mardi, novembre 28, 2006

2006

Encore!

Syntaxe de la phrase complexe







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Encore!

Syntaxe de la phrase simple

Encore!

Morphologie

Encore!

Enrico Macias

Encore!

Les Adjectifs démonstratifs (I)


1. Remplacez l’article par l’adjectif démonstratif convenable:

l’herbe; la pomme; le tableau; la harpe; l’écureuil; les ouvrages; le coton; le héron; l’aiguille; le hibou; l’habitude; l’élan; l’hôtel; la fatigue; l’arbre; la honte; le héros; l’homme; l’enfant; l’étudiant.


2. Mettez les adjectifs démonstratifs convenables:

… élève est le meilleur de … classe. Regardez … enfants: ce sont mes neveux. … livres, je les ai achetés pour toi. J’aime … nouvelle voiture, elle est élégante. … enfants est très intelligent: quel bonheur pour ses parents! Tenez … fleur, elles sont pour vous. … hibou a chanté … nuit. … honte, je ne l’oublierai jamais.


3. Complétez par “ces” ou “ses”:

Cette mère est fière de … filles. Ne manquez pas … films, ils sont excellents. … toiles appartiennent à ce peintre, ce sont … derniers succès. … livres ne sont pas à Paul, … livres ne sont pas aussi propres que ceux-ci. Il a remporté … succès grâce à … efforts. Je connais bien Pierre et … goûts; … choses que vous me racontez ne lui ressemblent pas.


4. Complétez les phrases suivantes par les adjectifs démonstratifs convenables:

a) … affaire ne me regarde pas. … escalier me conduit à mon bureau. Les vestiges découverts dans … pays semblent confirmer … hypothèse. Regardez … garçon, il est très doué pour la musique. A qui offrez-vous … fleurs? C’est … blouse que tu viens d’acheter? … héros fut fêté par tous ses camarades. … heures passées à l’étude l’ont marqué. A quoi vous mène-t-elle, … haine? renoncez-y.

b) … individu me semble louche, fais attention. … match sera âprement disputé. … adolescente est vice-championne nationale. Accordez correctement … adjectifs. … point de vue ne se défend pas. Où avez-vous acheté … carte? … orateur a séduit ses auditeurs. Elle répugne à … genre de vie. … démonstration n’est pas convaincante. … lit grince.

c) Je viens de visiter … musée. … accueil chaleureux m’a touché. … spectacle est meilleur que tous les autres du même théâtre. … détails doivent vous suffire, je n’ai rien d’autre à ajouter à ma déclaration. Tu as très bien récité … poésie. Qui a fait … dessins? Tu descends à … hôtel d’habitude? … livres sont dans un désordre indescriptible.

d) Tu nous feras encore … plat, maman? Tu vas peler … orange et la manger tout de suite. Que feras-tu pendant vacances? D’où viennent … bruits? Je ne connaissais pas … ballet, il est assez beau. … soufflé au fromage est délicieux. J’ai trouvé … clés dans la rue, à qui sont-elles? Vous avez acheté … appartement? Où ira-t-on … dimanche?

e) … fleurs sont celles que tu préfères? C’est toi qui a eu … idée? Que pensez-vous de … affirmation? Occupez-vous davantage de … élève, il est assez faible. … aveu est assez surprenant de la part d’un homme comme Alain. … hiver a été plutôt doux. Pourquoi prendre de … initiatives sans consulter personne?

f) Aimes-tu … chanson? … choses ne sont pas pour ton âge petit. … hôtel a été bâti au 18e siècle. Les vacances dans … colonie furent agréables. Toutes … menaces ne l’effrayaient pas. … soirée s’annonce gaie. Les gens attachèrent peu d’importance à … événement.


5. Même exercice:

… encre, l’achèteras-tu aujourd’hui? Il me semble connaître … acteur, je crois l’avoir vu récemment dans un film. Quel temps! et … pluie qui ne cesse plus! Vous êtes sûr qu’il a prononcé … mots? … vieillard, à la tenue correcte, se promène tous les jours sur … boulevard. Regardez: c’est … albul que je voudrais acheter, mais … magasin est fermé. Où iras-tu … après-midi? Par … temps, autant vaut rester à la maison … étude m’a intéressé au plus haut point.


6. Complétez le texte suivant avec des adjectifs démontratifs:

L’ennui c’est qu’elle n’a pas envie de s’attarder dans … cocktail, d’accepter … dîner, d’aller à … projection, à … première, à … conférence qui l’aurait tentée il y a encore un mois ou deux.


7. Traduisez:

a) Erau, în vremea aceea, călduri sufocante care durau toată vara. Omul acesta îmi înţelege necazurile. Gerurile din anul acela fuseseră îngrozitoare. Această viaţă nu avea nimic comun cu cea din oraşul său. Astă seară vom cina împreună. În seara aceea am stat de vorbă cu tata până la miezul nopţii. Toate aceste ameninţări nu-l sperie. Voi trece să te văd într-una din serile astea.

b) Nu vreţi să mâncaţi nimic? luaţi una din tartinele acestea. Această boală m-a silit să mă odihnesc. Felux lua aceste hotărâri cu mare uşurinţă. Nu dormeam în noaptea aceea, la ora 2. Primisem în ziua aceea o veste bună. Nu fuseseră niciodată geruri atât de puternice ca în anul acela. Mă întreb ce face Monica în acest moment. Se gândi din nou la el în vara aceea.

c) Oraşul era superb în primăvara aceea. Acest ceas este stricat, va trebui reparat. Spectacolul acesta te distrează chiar atât de mult? Elevul acesta este foarte bun la franceză. Ale cui sunt aceste cărţi? La spitalul acesta m-am operat. Ţi-ai lucrat singură această rochie? Acest portofel este al tău? Gustă prăjitura asta, e delicioasă. Acest domn în vârstă este unchiul lui Ani.

d) Acest automobil vă aparţine? Locuiesc în acest imobil. Îmi place să mă plimb în acest parc. Iarna aceasta a fost foarte grea. Oul ăsta nu e proaspăt. Vara asta am fost la ţară la bunici. Cine e această doamnă? Când ai primit această invitaţie? Tu ai spart geamul acesta? Cât costă aceste căpşuni? Casa asta e prea mică pentru voi.

e) Îţi înapoiez aceste notiţe şi această revistă şi îţi mulţumesc. Îl cunoşti pe domnul acesta? Comunică-i lui Jean aceste rezultate, poate-l vor interesa. Acest hotel a fost construit de curând. Studentul acesta e foarte talentat, va deveni fără îndoială un bun scriitor. De unde ai această veste?

f) Ce preferi: rochia aceasta sau mantoul acela? Uită-te la balconul acela: e plin de flori. Băieţii aceştia sunt fraţii Melaniei. Copacul acela, de la marginea pădurii, va fi tăiat zilele acestea. Ţi-a plăcut emisiunea pentru tineret de aseară? – De emisiunea aceea voiam să-ţi vorbesc.

g) Nu mă pot hotărî între aceste două poşete: una este prea mare, iar cealaltă are un model cam învechit. Vezi blocul acela din fundul aleii? Acolo stă fratele meu; maşina aceea e a lui. Norii aceia negri care se adună anunţă o furtună iminentă. Camioanele acelea transportă mobila noilor locatari.


Solutions:

1.
cette herbe
cette pomme
ce tableau
cette harpe
cet écureuil
ces ouvrages
ce coton
ce héron
cette aiguille
ce hibou
cette habitude
cet élan
cet hôtel
cette fatigue
cet arbre
cette honte
ce héros
cet homme
cet enfant
cet étudiant

2.
cet élève
cette classe
ces enfants
ces livres
cette nouvelle voiture
cet enfant
ces fleurs
ce hibou
cette nuit
cette honte

3.
ses filles
ces films
ces toiles
ses succès
ces livres
ses livres
ces succès
ses efforts
ses goûts
ces choses

4.
a)
cette – cet – ce – cette – ce – ces – cette – ce – ces – cette

b) cet – ce – cette – ces – ce – cette – cet – ce – cette – ce

c) ce – cet – ce – ces – cette – ces – cet – ces

d) ce – cette – ces – ces – ce – ce – ces – cet – ce

e) ces – cette – cette – cet – cet – cet – ces

f) cette – ces – cet – cette – ces – cette – cet

5.
cette – cet – cette – ces – ce – ce – cet – ce – cet – ce – cette

6.
ce – ce – cette – cette – cette

7.
a)
Il y avait dans ce temps-là des chaleurs étouffantes qui duraient tout l’été. Cet homme comprend mes ennuis. Les gelées de cette année-là avaient été terribles. Cette vie n’avait rien de commun avec celle que l’on menait dans sa ville. Ce soir nous allons dîner ensemble.

b) Vous ne voulez rien manger? prenez une de ces tartines. Cette maladie m’a obligé à me reposer. Felix prenait ces décisions très facilement. Je ne dormais pas cette nuit-là, à 2 h. J’avais reçu ce jour-là une bonne nouvelle. On n’avait jamais connu de gelées aussi terribles que celles de cette année-là. Je me demande ce que Monica fait à cette heure-ci. Elle repensa à lui ce soir-là.

c) La ville était superbe ce printemps-là. Cette montre est détraquée, il faudra la faire réparer. Ce spectacle t’amuse à ce point? Cet élève est très fort en français. A qui sont ces livres? C’est à cet hôpital que je me suis fait opérer. C’est toi-même qui as confectionné cette robe? Ce portefeuille est à toi? Goûtez ce gâteau, il est délicieux. Ce vieux monsieur est l’oncle d’Amie.

d) Cette voiture vous appartient? J’habite dans cet immeuble. J’aime me promener dans ce parc. Cet hiver a été rude. Cet œuf n’est pas frais. Cet été j’ai été à la campagne chez mes grands-parents. Qui est cette dame? Quand as-tu reçu cette invitation? C’est toi qui as brisé cette vitre? Combien coûtent ces fraises? Cette maison est trop petite pour vous.

e) Je te rends ces notes et cette revue et je t’en remercie. Connais-tu ce monsieur? Fais savoir à Jean ces résultats, ils vont peut-être l’intéresser. Cet hôtel vient d’être construit. Cet étudiant est très doué, il deviendra sans doute un bon écrivain. D’où tiens-tu cette nouvelle?

f) Que préfères-tu: cette robe-ci ou ce manteau-là? Regarde ce balcon-là: il est plein de fleurs. Ces garçons sont les frères de Mélanie. Cet arbre-là, à la lisière de la forêt, sera abattu ces jours-là. As-tu aimé l’émission d’hier soir consacrés à la jeunesse? C’est de cette émission-là que je voulais te parler.

g) J’ai l’embarras du choix entre ces deux sacs: l’un est trop grand et l’autre a un modèle un peu vieilli. Vois-tu cet immeuble-là au fond de l’allée? C’est là qu’habite mon frère; cette voiture-là est à lui. Ces nuages-là noirs qui s’amoncellent annoncent un orage imminent. Ces camions-là transportent les meubles des nouveaux locataires.
Encore!

samedi, novembre 25, 2006

Fernandel

Encore!

Serge Gainsbourg

Encore!

Jacques Dutronc

Encore!

Léo Ferré

Encore!

jeudi, novembre 23, 2006

Bénabar – Y a une fille qu’habite chez moi



Y a une fille qu’habite chez moi

Plusieurs indices m'ont mis la puce à l'oreille
J'ouvre l'oeil
J'vais faire une enquète pour en avoir le coeur net
Ca m'inquiète

Y'a des détails qui trompent pas

Les draps la couette et la taie d'oreiller
Sont plus dépareillés
A coté de mes fringues en boule
Y'a des vêtements pliés et repassés

Y'a des détails qui trompent pas
J'crois qu'y a une fille qu'habite chez moi!

Deux brosses à dent dans la salle de bain
Du savon sans savon et le sèche-cheveux
C'est certainement pas le mien
Des petites boules bizarres
Pour parfumer la baignoire
C'est un vrai cauchemar
Quelqu'un a maasacré tous mes amis cafards!

Dans la cuisine des sachets de thé
De verveine de camomille
Un message sur le répondeur d'une mère
Qu'est pas la mienne
V'là qu'elle s'en prend à ma famille!

Y'a des détails qui trompent pas

Quelqu'un en douce a fait la vaiselle
Où sont mes habitudes mon ménage trimestriel?
J'ouvre le frigo horreur c'est d'la folie!
Y'a plein de légumes!
Y'a même des fruits!

Y'a des détails qui trompent pas
j'crois qu'ya une fille qu'habite chez moi!

Où sont mes potes qui glandaient devant la télé
Les boîtes de pizza les paquets de chips éventrés
Les mégots de cigarettes écrasés dans les assiettes
Ma collection de new look? aux oubliettes!

Sur la table de nuit y'a plus de capotes mais de l'aspirine
Y'a une fille qu'habite chez moi
Y'a aussi des bougies contre l'odeur de la nicotine
Y'a une fille qu'habite chez moi!

Y'a des détails qui trompent pas

Y'a un vrai rideau y'a plus un drap cloué sur la fenêtre!
Qu'est ce que c'est que ça mon Dieu c'est une plante verte!

L'aspirateur est encore chaud
C'est trop je porte plainte!
Je vais l'emmener au labo
Pour vérifier les empreintes

On dirait que je suis plus célibataire
La coupable je la tiens
Elle est devant l'étau se resserre
Accrochée au téléphone assise en tailleur
Dans une jolie robe à fleur
Une fille me dit "arrête ton cinéma
Et le loyer je le paye autant que toi!"
Encore!

Jacques Brel – Mon enfance



Mon enfance

Mon enfance passa
De grisailles en silences
De fausses révérences
En manque de batailles
L'hiver j'étais au ventre
De la grande maison
Qui avait jeté l'ancre
Au nord parmi les joncs
L'été à moitié nu
Mais tout à fait modeste
Je devenais indien
Pourtant déjà certain
Que mes oncles repus
M'avaient volé le Far West

Mon enfance passa
Les femmes aux cuisines
Où je rêvais de Chine
Vieillissaient en repas
Les hommes au fromage
S'enveloppaient de tabac
Flamands taiseux et sages
Et ne me savaient pas
Moi qui toutes les nuits
Agenouillé pour rien
Arpégeais mon chagrin
Au pied du trop grand lit
Je voulais prendre un train
Que je n'ai jamais pris

Mon enfance passa
De servante en servante
Je m'étonnais déjà
Qu'elles ne fussent point plantes
Je m'étonnais encore
De ces ronds de famille
Flânant de mort en mort
Et que le deuil habille
Je m'étonnais surtout
D'être de ce troupeau
Qui m'apprenait à pleurer
Que je connaissais trop
J'avais L'œil du berger
Mais le cœur de l'agneau

Mon enfance éclata
Ce fut l'adolescence
Et le mur du silence
Un matin se brisa
Ce fut la première fleur
Et la première fille
La première gentille
Et la première peur
Je volais je le jure
Je jure que je volais
Mon cœur ouvrait les bras
Je n'étais plus barbare

Et la guerre arriva

Et nous voilà ce soir.
Encore!

Jacques Brel – Le plat pays



Le plat pays

Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien

Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien

Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien

Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien.
Encore!

Jacques Brel – Les bourgeois



Les bourgeois

Le cœur bien au chaud
Les yeux dans la bière
Chez la grosse Adrienne de Montalant
Avec l'ami Jojo
Et avec l'ami Pierre
On allait boire nos vingt ans
Jojo se prenait pour Voltaire
Et Pierre pour Casanova
Et moi, moi qui étais le plus fier
Moi, moi je me prenais pour moi
Et quand vers minuit passaient les notaires
Qui sortaient de l'hôtel des "Trois Faisans"
On leur montrait notre cul et nos bonnes manières
En leur chantant

Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient c...

Le cœur bien au chaud
Les yeux dans la bière
Chez la grosse Adrienne de Montalant
Avec l'ami Jojo
Et avec l'ami Pierre
On allait brûler nos vingt ans
Voltaire dansait comme un vicaire
Et Casanova n'osait pas
Et moi, moi qui restait le plus fier
Moi j'étais presque aussi saoul que moi
Et quand vers minuit passaient les notaires
Qui sortaient de l'hôtel des "Trois Faisans"
On leur montrait notre cul et nos bonnes manières
En leur chantant

Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient c...

Le cœur au repos
Les yeux bien sur terre
Au bar de l'hôtel des "Trois Faisans"
Avec maître Jojo
Et avec maître Pierre
Entre notaires on passe le temps
Jojo parle de Voltaire
Et Pierre de Casanova
Et moi, moi qui suis resté le plus fier
Moi, moi je parle encore de moi
Et c'est en sortant vers minuit Monsieur le Commissaire
Que tous les soirs de chez la Montalant
De jeunes "peigne-culs" nous montrent leur derrière
En nous chantant

Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient c...
Encore!

Enrico Macias – Oh, guitare, guitare


Encore!

Enrico Macias – Jérusalem


Encore!

Serge Gainsbourg – Le poinçonneur des lilas



Le poinçonneur des lilas

J'suis l'poinçonneur des Lilas
Le gars qu'on croise et qu'on n' regarde pas
Y a pas d'soleil sous la terre
Drôle de croisière
Pour tuer l'ennui j'ai dans ma veste
Les extraits du Reader Digest
Et dans c'bouquin y a écrit
Que des gars s'la coulent douce à Miami
Pendant c'temps que je fais l'zouave
Au fond d'la cave
Paraît qu'y a pas d'sot métier
Moi j'fais des trous dans des billets

J'fais des trous, des p'tits trous, encor des p'tits trous
Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous
Des trous d'seconde classe
Des trous d'première classe
J'fais des trous, des p'tits trous, encor des p'tits trous
Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous
Des petits trous, des petits trous,
Des petits trous, des petits trous

J'suis l'poinçonneur des Lilas
Pour Invalides changer à Opéra
Je vis au cœur d'la planète
J'ai dans la tête
Un carnaval de confettis
J'en amène jusque dans mon lit
Et sous mon ciel de faïence
Je n'vois briller que les correspondances
Parfois je rêve je divague
Je vois des vagues
Et dans la brume au bout du quai
J'vois un bateau qui vient m'chercher

Pour m'sortir de ce trou où je fais des trous
Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous
Mais l'bateau se taille
Et j'vois qu'je déraille
Et je reste dans mon trou à faire des p'tits trous
Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous

Des petits trous, des petits trous,
Des petits trous, des petits trous

J'suis l'poinçonneur des Lilas
Arts-et-Métiers direct par Levallois
J'en ai marre j'en ai ma claque
De ce cloaque
Je voudrais jouer la fill'' de l'air
Laisser ma casquette au vestiaire
Un jour viendra j'en suis sûr
Où j'pourrais m'évader dans la nature
J'partirai sur la grand'route
Et coûte que coûte
Et si pour moi il n'est plus temps
Je partirai les pieds devant

J'fais des trous, des p'tits trous, encor des p'tits trous
Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous

Y a d'quoi d'venir dingue
De quoi prendre un flingue
S'faire un trou, un p'tit trou, un dernier p'tit trou
Un p'tit trou, un p'tit trou, un dernier p'tit trou
Et on m'mettra dans un grand trou
Où j'n'entendrai plus parler d'trou plus jamais d'trou
De petits trous de petits trous de petits trous
Encore!

Serge Reggiani – Le déserteur



Le déserteur

Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter

Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer


Nota:
La version initiale des 2 derniers vers était:
"que je tiendrai une arme ,
et que je sais tirer ..."
Boris Vian a accepté la modification de son ami Mouloudji
pour conserver le côté pacifiste de la chanson !
Encore!

Yves Montand – Les feuilles mortes



Les feuilles mortes

Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis.
En ce temps-là la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle.
Tu vois, je n'ai pas oublié...
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié
La chanson que tu me chantais.

{Refrain:}
C'est une chanson qui nous ressemble.
Toi, tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle
Sourit toujours et remercie la vie.
Je t'aimais tant, tu étais si jolie.
Comment veux-tu que je t'oublie ?
En ce temps-là, la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais,
Toujours, toujours je l'entendrai !

{Refrain}


Nota:
Dans la version par Mouloudji, la 2ème strophe du refrain est :
"Moi, je t'aimais, toi tu m'aimais"
Encore!

Dalida - Le restaurant italien



Le restaurant italien

Certains soirs de mélancolie
Quand le brouillard est sur Paris
Je vais retrouver quelque part
Une Italie qui fume tard

C'est tout en haut de la vieille ville
C'est tout en I, c'est tout en huile
Moitié donjon, moitié moulin
Moitié Venise et moitié rien

Au restaurant italien
On se parle avec les mains
On vient ranimer le feu du ciel napolitain
Au restaurant italien
Les tragédies de la vie
Se transforment en comédie
Comme à l'opéra et ça n'en finit pas

On y cultive les secrets
On y interdit le silence
On fait du faux avec du vrai
Et l'on y dîne comme on danse
Le seigneur des lieux vous reçoit
Comme au temps de la renaissance
Et quand il fait claquer ses doigts
C'est le spectacle qui commence

Au restaurant italien
On se parle avec les mains
On vient ranimer le feu du ciel napolitain
Au restaurant italien
Les tragédies de la vie
Se transforment en comédie
Comme à l'opéra et ça n'en finit pas

{Instrumental}

On s'y éclaire avec des stars
On entend rire des poètes
On y échange des regards ou l'on se moque des prophètes
Soudain arrive un maestro
Accompagné de sa Diva
A son entrée on crie bravo
Et on se lève quand il s'en va

Au restaurant italien
On se parle avec les mains
On vient ranimer le feu du ciel napolitain
Au restaurant italien
Les tragédies de la vie
Se transforment en comédie
Comme à l'opéra et ça n'en finit pas

Au restaurant Italien
La, la, la...
Au restaurant Italien
Les tragédies de la vie
Se transforment en comédie
Comme à l'opéra et ça n'en finit pas
Encore!

Dalida et Alain Delon – Paroles, paroles



Paroles, paroles

A.Delon:
C'est étrange,
je n'sais pas ce qui m'arrive ce soir,
Je te regarde comme pour la première fois.

Dalida:
Encore des mots toujours des mots
les mêmes mots
Je n'sais plus comment te dire,
Rien que des mots
Mais tu es cette belle histoire d'amour...
que je ne cesserai jamais de lire.
Des mots faciles des mots fragiles
C'était trop beau
Tu es d'hier et de demain
Bien trop beau
De toujours ma seule vérité.
Mais c'est fini le temps des rêves
Les souvenirs se fanent aussi
quand on les oublie
Tu es comme le vent qui fait chanter les violons
et emporte au loin le parfum des roses.
Caramels, bonbons et chocolats
Par moments, je ne te comprends pas.
Merci, pas pour moi
Mais tu peux bien les offrir à une autre
qui aime le vent et le parfum des roses
Moi, les mots tendres enrobés de douceur
se posent sur ma bouche mais jamais sur mon cœur
Une parole encore.
Parole, parole, parole
Ecoute-moi.
Parole, parole, parole
Je t'en prie.
Parole, parole, parole
Je te jure.
Parole, parole, parole, parole, parole
encore des paroles que tu sèmes au vent
Voilà mon destin te parler....
te parler comme la première fois.
Encore des mots toujours des mots
les mêmes mots

Comme j'aimerais que tu me comprennes.
Rien que des mots
Que tu m'écoutes au moins une fois.
Des mots magiques des mots tactiques
qui sonnent faux
Tu es mon rêve défendu.
Oui, tellement faux
Mon seul tourment et mon unique espérance.
Rien ne t'arrête quand tu commences
Si tu savais comme j'ai envie
d'un peu de silence
Tu es pour moi la seule musique...
qui fit danser les étoiles sur les dunes
Caramels, bonbons et chocolats
Si tu n'existais pas déjà je t'inventerais.
Merci, pas pour moi
Mais tu peux bien les offrir à une autre
qui aime les étoiles sur les dunes
Moi, les mots tendres enrobés de douceur
se posent sur ma bouche mais jamais sur mon cœur
Encore un mot juste une parole
Parole, parole, parole
Ecoute-moi.
Parole, parole, parole
Je t'en prie.
Parole, parole, parole
Je te jure.
Parole, parole, parole, parole, parole
encore des paroles que tu sèmes au vent
Que tu es belle !
Parole, parole, parole
Que tu est belle !
Parole, parole, parole
Que tu es belle !
Parole, parole, parole
Que tu es belle !
Parole, parole, parole, parole, parole
encore des paroles que tu sèmes au vent
Encore!

Fernandel – Le tango corse



Le tango corse

Au bal du petit Ajaccio
On ne dans pas le mambo
Ni le bee-bop, ni la biguine
Mais un vrais tango d'origine

Le tango Corse, c'est un tango conditionné
Le tango Corse, c'est de la sieste organisée
On se déplace pour être sur qu'on ne dort pas
On se prélasse, le tango Corse c'est comme ça !

Quand Dominique est fatigué
De voir les autres travailler
Il s'accorde un peu de repos
Juste le temps d'un petit tango.

Le tango Corse, c'est un tango conditionné
Le tango Corse, c'est l'avant goût de l'oreiller
Le Dominique se croit déjà en pyjama
C'est magnifique, le tango Corse c'est comme ça.

Un jour des musiciens du nord
On joué trop vite et trop fort
Un vrai tango de salarié !
On ne les a jamais retrouvés !

Le tango Corse, c'est un tango sélectionné
Le tango Corse, pour les courageux fatigués
Chacun s'étire en même temps que l'accordéon
Et l'on soupire, le tango Corse que c'est bon !

Quand a bout de forces
On va s'étendre une heure ou deux
Le tango Corse, c'est encore là
Qu'on le danse le mieux !
Encore!

Fernandel – Félicie aussi



Félicie aussi

C'est dans un coin du bois d'Boulogne
Que j'ai rencontré Félicie
Elle arrivait de la Bourgogne
Et moi j'arrivai en Taxi
Je trouvai vite une occasion
D'engager la conversation

Il faisait un temps superbe
Je me suis assis sur l'herbe
Félicie aussi
J'pensais les arbres bourgeonnent
Et les gueules de loup boutonnent
Félicie aussi
Près de nous sifflait un merle
La rosée faisait des perles
Félicie aussi
Un clocher sonnait tout proche
Il avait une drôle de cloche
Félicie aussi

Afin d'séduire la petite chatte
Je l'emmenai dîner chez Chartier
Comme elle est fine et délicate
Elle prit un pied d'cochon grillé
Et pendant qu'elle mangeait le sien
J'lui fit du pied avec le mien

J'pris un homard sauce tomates
Il avait du poil au pattes
Félicie aussi
Puis une sorte de plat aux nouilles
On aurait dit une andouille
Félicie aussi
Je m'offris une gibelotte
Elle embaumait l'échalotte
Félicie aussi
Puis une poire et des gaufrettes
Seulement la poire était blette
Félicie aussi

L'Aramon lui tournant la tête
Elle murmura " quand tu voudras "
Alors j'emmenai ma conquête
Dans un hôtel tout près de là
C'était l'hotêl d'Abyssinie
Et du Calvados réuni

J'trouvai la chambre ordinaire
Elle était pleine de poussière
Félicie aussi
Je m'lavai les mains bien vite
L'lavabo avait une fuite
Félicie aussi
Sous l'armoire y avait une cale
Car elle était toute bancale
Félice aussi
Y avait un fauteuil en plus
Mais il était rempli d'puce
Félicie aussi
Et des draps de toiles molles
Me chatouillaient les guiboles
Félicie aussi
Encore!

Serge Gainsbourg et Jane Birkin – Je t’aime, moi non plus



Je t’aime, moi non plus

Je t'aime
oh, oui je t'aime!
moi non plus
oh, mon amour...
comme la vague irrésolu
je vais je vais et je viens
entre tes reins
et je
me retiens-je t'aime je t'aime
oh, oui je t'aime !
moi non plus
oh mon amour...
tu es la vague, moi l'île nue
tu va et tu viens
entre mes reins
tu vas et tu viens
entre mes reins
et je
te rejoins- je t'aime je t'aime
moi non plus
oh, mon amour...
comme la vague irrésolu
je vais je vais et je viens
entre tes reins
et je
me retiens
tu va et tu viens
entre mes reins
tu vas et tu viens
entre mes reins
et je
te rejoins- je t'aime je t'aime
oh, oui je t'aime !
moi non plus
oh mon amour...
l'amour physique est sans issue
je vais et je viens
entre tes reins
je vais et je viens
et je me retiens
non ! main-
tenant
Viens !
Encore!

Jacques Dutronc – Et moi, et moi, et moi



Et moi, et moi, et moi

Sept cent millions de chinois
Et moi, et moi, et moi
Avec ma vie, mon petit chez-moi
Mon mal de tête, mon point au foie
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie

Quatre-vingt millions d'indonésiens
Et moi, et moi, et moi
Avec ma voiture et mon chien
Son Canigou quand il aboie
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie

Trois ou quatre cent millions de noirs
Et moi, et moi, et moi
Qui vais au brunissoir
Au sauna pour perdre du poids
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie

Trois cent millions de soviétiques
Et moi, et moi, et moi
Avec mes manies et mes tics
Dans mon p'tit lit en plume d'oie
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie

Cinquante millions de gens imparfaits
Et moi, et moi, et moi
Qui regarde Catherine Langeais
A la télévision chez moi
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie

Neuf cent millions de crève-la-faim
Et moi, et moi, et moi
Avec mon régime végétarien
Et tout le whisky que je m'envoie
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie

Cinq cent millions de sud-américains
Et moi, et moi, et moi
Je suis tout nu dans mon bain
Avec une fille qui me nettoie
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie

Cinquante millions de vietnamiens
Et moi, et moi, et moi
Le dimanche à la chasse au lapin
Avec mon fusil, je suis le roi
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie

Cinq cent milliards de petits martiens
Et moi, et moi, et moi
Comme un con de parisien
J'attends mon chèque de fin de mois
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie
Encore!

Jacques Dutronc – L'opportuniste



L'opportuniste

Je suis pour le communisme
Je suis pour le socialisme
Et pour le capitalisme
Parce que je suis opportuniste

Il y en a qui contestent
Qui revendiquent et qui protestent
Moi je ne fais qu'un seul geste
Je retourne ma veste, je retourne ma veste
Toujours du bon côté

Je n'ai pas peur des profiteurs
Ni même des agitateurs
J'fais confiance aux électeurs
Et j'en profite pour faire mon beurre

Il y en a qui contestent
Qui revendiquent et qui protestent
Moi je ne fais qu'un seul geste
Je retourne ma veste, je retourne ma veste
Toujours du bon côté

Je suis de tous les partis
Je suis de toutes les partys
Je suis de toutes les cauteries
Je suis le roi des convertis

Il y en a qui contestent
Qui revendiquent et qui protestent
Moi je ne fais qu'un seul geste
Je retourne ma veste, je retourne ma veste
Toujours du bon côté

Je crie vive la révolution
Je crie vive les institutions
Je crie vive les manifestations
Je crie vive la collaboration

Non jamais je ne conteste
Ni revendique ni ne proteste
Je ne sais faire qu'un seul geste
Celui de retourner ma veste, de retourner ma veste
Toujours du bon côté

Je l'ai tellement retournée
Qu'ell' craqu' de tous côtés
A la prochain' révolution
Je retourn' mon pantalon
Encore!

Jacques Dutronc – Gentleman cambrioleur



Gentleman cambrioleur

C'est le plus grand des voleurs,
Oui, mais c'est un gentleman.
Il s'empar' de vos valeurs
Sans vous menacer d'une arm'.
Quand il détrouss' une femm',
Il lui fait porter des fleurs.
Gentleman cambrioleur
Est un grand seigneur.
Il viens chez vous la nuit
Sans déranger votre sommeil.
Il décroche sans bruit
Le tableau acheté la veill',
Puis avant de partir,
Après ses coupables travaux,
Il laisse un mot sur le piano.

C'est le plus grand des voleurs,
Oui, mais c'est un gentleman
Et chaque femme à son heure
Rêve de voir son visag'.
De l'actrice à la danceuse
Et l'épouse la meilleur',
Gentleman cambrioleur
A gagné le cœur.
Encore!

Jacques Dutronc – Les playboys



Les playboys

Il y a les playboys de profession
Habillés par Cardin et chaussés par Carvil
Qui roul'nt en Ferrari à la plag' comme en ville
Qui vont chez Cartier comme ils vont chez Fauchon

Croyez-vous que je sois jaloux ? Pas du tout, pas du tout !
Moi j'ai un piège à fille, un piège tabou
Un joujou extra qui fait crac boum hu
Les fill's en tomb'nt à mes g'noux

J'ai pas peur des petits minets
Qui mangent leur ronron au Drugstore
Ils travaill'nt tout comme les castors
Ni avec leurs mains, ni avec leurs pieds

Croyez-vous que je sois jaloux ? Pas du tout, pas du tout !
Moi j'ai un piège à fille, un piège tabou
Un joujou extra qui fait crac boum hu
Les fill's en tomb'nt à mes g'noux

Je ne crains pas les costauds, les Supermans
Les bébés aux carrur's d'athlètes
Aux yeux d'acier, aux sourir's coquets
En Harley Davidson ils se promènent

Croyez-vous que je sois jaloux ? Pas du tout, pas du tout !
Moi j'ai un piège à fille, un piège tabou
Un joujou extra qui fait crac boum hu
Les fill's en tomb'nt à mes g'noux

Il y a les drogués, les fous du Zen
Ceux qui lis'nt et ceux qui sav'nt parler
Aux mann'quins d'chez Cath'rine Harle
Ceux qui se marient à la Mad'leine

Croyez-vous que je sois jaloux ? Pas du tout, pas du tout !
Moi j'ai un piège à fille, un piège tabou
Un joujou extra qui fait crac boum hu
Les fill's en tomb'nt à mes g'noux
Encore!

Jacques Dutronc – Il est 5 heures, Paris s'éveille



Il est 5 heures, Paris s'éveille

Je suis l'dauphin d'la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvaise mine
Les camions sont pleins de lait
Les balayeurs sont pleins d'balais

Il est cinq heures
Paris s'éveille
Paris s'éveille

Les travestis vont se raser
Les stripteaseuses sont rhabillées
Les traversins sont écrasés
Les amoureux sont fatigués

Il est cinq heures
Paris s'éveille
Paris s'éveille

Le café est dans les tasses
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse
La gare n'est plus qu'une carcasse

Il est cinq heures
Paris s'éveille
Paris s'éveille

La tour Eiffel a froid aux pieds
L'Arc de Triomphe est ranimé
Et l'Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée

Il est cinq heures
Paris s'éveille
Paris s'éveille

Les banlieusards sont dans les gares
A la Villette on tranche le lard
Paris by night, regagne les cars
Les boulangers font des bâtards

Il est cinq heures
Paris s'éveille
Paris s'éveille

Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent, ils sont brimés
C'est l'heure où je vais me coucher

Il est cinq heures
Paris se lève
Il est cinq heures
Je n'ai pas sommeil
Encore!

Jacques Brel – Le moribond



Le moribond

Adieu l'Émile je t'aimais bien
Adieu l'Émile je t'aimais bien tu sais
On a chanté les mêmes vins
On a chanté les mêmes filles
On a chanté les mêmes chagrins
Adieu l'Émile je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps tu sais
Mais je pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que tu es bon comme du pain blanc
Je sais que tu prendras soin de ma femme
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Je veux qu'on s'amuse comme des fous
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Quand c'est qu'on me mettra dans le trou

Adieu Curé je t'aimais bien
Adieu Curé je t'aimais bien tu sais
On n'était pas du même bord
On n'était pas du même chemin
Mais on cherchait le même port
Adieu Curé je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps tu sais
Mais je pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que tu étais son confident
Je sais que tu prendras soin de ma femme
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Je veux qu'on s'amuse comme des fous
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Quand c'est qu'on me mettra dans le trou

Adieu l'Antoine je t'aimais pas bien
Adieu l'Antoine je t'aimais pas bien tu sais
J'en crève de crever aujourd'hui
Alors que toi tu es bien vivant
Et même plus solide que l'ennui
Adieu l'Antoine je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps tu sais
Mais je pars aux fleurs la paix dans l'âme
Car vu que tu étais son amant
Je sais que tu prendras soin de ma femme
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Je veux qu'on s'amuse comme des fous
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Quand c'est qu'on me mettra dans le trou

Adieu ma femme je t'aimais bien
Adieu ma femme je t'aimais bien tu sais
Mais je prends le train pour le Bon Dieu
Je prends le train qui est avant le tien
Mais on prend tous le train qu'on peut
Adieu ma femme je vais mourir
C'est dur de mourir au printemps tu sais
Mais je pars aux fleurs les yeux fermés ma femme
Car vu que je les ai fermés souvent
Je sais que tu prendras soin de mon âme
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Je veux qu'on s'amuse comme des fous
Je veux qu'on rie
Je veux qu'on danse
Quand c'est qu'on me mettra dans le trou
Encore!

Georges Brassens – Le gorille



Le gorille

C'est à travers de larges grilles,
Que les femelles du canton,
Contemplaient un puissant gorille,
Sans souci du qu'en-dira-t-on.
Avec impudeur, ces commères
Lorgnaient même un endroit précis
Que, rigoureusement ma mère
M'a défendu de nommer ici...
Gare au gorille !...

Tout à coup la prison bien close
Où vivait le bel animal
S'ouvre, on n'sait pourquoi. Je suppose
Qu'on avait du la fermer mal.
Le singe, en sortant de sa cage
Dit "C'est aujourd'hui que j'le perds !"
Il parlait de son pucelage,
Vous aviez deviné, j'espère !
Gare au gorille !...

L'patron de la ménagerie
Criait, éperdu : "Nom de nom !
C'est assommant car le gorille
N'a jamais connu de guenon !"
Dès que la féminine engeance
Sut que le singe était puceau,
Au lieu de profiter de la chance,
Elle fit feu des deux fuseaux !
Gare au gorille !...

Celles là même qui, naguère,
Le couvaient d'un œil décidé,
Fuirent, prouvant qu'elles n'avaient guère
De la suite dans les idées ;
D'autant plus vaine était leur crainte,
Que le gorille est un luron
Supérieur à l'homme dans l'étreinte,
Bien des femmes vous le diront !
Gare au gorille !...

Tout le monde se précipite
Hors d'atteinte du singe en rut,
Sauf une vielle décrépite
Et un jeune juge en bois brut;
Voyant que toutes se dérobent,
Le quadrumane accéléra
Son dandinement vers les robes
De la vieille et du magistrat !
Gare au gorille !...

"Bah ! soupirait la centenaire,
Qu'on puisse encore me désirer,
Ce serait extraordinaire,
Et, pour tout dire, inespéré !" ;
Le juge pensait, impassible,
"Qu'on me prenne pour une guenon,
C'est complètement impossible..."
La suite lui prouva que non !
Gare au gorille !...

Supposez que l'un de vous puisse être,
Comme le singe, obligé de
Violer un juge ou une ancêtre,
Lequel choisirait-il des deux ?
Qu'une alternative pareille,
Un de ces quatres jours, m'échoie,
C'est, j'en suis convaincu, la vieille
Qui sera l'objet de mon choix !
Gare au gorille !...

Mais, par malheur, si le gorille
Aux jeux de l'amour vaut son prix,
On sait qu'en revanche il ne brille
Ni par le goût, ni par l'esprit.
Lors, au lieu d'opter pour la vieille,
Comme l'aurait fait n'importe qui,
Il saisit le juge à l'oreille
Et l'entraîna dans un maquis !
Gare au gorille !...

La suite serait délectable,
Malheureusement, je ne peux
Pas la dire, et c'est regrettable,
Ça nous aurait fait rire un peu ;
Car le juge, au moment suprême,
Criait : "Maman !", pleurait beaucoup,
Comme l'homme auquel, le jour même,
Il avait fait trancher le cou.
Gare au gorille !...
Encore!

Georges Brassens – L’orage



L'orage

Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps
Le beau temps me dégoute et m'fait grincer les dents
Le bel azur me met en rage
Car le plus grand amour qui m'fut donné sur terr'
Je l'dois au mauvais temps, je l'dois à Jupiter
Il me tomba d'un ciel d'orage

Par un soir de novembre, à cheval sur les toits
Un vrai tonnerr' de Brest, avec des cris d'putois
Allumait ses feux d'artifice
Bondissant de sa couche en costume de nuit
Ma voisine affolée vint cogner à mon huis
En réclamant mes bons offices

" Je suis seule et j'ai peur, ouvrez-moi, par pitié
Mon époux vient d'partir faire son dur métier
Pauvre malheureux mercenaire
Contraint d'coucher dehors quand il fait mauvais temps
Pour la bonne raison qu'il est représentant
D'un' maison de paratonnerres "

En bénissant le nom de Benjamin Franklin
Je l'ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins
Et puis l'amour a fait le reste
Toi qui sèmes des paratonnerr's à foison
Que n'en as-tu planté sur ta propre maison
Erreur on ne peut plus funeste

Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs
La belle, ayant enfin conjuré sa frayeur
Et recouvré tout son courage
Rentra dans ses foyers fair' sécher son mari
En m'donnant rendez-vous les jours d'intempérie
Rendez-vous au prochain orage

A partir de ce jour j'n'ai plus baissé les yeux
J'ai consacré mon temps à contempler les cieux
A regarder passer les nues
A guetter les stratus, à lorgner les nimbus
A faire les yeux doux aux moindres cumulus
Mais elle n'est pas revenue

Son bonhomm' de mari avait tant fait d'affair's
Tant vendu ce soir-là de petits bouts de fer
Qu'il était dev'nu millionnaire
Et l'avait emmenée vers des cieux toujours bleus
Des pays imbécil's où jamais il ne pleut
Où l'on ne sait rien du tonnerre

Dieu fass' que ma complainte aille, tambour battant
Lui parler de la pluie, lui parler du gros temps
Auxquels on a t'nu tête ensemble
Lui conter qu'un certain coup de foudre assassin
Dans le mill' de mon cœur a laissé le dessin
D'un' petit' fleur qui lui ressemble
Encore!

Georges Brassens – Le temps ne fait rien à l’affaire



Le temps ne fait rien à l’affaire

Quand ils sont tout neufs
Qu'ils sortent de l'œuf
Du cocon
Tous les jeunes blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons
Quand ils sont d'venus
Des têtes chenues
Des grisons
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunots
Pour des cons
Moi, qui balance entre deux âges
J'leur adresse à tous un message

Le temps ne fait rien à l'affaire
Quand on est con, on est con
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan

Vous, les cons naissants
Les cons innocents
Les jeun's cons
Qui n'le niez pas
Prenez les papas
Pour des cons
Vous, les cons âgés
Les cons usagés
Les vieux cons
Qui, confessez-le
Prenez les p'tits bleus
Pour des cons
Méditez l'impartial message
D'un type qui balance entre deux âges

Le temps ne fait rien à l'affaire
Quand on est con, on est con
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan
Encore!

Georges Brassens - La mauvaise réputation



La mauvaise réputation

Au village, sans prétention,
J'ai mauvaise réputation.
Qu'je m'démène ou qu'je reste coi
Je pass' pour un je-ne-sais-quoi!
Je ne fait pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde médit de moi,
Sauf les muets, ça va de soi.

Le jour du Quatorze Juillet
Je reste dans mon lit douillet.
La musique qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas.
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En n'écoutant pas le clairon qui sonne.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde me montre du doigt
Sauf les manchots, ça va de soi.

Quand j'croise un voleur malchanceux,
Poursuivi par un cul-terreux;
J'lance la patte et pourquoi le taire,
Le cul-terreux s'retrouv' par terre
Je ne fait pourtant de tort à personne,
En laissant courir les voleurs de pommes.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde se rue sur moi,
Sauf les culs-de-jatte, ça va de soi.

Pas besoin d'être Jérémie,
Pour d'viner l'sort qui m'est promis,
S'ils trouv'nt une corde à leur goût,
Ils me la passeront au cou,
Je ne fait pourtant de tort à personne,
En suivant les ch'mins qui n'mènent pas à Rome,
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout l'mond' viendra me voir pendu,
Sauf les aveugles, bien entendu.
Encore!

Léo Ferré - Les anarchistes



Les anarchistes

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart Espagnols allez savoir pourquoi
Faut croire qu'en Espagne on ne les comprend pas
Les anarchistes

Ils ont tout ramassé
Des beignes et des pavés
Ils ont gueulé si fort
Qu'ils peuv'nt gueuler encore
Ils ont le cœur devant
Et leurs rêves au mitan
Et puis l'âme toute rongée
Par des foutues idées

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
La plupart fils de rien ou bien fils de si peu
Qu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'eux
Les anarchistes

Ils sont morts cent dix fois
Pour que dalle et pour quoi ?
Avec l'amour au poing
Sur la table ou sur rien
Avec l'air entêté
Qui fait le sang versé
Ils ont frappé si fort
Qu'ils peuvent frapper encor

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
Et s'il faut commencer par les coups d'pied au cul
Faudrait pas oublier qu'ça descend dans la rue
Les anarchistes

Ils ont un drapeau noir
En berne sur l'Espoir
Et la mélancolie
Pour traîner dans la vie
Des couteaux pour trancher
Le pain de l'Amitié
Et des armes rouillées
Pour ne pas oublier

Qu'y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent
Et qu'ils se tiennent bien le bras dessus bras dessous
Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout
Les anarchistes
Encore!

Léo Ferré - Petite



Petite

Tu as des yeux d'enfant malade
Et moi j'ai des yeux de marlou
Quand tu es sortie de l'école
Tu m'as lancé tes petits yeux doux
Et regardé pas n'importe où
Et regardé pas n'importe où

Ah! petite Ah! petite
Je t'apprendrai le verbe "aimer"
Qui se décline doucement
Loin des jaloux et des tourments
Comme le jour qui va baissant
Comme le jour qui va baissant

Tu as le col d'un enfant cygne
Et moi j'ai des mains de velours
Et quand tu marchais dans la cour
Tu t'apprenais à me faire signe
Comme si tu avais eu vingt ans
Comme si tu avais eu vingt ans

Ah! petite Ah! petite
Je t'apprendrai à tant mourir
A t'en aller tout doucement
Loin des jaloux et des tourments
Comme je jour qui va mourant
Comme je jour qui va mourant

Tu as le buste des outrages
Et moi je me prends à rêver
Pour ne pas fendre ton corsage
Qui ne recouvre qu'une idée
Une idée qui va son chemin
Une idée qui va son chemin

Ah! petite Ah! petite
Tu peux reprendre ton cerceau
Et t'en aller tout doucement
Loin de moi et de mes tourments
Tu reviendras me voir bientôt
Tu reviendras me voir bientôt

Le jour où ça ne m'ira plus
Quand sous ta robe il n'y aura plus
Le Code pénal
Encore!

mardi, novembre 21, 2006

Les auxiliaires factitifs “laisser” et “faire” (I)

1. L’auxiliaire factitif “laisser” suivi d’un infinitif aide à exprimer une action tolérée, permise par le sujet. Traduisez en roumain, en tenant compte de cela:

a. Je le laisse prendre mon vélo.
b. Il dit toujours des choses désagréables, mais je le laisse faire.
c. Le plombier a prétendu qu’il avait fini son travail et je l’ai laissé partir.
d. Je laisse dire les sots, comme le disait sagement La Fontaine.
e. Rien ne laissait voir son exaspération.
f. Il veut se venger, mais je ne le laisserai pas faire.
g. Vous dites que ses performances ne vous font aucun effet; laissez-moi rire!
h. Elle laissa s’écouler un bon moment avant de répondre.
i. Ne laissez entrer personne!
j. Il laissa entrer tout le monde et se tira en douce.
k. Elle se laissa glisser sur la glace, sous le regard admiratif des spectateurs.
l. “Laissez faire, laissez passer” était la devise du libéralisme économique.

2. Transformez les propositions suivantes en employant le verbe “laisser” suivi de l’infinitif souligné pour obtenir une construction factitive. Suivez le modèle:

Les morceaux de poulet doivent dorer pendant 5 minutes.
Laissez dorer 5 minutes.

a. Les légumes doivent cuire 10 minutes.
b. La mélange doit reposer 3 heures au frais.
c. Les fruits doivent gonfler pendant 1 heure à 2 heures.
d. Le sucre doit fondre dans une casserole.
e. La pâte doit refroidir, ensuite coupez-là.
f. La sauce doit mijoter 20 minutes au feu.
g. L’eau salée doit bouillir 10 minutes dans une casserole.
h. Les queues de langoustine doivent blondir dans du beurre.
i. Le veau coupé doit mariner dans une sauce.
j. Les oranges doivent macérer dans leur jus pendant 2 heureus.

3. Traduisez en français en employant le verbe auxiliaire factitif “laisser”:

a. Lasă-l să plece, se grăbeşte să ajungă la magazin înainte de ora închiderii.
b. Au vrut să plece şi ei, dar nu i-am lăsat să iasă.
c. I-am lăsat să mă aştepte şi m-am dus să văd cine mă caută la telefon.
d. Auzind groaznica veste, ea lăsă să-i scape paharul din mână.
e. Nu lăsaţi pe nimeni să intre în birou, nu vrem să se distrugă urmele lăsate de asasin.
f. M-a lăsat să intru în sală, să mă aşez pe scaun, după care mi-a spus că nu mă poate primi în examen din cauza absenţelor.
g. Îl las să termine de citit capitolul şi îi sting lumina.
h. Lăsă să treacă toate maşinile şi abia apoi traversa.
i. Mă lăsă să-mi recapăt suflul, după care mă mai întrebă o dată ce s-a întâmplat, căci din explicaţiile mele nu a înţeles nimic.
j. Lasă-l să-şi revină, nu vezi că e pe jumătate leşinat de cât s-a luptat cu valurile?
k. Auzind laudele vulpii, corbul a deschis pliscul şi a lăsat să-i cadă brânza.
l. Ce scenă, ca în melodramele ieftine: ea a lăsat să-i cadă batista şi el a ridicat-o.
m. Deşi era foarte tulburată, ea nu lăsă să se vadă nimic.
n. Era fericită şi lăsă să se vadă acest lucru.
o. Mi-a promis un câştig uriaş dar nu mă las eu ameţită de vorbe.
p. De la moartea soţului şi a copilului se lăsa în voia soartei, n-o mai interesa nimic.
q. Am vrut să mă duc să-i zic vreo două, dar soţul meu mi-a spus s-o las baltă.
r. Nu vroia să lase să-i scape o astfel e ocazie, aşa că se grăbi să trimită o scrisoare de candidatură.
s. Lăsă să-i scape un mic strigăt de surpriză, dar apoi se stăpâni.
t. Lăsaţi-mă să dorm, n-am închis ochii toată noaptea!

4. L’auxiliaire factitif “faire” suivi d’un infinitif aide à exprimer une action déclenchée par le sujet grammatical et réalisée par quelqu’un d’autre. Traduisez en roumain, surtout la construction factitive:

a. Les thèmes de ses tableaux nous font croire qu’il traverse une crise.
b. Faites-moi prévenir dès que vous avez des nouvelles de lui.
c. Mademoiselle, faites entrer le patient suivant!
d. J’ai réussi à le faire parler, mais après beaucoup d’insistances, car il craignait les conséquences.
e. Faites-moi parvenir ces documents dans le plus bref délai.
f. Je vous ferai payer cher votre impertinence.
g. Je lui ferai remarquer les points difficiles du trajet.
h. L’institutrice lui a fait copier la leçon 10 fois! Bon Dieu, quelles méthodes!
i. Sa maman lui avait fait réciter la poésie plusieurs fois le matin.
j. Il m’a fait parvenir sa réponse par retour du courrier.

5. Mettez le verbe souligné à l’infinitif et faites-le précéder par l’auxiliaire factitif “faire” pour obtenir une construction factitive, selon le modèle:

Adèle cuit le ragoût.
Adèle fait cuire le ragoût.

a. Pierre a claqué ses doigts.
b. Pierre a remué ses oreilles.
c. Pierre a craqué ses articulations.
d. Le pilote a atterri le Boeing 747.
e. Chauffez doucement la margarine dans une casserole.
f. Cuisez les petits pois 20 minutes à l’eau bouillante salée.
g. Dorez les morceaux de poulet de tous côtes.
h. Bouillez le mélange 10 minutes et laissez refroidir.
i. Ecaillez le poisson et levez les files.
j. Rôtissez au four chaque moitié de l’homard après l’avoir salée et poivrée.
k. Bouillez le vin, flambez et laissez réduire d’un tiers sur feu vif.
l. Bouillez l’eau salée dans une casserole.
m. Ecaillez le sandre avant de le mettre au four.
n. Macerez 30 minutes dans le jus d’orange.

6. Traduisez en français en employant l’auxiliaire factitif “faire” auprès du verbe souligné.

a. Poliţia a dispersat manifestanţii folosind gaze lacrimogene.
b. Clientul acesta l-a pus pe chelner să-i aducă o altă sticlă de vin nedesfăcută.
c. de mâncare la copii şi pe urmă discutăm.
d. Prietenii mei îşi construiesc o casă ca un palat.
e. Cei doi sunt invitaţi peste tot, căci sunt foarte simpatici şi au simţul umorului.
f. Violonistul s-a remarcat la un concurs internaţional şi a început astfel o carieră strălucită.
g. Antrenorul i-a pus pe jucători să alerge pentru a-şi recăpăta forma fizică.
h. Vă voi face cunoscut rezultatul testului abia mâine.
i. L-a pus pe bibliotecar să-i arate toate cărţile de autorul respectiv.
j. L-a pus pe elev să reia de trei ori aceeaşi demonstraţie.
k. Îşi aduce ţigările de foi din Cuba, în ciuda blocadei.
l. Îşi coase hainele la cele mai mari case de modă.
m. Îşi repară pantofii destul de rar.
n. Puse să fie condus în biroul directorului.
o. Îşi puse bucătarul să-i gătească mâncăruri exotice.


Solutions

1.
a. Îl las să-mi ia bicicleta.
b. Spune întotdeauna lucruri urâte, dar îl las în pace.
c. Instalatorul a pretins că şi-a terminat treaba şi l-am lăsat să plece.
d. Las proştii să-şi bată gura, după cum spunea cu înţelepciune La Fontaine.
e. Nimic nu lăsa să se întrevadă exasperarea lui.
f. El vrea să se răzbune, dar nu-i voi da voie s-o facă.
g. Spuneţi că performanţele sale nu au nici un efect asupra voastră, daţi-mi voie să râd.
h. Ea lăsă să se scurgă ceva timp înainte de a răspunde.
i. Nu lăsaţi pe nimeni să intre.
j. Ea lăsă pe toată lumea să intre şi se retrase discret.
k. Ea se lăsă să alunece pe gheaţă sub privirea admirativă a spectatorilor.
l.

2.
a. Laissez cuire 10 minutes.
b. Laissez reposer 3 heures au frais.
c. Laissez gonfler pendant 1 h à 2 h.
d. Laissez fondre dans une casserole.
e. Laissez refroidir, ensuite coupez-la.
f. Laissez mijoter 20 min au feu.
g. Laissez bouillir 10 minutes dans une casserole.
h. Laissez-la blondir dans du beurre.
i. Laissez-le mariner dans une sauce.
j. Laissez-les macérer dans leur jus pendant 2 heures.

3.
a. Laissez-le partir, il se dépêche d’arriver au magasin avan l’heure de fermeture.
b. Ils ont ensuite voulu partir eux aussi, mais je ne les ai pas laissés sortir.
c. Je les ai laissés m’attendre et je suis allé voir qui me demandait au téléphone.
d. A entendre la terrible nouvelle, elle laissa tomber son verre.
e. Ne laissez personne entrer dans le bureau, nous ne voulons pas qu’on détruise les traces laissés par l’assassin.
f. On m’a laissé entrer en classe, m’asseoir après quoi on m’a dit qu’on ne pouvait pas me recevoir à l’examen à cause de mes absences.
g. Je le laisse finir le chapitre et je lui éteins la lumière.
h. Il laissa passer toutes les voitures et traversa juste ensuite.
i. Il me laissa reprendre haleine après quoi il me demanda à nouveau ce qui s’était passé car il n’avait rien compris de mes explications.
j. Laissez-le se remettre, tu ne vois pas qu’il est à demi évanoui après avoir tellement lutté contre les vagues?
k. En entendant les louanges du renard, le corbeau a ouvert le bec et il a laissé tomber son fromage.
l. Quelle drôle de scène, comme dans les mélodrames boulevardiers: elle a laissé tomber son mouchoir et il l’a ramassé.
m. Bien qu’elle fût toute tourmentée, elle n’en laissat rien voir.
n. Elle était heureuse et elle le laissa voir.
o. Il m’a promis un gain énorme mais je ne me laisse pas embobiner.
p. Depuis la mort de son mari et de son enfant elle se laissait aller, rien ne l’intéressait plus.
q. J’ai voulu aller lui dire deux mots, mais mon mari m’a dit de laisser tomber.
r. Il ne voulait pas laisser s’échapper une occasion pareille, de sorte qu’il envoya une lettre de candidature en toute vitesse.
s. Il laissa s’échapper un petit cri de surprise, puis il se maîtrisa.
t. Laissez-moi dormir, je n’ai pas fermé les yeux de la nuit!

4.
a. Temele tablourilor sale ne fac să credem că traversează o criză.
b. Aduceţi-mi la cunoştinţă în momentul în care veţi avea veşti despre el.
c. Domnişoară, permiteţi-i să intre pacientului următor.
d. Am reuşit să-l facă să vorbească, dar după multe insistenţe, deoarece se temea de ceea ce va urma.
e. Faceţi să ajungă la mine aceste documente în cel mai scurt timp.
f. O să vă fac să plătiţi scump impertinenţa dumneavoastră.
g. Îi voi arăta punctele dificile ale acestui traseu.
h. Învăţătoarea l-a pus să copieze lecţia de 10 ori! Dumnezeule mare, ce metode!
i. Mama sa l-a pus să recite poezia de mai multe ori dimineaţa.
j. El mi-a trimis răspunsul printr-o nouă scrisoare.

5.
a. Pierre a fait claquer ses doigts.
b. Pierre a fait remuer ses oreilles.
c. Pierre a fait craquer ses articulations.
d. Le pilote a fait atterrir le Boeing 747.
e. Faites chauffer doucement la margarine dans une casserole.
f. Faites cuire les petits pois 20 minutes à l’eau bouillante salée.
g. Fiates dorer les morceaux de poulet de tous côtés.
h. Faites bouillir le mélange 10 minutes et laissez refroidir.
i. Faites écailler le poisson et levez les files.
j. Faites rôtir au four chaque moitié du homard après l’avoir salée et poivrée.
k. Faites bouillir le vin, faites flamber et laisser réduire d’un tiers sur le feu.
l. Faites bouillir l’eau salée dans une casserole.
m. Faites écailler le sandre avant de le mettre au four.
n. Faites macérer 36 min dans le jus d’orange.

6.
a. La police a fait disperser les manifestants en utilisant des gaz lacrimogènes.
b. Ce client s’est fait apporter par le garçon une autre bouteille de vin, bouchée.
c. Fais manger les enfants et puis on discutera.
d. Mes amis se font construire une maison pareille à un palais.
e. Les deux se font inviter partout, car ils sont très sympas et ils ont le sens de l’humour.
f. Le violoniste s’est fait remarquer à un concours international et c’est ainsi qu’il a commencé une carrière brillante.
g. L’entraîneur a fait courir les joueurs pour qu’ils retrouvent leurs forme physique.
h. Je vous ferai connaître le résultat du test pas avant demain.
i. Il s’est fait montrer par le bibliothécaire tous les livres de l’auteur en question.
j. Il a fait reprendre à l’élève trois fois la même démonstration.
k. Il se fait apporter les cigares de Cuba malgré la blocade.
l. Il se fait coudre les vêtements aux plus grandes maisons de haute couture.
m. Il se fait réparer les souliers assez rarement.
n. Il se fit conduire dans le bureau du directeur.
o. Il fit son cuisinier lui prépare des plats exotiques.
Encore!

lundi, novembre 20, 2006

Tahar Ben Jelloun, Harrouda (notes de lecture)

Harrouda: poétique du corps absent et „prise de la parole”.

Apărut în anii 70, romanul este deosebit de violent şi l-a făcut cunoscut pe TBJ.
Obiectul romanului este de a face să vorbească corpul mamei, refugiat în tăcere. Axul iniţial al naraţiunii este format din amintirile copilului-narator, la care se adaugă fantasmele acestuia. Acestuia i se suprapune corpul prostituatei.

La mère fera une „prise de parole” pour dénoncer les tragédies de la vie conjugale.

Le corps esclave se libère de ses entraves au moins dans l'imagination de l'enfant-narrateur. Dans la même perspective, la mort du mari est une libération pour la mère. Bénédiction que l'enfant posthume va gâcher. La génitrice sent d'abord sa future progéniture comme les vestiges du père déposés en elle et rejette le foetus. Plus tard, elle réalise que cet enfant à venir naissant à l'insu du père devient sa procréation exclusive et l'expansion-renaissance de son propre corps. L'enfant posthume est aussi un défi au géniteur exclu.

Nu există récit, doar amintiri poetice ale unui copil-narator.

Harrouda este dublul şi antidotul mamei.

Les interférences entre la mère et Harrouda, les glissements de Fass à Tanger en passant par la ville à venir... sont autant d'axes fonctionnels dans la production des micro-récits. Ils élaborent une poétique de la discontinuité exaltant l'errance à travers les fantasmes, le délire, la mémoire et l'imaginaire de l'enfant-narrateur. Processus qui se poursuit et prend une envergure singulière avec Moha le fou, Moha le sage.

Harrouda est réparti sur cinq articulations sans hiérarchie rigoureuse et sans distribution chronologique progressive. Il s'agit d'un ensemble composite fait de micro-récits qui défilent dans la discontinuité.

Exergue: Harrouda
un oiseau
un sein
une femme
une sirène
taillés dans le livre

1) Fass: lecture dans le corps

„Voir un sexe fut la préoccupation de notre enfance. Pas n’importe quel sexe. Pas un sexe innocent et imberbe. Mais celui d’une femme. Celui qui a vécu et enduré, celui qui s’est fatigué. Celui qui hante nos premiers rêves et nos premières audaces.” (p. 13)

A Harrouda: „Les adultes rient, la provoquent, lui enfoncent le poing dans le vagin, le retirent ensanglanté puis s’en vont. Ils la font pleurer. Nous au moins, nous lui donnons des oranges et du sucre. Elle dit que nous sommes tous ses enfants et que nous pouvons dormir entre ses jambes.” (p. 15)

Harrouda est chassée au mois de Ramadan: „Au nom de la Vertu, elle n’est plus tolérée dans la cité de toutes les Vertus.” (p. 15)

„Un homme (berrah), haut-parleur ambulant, avait été engagé par les familles.” (p. 20)

Le précepteur de l’école coranique: „sa langue tatouée par le mensonge faisait le tour de ses lèvres” (p. 22) Il dit: „Venez mes enfants, je suis votre père, votre tuteur, votre protecteur; je suis votre maître et un peu plus. Je suis la droite parallèle à vos désirs. Venez sous ma jellaba: vous y découvrirez le jardin des mille et un délices. Vous y trouverez merveille et un peu plus. Vous n’avez qu’à tirer sur ma barbe. Elle est de fibre de laine pure. Tirez et vous verrez mon ventre s’ouvrir et avaler vos caprices mêlés à l’encens de la Mecque. La miséricorde sera votre partage. Les délices qui couleront de vos veines ne seront que parabole de l’apparence. Vraies et tendres, elles croiseront le jour dans ma main étalée. Venez mes petits, ma jellaba sera votre demeure. Vous n’aurez plus à vous cacher dans la jane. Ma jellaba vous contiendra tous. Apprenez qu’elle a été lavée à Agar dans l’eau qui murmure. Elle me protège de tous les sarcasmes. Elle vous protégera contre la malédiction du Diable. Sa lumière vous donnera le vertige. Fermez les yeux et venez vous blottir dans ma chair à la fin de chaque prière. Elle ne restera plus enceinte de vos désirs. Elle ne portera plus aux cieux la complainte de ma solitude. Venez et fermez vos corps au mal qui colore le souffle de la ville.” (p. 23)

Sur l’école coranique: „Nos parents ne pouvaient soupçonner qu’en nous jetant tous les matins dans un coin de la mosquée, ils nous incitaient à apprendre le délire collectif, à fendre le réel avec nos petits sexes nerveux, à découvrir le mensonge sacralisé et à apprendre la haine à travers une histoire semée de fils barbelés pour la différence essentielle rapportée dans soixante chapitres d’une logique implacable.” (p. 23)

Profesorul de la şcoala coranică are încredere în inocenţa lor: „Il croyait en notre innocence. Le pauvre homme! L’innocence, nous la laissons là-bas. Dans le ventre de la mère. Tout au plus elle reste suspendue au cordon ombilical jusqu’au jour où elle tombe en lambeaux desséchés. L’innocence nous la laissons aux autres, à ceux qui en parlent dans les livres. Nous n’y avons jamais cru.” (p. 24)

Les dessins pornographiques: „On dessine des femmes avec les touches de nos premières perceptions. Des sexes immenses aux dimensions de notre imaginaire. Des coïts par-delà le délire et la folie. Sperme et sang mêlés au bout d’un poignard qui traverse un corps. Femmes ouvertes. Femmes à visiter sur des rivages nus.” (p. 24)

Obsesia sexului: „Combien de fois avions-nous surpris les ébats clandestins d’un chien et d’une chienne et aviosn déposé nos yeux de voyeurs pervertis au seuil de la honte. On exigeait le drame et la scène. On ne se contentait plus de nommer le sexe, on le gravait dans la rue et on le recherchait dans les jeux. On initiait les cousines. On le proposait comme cadeau. On le frottait contre des seins naissants. On le déposait entre des reins endormis.” (p. 24-25)

Sur le vendredi: „jour des croyants, jour des fidèles, jour de prière.” (p. 27)

Les enfants récitent les versets du jour: „Architecte des cieux et de la terre, lorsqu’il veut donner l’existence aux êtres, il dit: Soyez, et ils sont. Sa parole est la vérité. Roi du jour où la trompette sonnera, il connaît les choses secrètes et publiques, il possède la sagesse et la science.” (p. 27)

Dans le bain maure, le corps: „Mon voyage parmi les corps à la recherche du bleu du ciel m’ennuyait et me donnait la nausée.” (p. 33)

„Mon corps était trop étroit pour contenir l’ensemble des signes qui assiégeaient les lieux.” (p. 33)

„L’oiseau taillé dans le Livre répondit à l’appel. Il fendit l’air dans la transparence des regards noués. Mes pouvoirs multipliaient les signes et installaient le jardin argenté.” (p. 34)

Délire dans le bain maure: „Je sus que plus jamais je n’aurais tant de créatures entre mes doigts. Je circulais d’un corps à l’autre, d’un corps l’autre. Je buvais le lait de leur bouche. J’avançais ma nudité dans des sexes qui murmuraient mon délire et j’appris la chair rose mon miroir où seul l’œil est visible. Je lisais dans les plis du front. Paumes. Bras. Nombrils. Je me donnais au vent. Arrivé aux reins, je sus que c’était la fin du voyage.” (p. 36)

Chez elle, avec le sentiment d’une nouvelle culpabilité: „Possédées, elles supposaient qu’un démon les habitait. Certaines refusèrent ensuite de se donner à leur mari. D’autres essayèrent de revivre toute la folie de leur désir avec d’autres femmes.” (p. 37)

Baptême et circoncision: „Un signe trouve son espace à l’intérieur d’une autre violence: lecture des choses.” (p. 39)

La circoncision: „Le corps devient comme une planche, me disait-on. Froid comme du marbre. Dans mon voyage, j’étais tantôt planche tantôt marbre. Et je survolais les maisons de la ville. Alors la mort ce n’est pas la ténèbre, ce n’est pas le feu, ce n’est pas le châtiment suprême. C’est une certaine douceur, c’est presque un poème. Avec ma cousine c’était plus beau encore. Une claque sur la joue mit fin à la seconde volée au monde. Je revins de mon voyage.” (p. 43)

La maison du coiffeur-exécutant: „Il me fit entrer dans sa maison chancelante au seuil de laquelle un œil blanc, un immense œil blanc était suspendu. C’était l’œil blanc de la mort. La mort parfumée. Il se balançait comme un pendule, butait parfois contre des portraits d’hommes politiques et des chanteurs égyptiens.” (p. 44-45)

În La Nuit sacrée, le Consul cache parmi ses affaires personnelles un œil de mouton en formol.

Exergue isolée: „La mémoire totale (hante dans les profondeurs) est hors du langage. Seule est possible une lecture déviée. Elle est visionnaire et se situe par-delà le réel. Cependant le parallèle textuel n’est pas imaginaire; il s’inscrit (s’écrit) dans le même corps. Ce corps s’est peut-être morcelé (multiplié ou divisé), mais il a gardé intactes ses cicatrices (tatouages), son étendue et son regard. Il cesse de (se) citer, il trace.” (p. 47)

Le saint Moulay Idriss Zarhoun.

La ville de Fass (Fès)

La résurection du saint: „Le saint intacte se relève, irradiant la clarté et la lumière. Son regard a suffi pour jeter dans une cécité soudaine et éternelle les infidèles, ceux qui n’ont pas cru à sa résurrection et qui s’étaient livrés au sarcasme. Ils ont payé de leurs yeux le doute et l’ironie. Ils se sont retirés dans la salle d’eau du mausolée pour méditer leur blasphème.” (p. 49)

„J’ai planté une orange dans un nuage et j’ai cru possible la mer et le rêve. J’ai eu à lire le texte éphémère du désert. J’ai attendu. Le vent est passé sur les dernières syllabes.” (p. 52)

Le saint déplore l’état de la mosquée: „Aujourd’hui je ne peux même pas monter sur le minbar, il lui manque des marches. A l’échelle, il manque aussi des barreaux.” (p. 54)

Encore: „Le soleil ne nous réchauffe plus. Corrompu! Il a été corrompu lui aussi! Et les prières? J’ai appris qu’il n’y a eu plus que trois par jour! Des réformes! On a même installé un frigidaire à la place du minbar; on peut y trouver tout ce que nous défend le Seigneur.” (p. 54)

„L’audience de Sulaymân Ben Jarû, l’assassin de mon père; Sulaymân dépose le poignard argenté et sort de la poche un petit revolver. Le saint le condamne: „Quant à toi, Sulaymân, tu mourras au printemps étranglé par toutes tes victimes. Va languir dans le désert. Tu liras dans les sables la mort et l’enfer.” (p. 57)

Le tueur: „J’ai deux femmes et deux familles, l’une habite sur la rive droite dans le quartier d’El Andalouss et l’autre sur la rive gauche dans le quartier d’El Kairounais. Elles m’ont renié. Je dors dans le cimetière de Bab Guissa. Les deux villes me sont interdites. Je suis sans âme. J’ai été déchu. La ville s’est vidée.” (p. 57)

Fass (Fès) se modernise.

Avant: cimetières superposés, des murailles, une chaleur épaisse, les crapauds, les lézards, la douceur du puits, le rythme de la légende, „de temps en temps un incendie pour occuper nos loisirs” (p. 58).

„les égouts qui traversaient la ville comme un ruisseau” (p. 59)

Les égouts: „On s’y baignait. Ensuite on passait la nuit dans un bain loué. Parfois les égouts submergeaient les maisons. On dormait sur les terrasses. On ne s’en plaignait jamais. Des hommes armés d’une perche venaient en retirer les objets encore utilisables. Certains en retiraient des chaussures en bon état même si la paire ne coïncidait pas. D’autres en retiraient des cadavres qu’ils revendaient encuite à une société anonyme de sorciers. D’autres en retiraient les restes d’une ville, le reflux d’une espérance, une bobine de fil blanc, un morceau de peigne, un dentier, une étoile déchue, une poignée d’illusions, un autobuz, un fœtus…” (p. 59)

Identitatea oraşului Fass prémoderne: „Oued Boukhrareb. C’était un monde. Pour un peu, on allait proposer un conseil municipal de la ville de mettre son eau en bouteille pas pour la boire mais pour jeter des sorts aux infidèles. Une eau trouble qui trahissait notre intimité.” (p. 59)

Vine şi modernizatorul, în persoana unui inginer: „[…] très bien habillé, très bien coiffé, très bien maquillé, très bien rempli, le regard lointain […]. Il avait une grosse voiture dans le crâne, un bar dans le ventre et un week-end-très-pris dans la nuque. Il parlait, gesticulait et criait pour nous convaincre. Il parlait et des machines, des grues, des bulldozers sortaient de sa bouche. Il les expulsait à une grande vitesse. Les machines venaient prendre place dans toute la ville. Il expulsait aussi des chiffres, des millions, des tonnes, des années, des saisons, des équations. De sa bouche délicate surgissaient des graphiques, des tableaux avec des courbes, des dessins, des maquettes.” (p. 60)

Glisajul spre modernitate: „L’écran devint blanc. Il n’y eut plus d’images. Notre mémoire partait en poussière et venait parfois se coigner contre l’indifférence métalique. Il nous restait les bribes d’une ville et les balbutiements d’une colère. On nous imposa une nouvelle naissance.” (p. 60)

„Aujourd’hui les ruines enfantent dans ta mémoire les jardins que tu n’as pas connus. Tu te dis: au commencement la pierre et l’eau sale, l’eau noire de leurs vertus et de leur commerce. Au commencement le ciel a enduré toutes les métamorphoses de ton petit corps ravageur, ta présence dévastatrice. Et puis ce petit corps s’est vidé. Creux. Il est devenu une image qui traverse d’autres corps, d’autres visages, sans faire de bruit. L’image s’est installée dans la blessure riante de toute un peuple. Elle habite les regards vides. Elle dompte l’attente. Elle colore le sommeil. Un peuple qui dessine sa mémoire sur le sable.” (p. 60-61)

2) Entretien avec ma mère

„Je suis né de la souffrance d’une procréatrice qui a coupé le cordon ombilical de l’endurance dans le sang aveugle. Ma mère, une femme. Ma mère, une épouse. Ma mère, une fillette qui n’a pas eu le temps de croire à sa puberté. Ma mère je t’écoute.” (p. 66)

„Ma mère deux fois mariée à des vieillards morts d’avoir vécu sur son corps à peine pubère; ma mère enfin, mariée à mon père pour lui donner deux enfants qu’une autre n’avait pas pu lui donner.” (p. 66)

La parole à sa mère: „Il me parlait peu. On ne se parlait presque jamais. Juste quelques mots domestiques. Peut-être que nous n’avions rien à nous dire. Tout se passait dans le geste et le regard.” (p. 68)

Le manque d’intimité entre les époux: „Parler du sang menstrual avec lui était impensable. Et pourtant, on m’a toujours répété la parole du prophète: „En religion, point de honte à parler de certaines choses.” Ma condition de femme ne pouvait être dite. Oser la parole, c’était provoquer le diable et la malédiction. Oser la parole c’était déjà exister, devenir une personne!” (p. 69)

„Il attribua sa fatigue au mauvais œil.” (p. 70)

L’identité n’est pas l’âme: „Mon plus beau voyage, me disait-il; plus léger et plus disposé pour le jugement… On ne peut qu’espérer cette rencontre…” (p. 70)

Condition de la femme: „On m’a toujours dit qu’une femme divorcée ou veuve est une femme qui perd son avenir. On peut tout au plus lui offrir un „avenir-de-seconde-main”; elle devra se contenter de ce que la vie lui présente. Elle n’a plus le droit d’avoir des exigences. Elle n’est plus jeune fille, tu comprends? Elle n’a plus rien de neuf à offrir à un homme! Voilà que déjà je me sentais déjà je me sentais dépréciée… J’avais donc honte et peur…” (p. 71)

L’absence de révolte de la mère: „Mais moi je ne pouvais pas me révolter. Le destin est ce qu’il est. Comment le changer? Je devais assumer tout ce qu’il m’arrivait en silence.” (p. 73)

Le cauchemar de sa mère et la lune: „Quand je finissais de le transpercer de mon sabre, il se repliait dans sa tombe et retrouvait le silence des cieux. Je vieillissais dans le cimetière. Mes seins tombaient, mes cheveux se décollaient et venaient s’éparpiller sur la tombe. Ce devait être la malédiction de la lune.” (p. 73)

La vie de sa mère: „Je ne connaissais rien de la rue. Je ne savais pas me diriger dans les quartiers. La ville c’était pour moi quelques lieux: le bain, le four, Moulay Idriss, la Kissaria et puis les maisons de mes frères et sœurs.” (p. 77)

Quand sa mère se marie la troisième fois, après deux veuvages, elle est la deuxième femme d’un homme. Comme la première ne lui a jamais donné d’enfants: „Quand j’eus accouché, elle fit ses valises et repartit chez ses parents. Le divorce eut lieu quelques jours après la cérémonie du baptême. Nous sommes restées amies. Elle venait me voir de temps en temps et m’aidait dans mes travaux. Elle ne tarda pas à se remarier. Elle eut beaucoup d’enfants…” (p. 80)

Sur la nouvelle ville de Fass: „Cette cité, d’où a toujours émané le pouvoir, se trouve à présent ensevelie dans les couches de l’oubli. Le protectorat a d’abord tenté de la dédoubler en la reléguant aux confins de la différence: il a créé une ville à son image à huit mille mètres de l’ancienne, dans la tradition de la laideur coloniale. Il a même réussi à la peupler de Fassis qui préfèrent la voiture au mulet. Les premières familles qui émigrèrent dans la ville nouvelle furent celles qui aimaient bien les Chrétiens, porteurs de la modernité et de nouvelles différences. Elles se séparèrent du lieu de leur naissance en le reniant mais emportant avec elles les structures d’une „féodalité esclavagiste”. (Les chefs de grandes familles n’avaient-ils pas pour la plupart, en plus de leur femme légitime, une ou deux femmes noires achetées comme esclaves? C’était chose courante encore au début du siècle!) Bientôt ces mêmes familles iront à la découverte de la concurrence libre et du profit dans d’autres lieux: Casablanca, Dakar, Abidjan, La Mecque…” (p. 84)

Encore Fass: „Fass abandonnée, capitale déchue, elle est oubliée par des notables indignes. C’est un manuscrit auquel ils n’ont rien compris.” (p. 86)

3) Vendredi les cendres

2 villes = l’ancien Fass et le Fass moderne – „deux cités-mères” (p. 90)

„Harrouda sortit d’une bouche d’égout. Elle traversa la grande place vide sur la pointe des pieds, réveilla le poulpe et lui fit avaler des petites billes rouges. C’étaient des billes de soleil qui mettent le feu dans le corps. L’avantage de ces billes c’est leur action rapide et efficace. Le corps qui les avale devient boule de feu en perpétuelle métamorphose. Imaginez une boule de feu minuscule qui ne cesse de grandir et qui fait des ravages sur son passage. Invisible le jour, elle circule à grande vitesse et dissout tout ce qu’elle rencontre. C’est ainsi que la panique s’empara des poulpes et des rapaces. Mis en déroute, ils tournèrent sur eux-mêmes jusqu’au moment où leur corps fut réduit en cendre. Harrouda disparu, emportant un peu de cendre dans son sac.” (p. 93)

Une voix qui fend le ciel: „[…] je suis devenu les cent corps à l’écoute; je suis les cent corps qui t’interrogent: nom-prénom-date-et-lieu-de-naissance-fils-de-et-de-profession-situation-domicilié-à-dernière-adresse-exacte-dépendance-politique-convinction-religieuse-option-sexuelle-homosexuel-ou-hétérosexuel-barrer-mention-inutile-souligner-d’un-trait-rouge-sport-pratiqué-suicide-espéré-possession-livres-fleurs-subversives-gadgets-pays-visités-montrer-plante-des-pieds-laisser-empreintes-du-corps-en-bas-de-la-plage-aveux-reconnus-jugé-coupable-une-fois-deux-fois-exécutez-enterrez-effacez-le-de-toutes-les-mémoires-au-suivant.” (p. 96)

Les oposants du système politique marocain – les enfants-oiseaux.

La répression: „Le ciel s’assombrit de nouveau et les nuages, de retour, larguèrent des parachutistes de toutes les espèces: des aigles noirs, des rapaces qui ont été dépêchés des horizons lointains du Texas, des commandos d’intervention rapide et efficace, des poulpes maintenus en vie par un système de respiration artificielle, des libellules géantes, des mantes religieuses en matières plastique…” (p. 100)

Après la répression: „Le calme et l’ordre régnaient sur la ville; une ville sans enfants, sans oiseaux, sans arbres… un espace plat.” (p. 101)

4) Tanger-la-Trahison

„Ma ville a subi le viol de l’aigle taillé dans le roc de Tarik. Les rues se sont faites dans le sillage du songe. Des chaumières sont nées de l’encens du paradis: les nomades ont quitté l’ombrage de l’olivier et sont venus écouter la mer sur l’aile verte de l’oiseau ému. La montagne ne porte plus dans ses flancs que les infirmes abandonnés depuis la guerre du Rif à l’étreinte de la mort. Ils fument le kif qu’ils cultivent et habitent leurs souvenirs.” (p. 115)

Poème en prose: „Les corps se relèvent. C’est le désir. C’est le vent d’Est qui souffle sur écran de sable: la pierre nue devient femme au corps voilé. L’écrit né de la mer retourne aux signes de la vague/femme/enfant. Les syllabes, telles de petites meurtrissures, dessinent l’aube en symboles feutrés. Les verbes arabes virent au bleu nomade, destituent le destin au faîte du jour: c’est l’heure où le rêve éclate en petits cristaux que la langue lèche au soleil…” (p. 116)

Sur les couleurs: „La première jarre est verte / herbe tiède / la seconde est blanche / l’enfant gavé de désir / la troisième est bleue / la mort” (p. 117)

„L’écume voyage dans l’empire des corps ouverts dit Ibn Batouta.” (p. 118)

Après le départ de Fass, cité natale: „Je fis l’apprentissage de la solitude, la solitude qui effaçait mon identité. Je devais cesser d’exister… m’éteindre petit à petit. Pendant ce temps-là, des caïds, des féodaux – mes compagnons de lutte – quittaient un à un le Rif, prenaient goût au commerce et aux affaires; ils se sont installés à Tanger, Tétouan, Alhuceimas… Certains se sont retirés à Melilla et Ceuta et se sont rangés à l’ordre de l’occupant… Ils trahissaient le Rif… Ils trahissaient le pays…” (p. 130)

Souffrance de celui qui a quitté la place natale: „Loin de la terre je vais devenir un mythe ou une légende… je vais devenir une pierre, une motte de terre noire, un héros isolé, cul-de-jatte…” (p. 132)

Un peintre dit sur les femmes: „Leur ignorance fait leur calme et leur bonheur.” (p. 135)

Tanger: „La cité fabuleuse. Le symbole même de la trahison. Zone ouverte à l’aventure du jeu et de la mort. La ville vendue au plus offrant. Le manuscrit volé. Le caftan d’une jeune mariée taché de sang. Le voile du corps esclave. L’amour voilé de deux jeunes filles. L’oiseau des sables blessé.” (p. 138)

Le modernisme est associé à l’invasion de l’image: „L’image. La représentation. Séduction du mensonge.” (p. 142)

Encore: „Les femmes de Fass cachent leur visage avec leurs babouches devant les touristes photographes et pourtant l’image a envahi la ville.” (p. 143)

Le café: „Lieu soustrait au temps. Fermé/refusé à la femme. Proscrit à l’enfant.” (p. 148)

Encore: „taverne obescure où se trament des histoires fantastiques – lieu où l’on tourne le dos au réel.” (p. 148)

Et le geste qui valorifie le lieu: „Aller au café est l’étape parallèle à celle de la première cigarette et des premières masturbations. Aller au café – fumer – se masturber. Aller au café – désigner une seconde demeure c’est élire un territoire dans le continent de la soliture – on se donne – on s’adonne au café: on se „caféise” tout en se „kifant”. (p. 149)
Encore!