mardi, juillet 03, 2007

Nouvelle pédagogie de la grammaire


1. Considérations générales sur la nouvelle pédagogie de la grammaire

Aucune méthode d’enseignement du français ne saurait se dispenser de la réflexion grammaticale.

L’étude de la grammaire doit être systématique, progressive, logique, consciente. Les professeur ne doit pas obliger les élèves d’apprendre par cœur d’innombrables règles abstraites, des listes d’exceptions, etc.

Pour mieux comprendre les notions enseignées, le professeur fera des comparaisons entre le roumain et le français, en expliquant à ses élèves les similitudes et les différences qui existent entre les deux langues. C’est une modalité créatrice et efficiente qui peut être usitée pour obtenir de bons résultats.

Tout de même, le maître sera attentif afin d’éviter le phénomène de l’interférence qui peut se manifester. La grammaire de la langue maternelle n’est qu’une base pour l’étude d’une langue étrangère.

La grammaire peut être enseignée de la manière suivante: le professeur propose un texte à ses élèves qui contient plusieurs problèmes de grammaire. Avec la classe, il explique chaque règle, puis les élèves seront sollicités à formuler eux-mêmes d’autres exemples pour une meilleure fixation des connaissances nouvelles. C’est une méthode active et participative à la fois, car elle implique non seulement le maître, mais aussi les élèves. Ils auront la possibilité de mettre en valeur leur créativité linguistique, à penser librement et à exprimer facilement leurs désirs.


2. La pratique de la grammaire. Méthode et procédés utilisés dans la nouvelle pédagogie de la grammaire

Le procédé le plus fréquent qui s’utilise dans l’enseignement de la grammaire c’est l’induction. La règle est établie à partir des exemples.

Les exemples peuvent être extraits d’un certain texte étudié et offert par le professeur. Ils doivent être simples, sans des mots ou des expressions inconnus, afin de mieux refléter le phénomene grammatical respectif. Les élèves seront stimulés, par des questions, à découvrir eux-mêmes la règle à la suite d’une observation raisonnée de la cause et de l’effet.

Après une perception pratique, les élèves seront inciter à énoncer eux-mêmes la règle. Le professeur doit clarifier les choses. Après, on procède par déduction: sur la base de la règle, on formule d’autres exemples.

Il faut respecter la gradation dans la difficulté: il n’est pas recommandable de présenter plusieurs difficultés à la fois.

Pendant une leçon de grammaire, le professeur se sert d’un matériel intuitif adéquat. On peut mentionner: le tableau noir, la craie de couleur, des tableaux synoptiques, des schémas dessinés par le professeur, des planches, etc.

Il existe plusieurs types d’exercices de grammaire:

1. Les exercices de déplacement (ou de permutation)
Ce sont des exercices qui aident l’élève à saisir les groupes à l’intérieur de la phrase. Si on les place ailleurs, le sens de la phrase n’est pas le même. C’est une initiation à l’étude du fonctionnement de la langue.

2. Les exercices d’adjonction (ou d’expansion)
Ils consistent à ajouter des mots ou des groupes de mots dans un ou plusieurs segments syntaxiques d’une phrase pour observer le fonctionnement.

L’exercice d’adjonction a pour but de faire étudier les possibilités d’expansion de tel groupe de mots. Cet exercice n’est intéressant que si l’enfant peut, à l’aide des mots, faire des expériences « pour voir ».

3. Les exercices de soustraction (ou d’élagage)
C’est l’exercice invers. On retire dans une phrase un, deux ou trois mots ou groupes de mots jusqu’à l’obtention de la phrase de base minimale correspondante.

Les exercices de soustraction mettent en évidence l’importance respective des éléments fonctionnels d’une phrase. Les uns peuvent être supprimés, les autres non. Les exercices d’élagage apprennent aux élèves à rédiger des phrases concises.

4. Les exercices de transformation
Il est bien possible de transformer une phrase déclarative en phrase interrogative et inversement, une phrase déclarative en phrase impérative et vice versa; une phrase interrogative en phrase exclamative.

Chacun des quatre types de phrases précédentes peut être transformé en phrases négatives, passives, emphatiques.

D’autres exercices de transformation: la pronominalisation du complément d’objet, réunir deux ou trois phrases en une seule, etc.

5. Les exercices d’analyse
Constituant un moyen de sélection des élèves, ces exercices ont été privilégiés dans la grammaire traditionnelle. De nos jours, il convient de réduire leur importance et de modifier leur conception, car ils n’apprennent ni à mieux parler, ni à mieux écrire le français.

Il existe plusieurs types d’exercices structuraux:
- exercices de répétition;
- exercices de substitution;
- exercices de transformation;
- exercices question-réponse;
- exercices de jonction.


3. La pratique de la conjugaison des verbes

L’étude du verbe se fait progressivement. Le professeur doit prouver beaucoup de patience lorsqu’il enseigne le verbe. Il expliquera chaque mode et temps d’une façon logique, cohérente, en donnant un grand nombre d’exemples. Il faut que les élèves soient capables de reconnaître les formes verbales dans un texte.

On ne peut pas résoudre la concordance des temps à l’indicatif, au subjonctif, le “si” conditionnel, l’accord du participe passé, si on ne connaît pas bien le verbe.

Quant à la conjugaison des verbes, on parle de l’existence d’une conjugaison implicite et explicite.

La conjugaison implicite se caractérise par:
- la pratique intuitive orale d’une forme verbale nouvelle;
- la lecture à haute voix des exercices écrits corespondants des manuels;
- la pratique intuitive de la même forme verbale par le recours à des exercices écrits analogiques.

La conjugaison explicite des verbes implique trois étapes essentielles:
a) l’étude des formes verbales à un temps considéré;
b) la récapitulation qui comporte, à son tour: une leçon a posteriori fondée sur la valeur d’emploi du temps considéré et la révision des formes graphiques et phonétiques des verbes étudiés et l’élaboration collective et progressive de tableaux de conjugaison;
c) l’intégration – les exercices d’assimilation réfléchie et de contrôle.

La nouvelle pédagogie de la grammaire est “fonctionnelle”, c’est-à-dire qu’elle est fondée sur l’étude du “fonctionnement” de la langue. De cette conception dynamique, cette pédagogie valorise les divers exercices de manipulation intuitive et d’exploration de la phrase par l’élève, de telle sorte que celui-ci apprenne à mieux parler et à mieux écrire.


4. La place occupée par la grammaire dans l’économie de la leçon de français

L’enseignement de la grammaire n’est pas un but en soi. Il est impossible de pouvoir s’imaginer des leçons de grammaire indépendentes. Une leçon de grammaire pure serait formelle et aride.

La grammaire doit être toujours dans l’attention du professeur à chaque étape de la leçon.


5. Les difficultés essentielles rencontrées par les élèves roumains qui étudient la grammaire française

La langue maternelle peut être utile en vue d’expliquer les règles de grammaire plus abstraites, plus difficiles pour les élèves. On ne peut pas enseigner une langue étrangère en faisant abstraction de la langue maternelle.

Certains professeurs affirment que la connaissance des règles de grammaire dans la langue maternelle est un désavantage, car il faut habituer les élèves à penser en français. C’est absolument vrai, mais on doit reconnaître que la grammaire de la langue maternelle est un support important qui facilite le processus d’enseignement et d’assimilation des connaissances nouvelles, propres à une langue étrangère.

A l’aide de la méthode comparative, on peut utiliser par transfert ce qui est commun et lutter contre l’interférence, en insistant sur ce qui est différent.

Petit bréviaire d’interférences grammaticales roumain-français:
- l’article partitif n’as pas un correspondent en roumain. De nombreux exercices sont nécessaires pour former chez les élèves l’habitude d’employer correctement cet article, de le remplacer par la préposition “de”, après une négation, après un adverbe de quantité et devant un adjectif qualificatif;
- les élèves ont la tendance de confondre les pronoms indéfinis “un” et “une”;
- en franc n’y a pas de neutre comme en roumain, pendant le que masculin et le féminin ne correspondent pas par rapport au roumain;
- en roumain, la désinence du verbe peut indiquer elle-même le sujet, le pronom personnel n’étant pas indispensable, c’est pourquoi les élèves emploient assez souvent les verbes sans le pronom;
- on doit former chez les élèves l’habitude d’utiliser le pronom personnel tonique;
- les formes composées des pronoms relatifs, la forme neutre du pronom personnel (le), les pronoms adverbiaux en, y peuvent constituer un problème. Les élèves doivent être très attentifs pour éviter les fautes;
- pour ce qui est le verbe, les élèves manifesteront une attention particulière en ce qui concerne la formation des temps composés avec les auxiliaires “avoir” et “être”. L’accord du participe passé, l’emploi du subjonctif, la concordance des temps à l’indicatif et au subjonctif tout aussi bien que dans les propositions temporelles, le “si” conditionnel, l’emploi de l’infinitif, etc. sont une petite partie de tous les problèmes spécifiques à ce chapitre;
- les prépositions, les adverbes, les conjonctions, les interjections ne doivent pas être laissés de côté. Le régime prépositionnel des verbes est très important et les élèves font beaucoup de fautes, en employant la préposition “à” après un verbe qui, normalement, réclame la réposition “de” ou inversement.

L’enseignement de la grammaire doit être progressif, inductif, concret et fonctionnel. L’étude de la grammaire est une partie intégrante de la langue même. Le professeur doit éviter à enseigner une règle de grammaire, n’importe laquelle, en se limitant au niveau théorique. Il doit toujours donner beaucoup d’exemples et proposer à ses élèves des exercices très divers.

[Source des notes: Traian Nica, Cătălin Ilie, Tradition et modernité dans la didactique du français, langue étrangère, Editura Celina, Oradea, 1995]