Le passé simple (ou passé défini) exprime un fait complètement achevé à un moment déterminé du passé, sans considération du contact que ce fait, en lui-même ou par ses conséquences, peut avoir avec le présent.
Le passé simple n’implique ni l’idée de continuité ni celle de simultanéité par rapport à un fait passé. Cela a de l’importance si l’on veut, en comparant le français aux langues germaniques, distinguer clairement le passé simple d’avec l’imparfait. Ces deux temps du français correspondent, en effet, à un seul et même temps, le prétérit, dans les langues germaniques: les formes Je prenais, Je pris, par exemple, se traduisent l’une et l’autre en néerlandais par Ik nam, en allemand par Ich nahm, en anglais par I took.
On parle souvent d’une action-point à propos du passé simple (que l’on oppose à l’action-ligne exprimée par l’imparfait). Cela ne veut pas dire que le fait est dépourvu de durée, mais cette durée n’est pas prise en considération.
Le passé simple a presque totalement disparu de la langue parlée. Les gens cultivés utilisent pourtant, en parlant, certaines formules comme Il fut un temps, s’il en fut.
Dans le Midi, le passé simple est encore vivant. Il l’était encore, il n’y a pas longtemps, en Normandie.
Remarques
a. Quand il s’agit d’actions multiples, le passé simple les présente comme successives; c’est pourquoi il convient particulièrement à la narration:
« Claire écrivit la lettre. Mais, le soir, elle se plaignit [...] d’être fatiguée et elle monta dans sa chambre plus tôt qu’à l’ordinaire. » (J. de Lacretelle, Bonifas, VII)
L’imparfait, au contraire, les présente comme simultanées, comme formant un tableau continu: c’est pourquoi il convient particulièrement à la description dans le passé (combiné avec le passé simple, il fait voir comme un fond de décor):
« L’automne s’avançait. L’herbe, chaque matin plus trempée, ne séchait plus au revers de l’orée; à la fine aube elle était blanche. Les canards, sur l’eau des douves, battaient de l’aile; ils s’agitaient sauvagement. » (Gide)
b. Le passé simple, accompagné de quelque précision temporelle (toujours, jamais, souvent, etc.) marquant la portée générale de la pensée, peut exprimer un fait d’expérience, une vérité constante: c’est le passé d’habitude ou gnomique:
Jamais gourmand ne mangea bon hareng.
c. Dans l’expression s’il en fut, on a un passé simple figé:
« J’ai connu votre père, un digne homme s’il en fut. » (Vigny)
« La maîtresse, courageuse femme s’il en fut, vint à mourir. » (Renan)
Au lieu de s’il en fut on dit parfois s’il y en eut:
« Aventure grotesque et complot d’opéra si jamais il y en eut. » (A. Sorel)
dimanche, juillet 08, 2007
Le passé simple de l’indicatif
Publié par:
Radu Iliescu
le
dimanche, juillet 08, 2007
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