Il est …
… est …

B.

eu
eu
été
été
eu
été
eu
été
eu
été

C.

L’eau bouillit
Nous sommes
Qu’est-ce que vous faites
Mon père a dit … il ne sait pas … nous n’avons pas
Peux-tu … Je veux finir … je dois
On ne croit rien … il ment
Vous comprenez
Ces chaussures noires ne vont pas

D.

sont
ont
avons
t’es-tu
As-tu rentré
ils ont
il y a eu
vous êtes-vous… vous vous-êtes quittés
es-tu
as-tu

E.

étaient … allaient
j’avais … je lisais
faisais
rencontrions … entrions … prenions
connaissait … montrait … apprenait
applaudissaient … offraient … demandaient

F.

s’était rencontré … avait traversé … était allé
s’étaient dit … avaient regrettées
aviez pris … étiez allés
avions visité … étions promené
j’avais assité … je m’étais rendu … j’avais été pris
t’étais révéillé … tu m’avais pas dormi

G.

nous partirons
vous sortirez
partiront … y passeront
je dirai
tu feras … on verra
vous démontrera
nous vous quitterons … nous vous écrirons

H.

j’aimerais que tu sois
m’étonnerais qu’ils aient
tu pourrais … je la finisse
bénisse … je ferais
on irait … on prendrait … on ferait … on profiterait
il serait bon que tu ailles
vous pourriez partir … vous ne rentriez

I.

Voilà ma proposition. Tu dois y penser.
Tiens des concombres! Achètes-en deux kilo.
Le professeur de géographie nous a parlé de Sighişoara, nous y irons.
Jeannot s’est acheté une nouvelle voiture, qu’en penses-tu?
Il n’y a plus d’encre dans mon stylo; je vais en demander une cartouche à ma copine.
Cet incident m’a écœuré. N’y prête plus attention.
Tu connais la petite boulangerie du coin? Vas-y et achète six croissants.
Vous vous chargerez de l’affaire. Dupuis Martin en connaît tous les détails.

J.

dont / duquel
dont
que
dont

Encore!

mercredi, octobre 11, 2006

Test initial (Clasa a XI-a - Anul VII de studiu - 2 h / săptămână)

1. Futur. Mettez les verbes au futur simple.

Je ... (s’en aller)
Vous … (s’en approcher
Ils … (chanter)
Je … (devoir)
On … (s’apercevoir)
Tu … (vendre)
Il … (perdre)
Nous … (avoir)
Elle … (partir)
On … (être)
Tu … (choisir)
Elles … (recevoir)
Ils … (venir)
Vous … (répondre)
Elle … (voyager)
Nous … (aller)


2. Luc, Laurent et Cécile. Complétez avec le pronom personnel correct.

Luc et Laurent sont venus chez … pour voir ma moto. Je … réparais au moment où ils sont arrivés, et Cécile a ouvert la porte. Elle … a raconté que je n’arrivais pas à … réparer. Ce n’est pas vrai, et je … déteste quand elle se moque de … comme ça. Ils … ont demandé s’ils pouvaient … aider. Alors, je … ai montré la moto, et je … ai conséillé de ne pas … croire la prochaine fois qu’elle … dit quelque chose. En effet, je ne peux pas … interdire de parler à mes amis, et c’est dommage!


3. Souvenirs. Metterz les verbes à l’imparfait ou au passé composé.

a) Maintenant, il ne fait plus de sport, mais avant, il … (être) très sportif.
b) Toute la semaine dernière, j’ … (être) très malade et je … (ne pas aller) à l’école.
c) L’année dernière, tu … (aller) au collège, mais maintenant, tu vas au lycée.
d) Hier, je … (se promener), mais aujourd’hui, je ne sors pas.
e) Quand je … (être) jeune, je … (passer) mes vacances au bord de la mer, mais cette année, je … (choisir) la campagne.
f) Ce matin, je … (se lever) tôt, mais hier matin à 11 h, tu … (dormir) encore!
g) Aujourd’hui, je suis peut-être paresseux, mais c’est parce que je … (travailler) toute la journée hier et avant-hier.
h) Quand je … (arriver), je … (s’apercevoir) que je … (ne pas avoir) assez d’argent. Alors, je … (ne pas te téléphoner).


4. Rue Lepic. Mettez ce petit texte au passé. Ecrivez seulement les verbes.

Pierre tourne dans la rue Lepic. Il voit une jolie maison, sur la gauche. A la fenêtre, un homme regarde des enfants qui jouent devant la maison. Pierre suppose que c’est leur père. Il les regarde lui aussi: ils sont 3 et ils jouent avec des poupées. Pierre continue, il passe devant eux et leur dit bonjour. A ce moment-là, il entend à l’église qu’il est 3 heures. La rue est calme, il n’y a pas de voiture, et Pierre est content car il n’aime pas la circulation des grandes villes. Cette rue, avec ses jolies maisons et son calme lui plaît.

Mais il doit rentrer chez lui, il ne peut pas rester ici… Quand il arrive, il entend de la musique: Sylvie joue du piano. Quand il entre, il lui dit bonjour mais elle ne lui répond pas et elle continue à jouer. Elle a vraiment mauvais caractère! Alors, il va à la cuisine, fait du café, et en boit un peu. Il en reste pour sa sœur: il y en a pour deux.


5. Trouvez la bonne réponse.

a) Tu as discuté avec qui? un peu / personne / rien / non / beaucoup
b) Qu’est-ce que tu as remarqué? rien / un peu / beaucoup / oui / jamais
c) Elle a donné des concerts? pas / tout / quelqu’un / jamais / si
d) Tu aimes l’écouter? très / beaucoup / pas / jamais / rien
e) Tu as écrit ton article? jamais / encore / plus / pas encore / si


Solutions

1.

je m’en irai
vous vous approcherez
ils chanteront
je devrai
on s’apercevra
tu vendras
il perdra
nous aurons
elle partira
on sera
tu choisiras
elles recevront
ils viendront
vous répondrez
elle voyagera
nous irons

2.

chez moi
la réparais
leur a ouvert
leur a raconté
à la réparer
je la déteste
de moi
ils m’ont demandé
m’aider
je leur ai montré
je les ai conseillé
de ne pas la croire
qu’elle leur dit
lui interdire

3.

a) il était
b) j’ai été très malade
je ne suis pas allé
c) tu allais
d) je me suis promené
e) j’étais
je passais
j’ai choisi
f) tu t’es levé
tu dormais encore
g) j’ai travaillé
je suis arrivé
h) je suis arrivé
je me suis aperçu que
je n’avais pas
je ne t’ai pas téléphoné

4.

a tourné
il a vu
un homme regardait
des enfants qui jouaient
supposait que c’était leur père
il les regardait
ils étaient trois et ils jouaient
Pierre a continué, il a passé
et leur a dit toujours
il a entendu à l’église
qu’il était 3 heures
la rue était calme
il n’y avait pas de voiture
Pierre était content car il n’aimait pas
lui plaisait
il devait rentrer
il ne pouvait pas rester
il est arrivé, il a entendu de la musique: Sylvie jouait du piano
il est entré
il lui a dit bonjour
mais elle ne lui a pas répondu, et elle a continué à jouer
elle avait
il est allé; il a fait du café et en a bu un peu
il en restait
il y en avait pour deux

5.

a) personne
b) rien
c) jamais
d) beaucoup
e) pas encore
Encore!

dimanche, octobre 01, 2006

François Mauriac, Le désert de l’amour (notes de lecture)





Personnages:

Raymond Courrèges
Paul Courrèges - le père
Lucie Courrèges - la mère
Mme Courrèges - la grand-mère
Madeleine Basque - la sœur
Gaston Basque - le beau-frère
Maria Cross

Thèmes abordés:

- la famille
- l’amour
- la mort
- l’adolescence
- la passion
- la fuite


Résumé:

Avec le roman Le désert de l’amour, écrit en 1925, Mauriac a obtenu le grand prix du roman de l’Académie française. Il s’agit d’un roman où surgissent les grands thèmes de l’amour, de la misère de l’âme sans Divinité, du péché dans lequel sont censés tomber les personnages dont la vie se trouve sous l’empire d’une passion dévorante.

Le désert de l’amour c’était, selon l'auteur, « le roman de mon renoncement. Ce pourrait être le titre de mon œuvre entière. »

La famille Courrèges réunissait Mme Courrèges mère, sa bru Lucie Courrèges - femme frustrée par ses lourdes désillusions sociales, maternelles et amoureuses; le jeune ménage des Basque, avec leurs quatre petites filles - « un îlot de méfiance et de secret »; M. Paul Courrèges - homme faible, sans initiative aucune, qui échoue à son tour dans son rôle d’époux et de père de famille (« Toujours ce fut son martyre de ne rien pouvoir exprimer de ses sentiments ») et finalement Raymond Courrèges auquel sa grand-mère reconnaissait le seul mérite de savoir aimer et se faire aimé par ses nièces, les Basque: « Par exemple, il adore les enfants, on ne peut pas lui refuser ça: il n’y a que les petits qui trouvent grâce devant lui. […] Il n’y a qu’à le voir avec ses nièces pour être sûr que ce n’était pas un mauvais drôle. »

Le fils de la famille Courrèges, Raymond, paraît incapable aux yeux de presque toute la famille. De son côté, le jeune homme éprouve une sorte de mépris mêlé de défi envers ses parents. Mauriac exploite dans son livre le filon de l’enfance malheureuse, thème qu’on retrouve d’ailleurs dans Le sagouin, dans la personne de Guillaume, pauvre enfant malheureux qui n’inspire que dégoût et répulsion à sa propre mère qui le traite d’arriéré, d’enfant dégénéré. Pas avec la même verve adoptée dans Le sagouin, Mauriac a su exploiter le calvaire d’un enfant mal-aimé par sa mère. Raymond était selon Mauriac « la plaie de la famille » : « Ainsi, dès son apparition, naissaient à son propos d’aigres paroles. ». « il faisait peur et horreur à ses maîtres qui séparaient le plus possible des autres ce garçon au visage déchiré (parce que sa chair d’enfant supportait mal le rasoir) ».

A première vue, la chair symbolise le péché, le mal dans les romans de Mauriac. Au fur et à mesure d’une lecture plus assidue on aperçoit chez l’auteur une manière à soi de voir la chair. « Cette chair, il ne faut surtout pas la mépriser. Elle n’est pas l’ennemie dont on m’apprenait quand j'étais enfant à avoir honte et à avoir peur. Telle qu’elle est, elle a été sanctifiée par le Fils de l’Homme qui l’a revêtue et elle est sanctifiée par cette présence de l’âme qui la pénètre, qui est capable de Dieu » (Ce que je crois, 1962)

Mauriac trouve au péché une autre origine: « telle inclination, enfouie dans notre chair avant qu'elle fût née, a grandi comme nous [...] a fleuri brusquement sa monstrueuse fleur, » lit-on dans Le désert de l’amour.

Le péché dans Le désert de l’amour est la boue dans laquelle tombent les personnages à cause de leurs complexes quotidiens, de leurs frustrations, de leur sentiment de défaite continue, en bref, à cause de leur manque de foi, à cause de leur séparation de Dieu. Le péché se traduit dans l’œuvre de Mauriac par un égarement de l’homme ou plutôt par une sorte de fuite afin de s’échapper à l’angoisse quotidienne, au désespoir. Combien de fois le docteur Courrèges n’a-t-il pas essayé de pénétrer le coeur de son fils, combien de fois ne s’est-t-il pas culpabilisé pour la rupture entre lui et son fils: « le pauvre enfant me croit son ennemi [...] c’est ma faute et non la sienne ». Combien de fois l’idée du départ, de la fuite n’est pas venue au jeune Raymond qui voulait s’éloigner de son collège et de sa morne famille. Cette fuite c’était pour l’enfant une occasion pour se cacher, pour oublier la haine de son milieu. Raymond essaye de fuir le monde par un geste irréparable, le suicide, qu’heureusement il ne mène pas à bonne fin: « bien des soirs la mort lui apparut ce qui est le plus simple. [...] Dieu ne voulut pas qu’il en trouvât des balles ». Mauriac exploite avec beaucoup d’ingénuosité cette double obsession de la fuite et de la mort qui hante le jeune Raymond.

Si jusqu’à un moment donné, le père est préocuppé de son fils et essaye de communiquer avec lui et de se rapprocher ce visage de glace, il finit par échouer et ressembler de cette manière aux vrais personnages mauriaciens. Désormais entraîné dans une relation extraconjugale, il oublie son fils et ignore le calvaire du jeune adolescent qui est sur le point de se tuer pour cesser d’être la risée universelle. Le titre de mal-aimé peut être attribué à presque tous les personnages de Mauriac. Si Raymond est accablé de honte et de ridicule à cause de l’image que les autres lui imposent, on verra son père connaître l’angoisse générée par la passion envers Maria Cross et aussi sa mère, femme qui est mal-aimée par son époux: « elle fit le geste d’incliner la tête sur l’épaule de son mari, devina son corps rétracté, cette figure close ».

Dans Le désert de l’amour, comme dans la plupart des romans de Mauriac, le personnage principal est une femme, Maria Cross. On a dit qu’elle illustrait le mythe de Phèdre, frequemment répandu dans l’œuvre romanesque de Mauriac car elle se montre comme une femme plutôt agée, amoureuse du jeune Raymond qui pourrait passer pour son fils. Dans ce roman la rivalité dont Maria Cross est l’objet se joue entre un père et son fils. Le ménage à trois du mythe Hippolyte – Phèdre – Thésée est repris par Raymond – Maria Cross – docteur Courrèges.

Le docteur aime en secret Maria Cross - maîtresse entretenue par Victor Larousselle - qui tombe à son tour amoureuse d’un jeune adolescent qui s’avère être le fils de son docteur. Maria Cross aime en Raymond l’image de son fils, le petit François qui est mort à cause d’une méningite. Le roman commence par la fin du fil historique quand déjà la triade a changé. Après une dizaine d’années, Maria Cross entre dans un bar à Paris ou elle va rencontrer par hasard Raymond. Elle n’est plus amoureuse de lui, elle est désormais mariée avec son ancien amant, Victor Larousselle ( « elle souriat dans le vague, indifférente à la présence de Raymond, toute occupée d’il ne savait quelle passion » ). Mais la triade primordiale ne se déchire pas, car Maria Cross devient par ce mariage belle-mère du jeune Bertrand, ancien camarade de Raymond et qui va prendre sa place dans cette triade amoureuse car: « ce nom de Bertrand, il suffit que Maria le prononce pour être détendue, appaisée, attendrie. » Le côté dramatique de l’œuvre de Mauriac est provoqué par cette rupture entre l’amour maternel de Maria Cross pour son feu fils et l’amour charnel, la passion qui salit l’être humain.
Encore!