Madame Bovary, le premier grand roman de Flaubert. C’est l’histoire d’une petite-bourgeoise normande qui n’a pas dépassé Rouen, et à qui ses lectures romanesques et romantiques ont rendu insupportable une vie sociale et sentimentale étriquée, et qui se suicide.
Le ridicule est partout dans ce monde de province, dont le romancier reproduit les propos stupides dans un style indirect qui conserve les termes, l’accent et le rythme de la parole directe.
Ridicule aussi l’héroïne, pour qui le bonheur et les grands sentiments sont fonction du décor, des accessoires et des chiffons.
Mme Bovary devait être pendant un siècle la patronne des provinciales romanesques et inassouvies, et enrichir le dictionnaire et la psychologie du mot « bovarysme ».
Salammbô – le roman de la femme qui veut se faire aimer d’un Dieu.
Reconstitution d’histoire faite à coups de documentation. Les lectures préparatoires de Flaubert sont énormes.
La critique moderne a cru pouvoir lire dans ce roman antique une réflexion sur les capacités de régénération qu’offrirait à une époque de décadence l’intervention des barbares.
L’Education sentimentale – roman parisien moderne. C’est l’histoire d’un ménage à trois acceptant lâchement la situation. Roman d’apprentissage sentimental, tout autant un roman d’apprentissage politique. Les désillusions politiques doublent les désillusions sentimentales – dans les deux domaines il y a un même idéalisme sans prise sur la réalité.
Flaubert y rencontre les exigences et les problèmes du roman historique.
Les événements politiques de 1848.
Grand roman de mœurs.
Ce roman est surtout l’histoire d’un ratage pour tous les personnages, qui doivent abandonner une partie de leurs ambitions ou de leurs rêves.
Bouvard et Pécuchet. Du défaut de méthode dans les sciences.
Ces deux anti-héros aboutissent à la triste constatation qu’il est impossible, dans le flot des théories, de trouver la vérité.
Le Nouveau Roman, partant d’une critique de Balzac, romancier « omniscient » et créateur de héros, se recommande de Flaubert.
Flaubert inaugure la littérature désenchantée qui caractérise le penchant du siècle.
Destruction du héros volontaire, énergique, lutteur, selon Stendhal et Balzac. Les personnages de Flaubert ne sont plus que le reflet de ce qu’ils ont lu ou vu, des « spectateurs » d’un monde réduit pour eux à n’être qu’une « représentation ».
La passivité et la nullité intellectuelle du personnage déterminent la forme même du roman: elles expliquent la priorité donnée à la description sur le récit, au tableau sur la scène, aux impressions sur l’analyse.
Flaubert a innové dans la description: il emprunte à la peinture impressionniste commençante ses notations fines de couleur, de luminosité, d’atmosphère.
Le souci majeur de Flaubert anti-romantique et antibalzacien, qui refuse les ressources de l’intrigue et des grands caractères, est un souci de peintre. Il a voulu faire des romans d’une certaine couleur: grise dans Madame Bovary, pourpre dans Salammbô.
Flaubert est sans doute le premier romancier à donner au style une place primordiale.
Avec Flaubert, la littérature tend à se replier sur elle-même. Non seulement à cause de ce souci tout formel, mais à cause de l’énorme documentation livresque, de la boulimie encyclopédique qui préside à l’élaboration de chaque œuvre.
L’effet pictural que recherche Flaubert s’obtient par des moyens grammaticaux (Proust définit Flaubert « un génie grammatical »):
- monologue intérieur;
- style indirect;
- l’imparfait substitué au passé simple.
Le souci de la couleur se double chez Flaubert d’un désir de rendre la phrase musicale.
[source Rose Fortassier, Le roman français au XIXe siècle]
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