Une grande dame du journalisme français
Du journalisme, Françoise Giroud disait: « C’est là où bat le cœur du monde. » Martine de Rabaudy, qui avait signé en 2001 avec elle un livre intitulé Profession journalisme, raconte ici l’itinéraire d’une passionnée.
La passion pour le journalisme, elle la doit, au départ, plus aux circonstances qu’à une détermination: « Je venais du cinéma, où j’avais été script-girl, puis assistante et dialoguiste de Jean Renoir. J’écrivais alors de petits contes pour gagner ma vie. Je les ai présentés à Hervé Mille, le directeur de la rédaction de Paris Soir qui m’a engagée pour rédiger des articles sur le milieu du spectacle. »
Mais c’est avec Hélène Lazareff, fondatrice de Elle qu’elle va trouver sa voie. Nommée rédactrice en chef, son style, son ton, ses convictions vont transformer la conscience des lectrices du magazine. A Elle, Françoise Giroud engage son premier combat pour les femmes, qui devient plus tard, dès 1974, la définition même de sa mission de secrétaire d’Etat à la Condition féminine auprès de Valéry Giscard d’Estaing.
Sa rencontre avec Jean-Jacques Servan-Schreiber, journaliste de politique étrangère au Monde et à Paris-Presse le fait quitter Elle. Le 16 mai 1953 paraissait le premier numéro de L’Express. Quand Servan-Schreiber est rappelé sous les drapeaux, le journal est laissé aux seules mains d’une femme. Giroud fait preuve de ténacité et professionnalisme. Vingt années, de 1953 à 1974, Françoise Giroud sera l’exemple unique dans la presse d’une femme à la tête d’un newsmagazine. Patronne exceptionnelle, aux dires de ceux à qui elle a enseigné le métier. Elle aimait à préciser: « On ne dirige pas les journalistes, il s’agit de les stimuler, de leur inspirer confiance. On leur transmet ce que l’on sait. L’écriture ne s’apprend pas, elle se travaille. »
En 1977, elle quitte le journal qu’elle a créé et dirigé plus de vingt ans, L’Express, pour se dédier à l’écriture romanesque. Elle publie un récit lucide et cruel, La Comédie du pouvoir, qui rencontre le succès et un nouveau public, qui ne la quittera plus. Vingt livres suivront: biographies, mémoires, romans (Ce que je crois, Le bon plaisir, Les taches du léopard).
Ecrire des livres à succès n’avait pour autant jamais compensé la souffrance de ne plus érire régulièrement dans un journal. C’est pourquoi, quand en 1982 Jean Daniel lui propose la rubrique télévision du Nouvel Observateur, elle accepte avec bonheur. Cette rubrique lui permettait de commenter l’actualité politique, sociale et internationale. Elle avait fait sienne cette phrase de son très cher Paul Valéry: « J’ai beau faire, tout m’intéresse. »
J’ignorais qu’elle avait 86 ans. J’aimais sa vivacité et la hauteur de son esprit. Ce qu’elle a été pour nous? De l’intelligence, du courage, du style, mais aussi de l’élégance.
(d’après Le Nouvel Observateur)
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dimanche, juillet 13, 2008
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Publié par:
Radu Iliescu
le
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