dimanche, février 03, 2008
Je voudrais être... tout! (lecture didactique)
Après le décès de ses parents, Olivier Chateauneuf a été recueilli par son oncle Henri. Le petit garçon se retrouve loin de sa rue, dans un autre univers. Mais ainsi va la vie et l’enfant verra que dans ce nouveau milieu la curiosité est sans cesse mise en éveil. Soucieux de son éducation, l’oncle Henri interroge Olivier sur ses goûts et lui pose la grave et inévitable question: Que feras-tu plus tard? « Je voudrais être... tout! » répond le jeune héros de Trois Sucettes à la menthe.
- Que feras-tu quand tu seras grand?
- Je travaillerai aux Papeteries?
- Si cela te plaît, bien sûr. Mais tu auras peut-être envie de faire autre chose. Il faut toujours faire ce dont on a envie. Sinon, on le regrette toute sa vie...
- Hmmm, mon oncle, fit vaguement Olivier.
- Et à part la papeterie, qu’est-ce que tu aimerais faire?
- Plein de choses! jeta Olivier.
Tandis qu’il ramassait les dernières miettes de gâteau, un cortège se formait dans sa tête, un cortège composé de tous les Olivier Chateauneuf qu’il portait en puissance: Olivier chanteur d’opéra (mais, tu chantes faux, lui disait sa tante), Olivier marin (tant pis pour le mal de mer), Olivier coureur automobile, Olivier boxeur, Olivier champion de tennis et encore médecin, explorateur, cavalier, acteur...
- Plein de choses, mon oncle! Je voudrais être... tout! (...)
- Vois-tu, dit l’oncle, l’ennui c’est de n’avoir qu’une vie. Et comme on passe toujours à côté de quelque chose, vient le moment où il faut choisir. En aveugle.
- Hmmm, hmmm, fit Olivier.
- Pendant toute une partie de sa vie, on se dit: « Quand je serai grand, je ferai... » ou: « Plus tard, je deviendrai... », et puis, un matin, en se faisant la barbe, on se regarde dans le miroir et apparaît une évidence dictée par le temps: « Quand je serai grand... », mais c’est maintenant que je suis grand, et je suis un marchand de papier, je ne suis pas un acteur, ni un chanteur, ni un auteur de théâtre... Et, si tout va bien pour vous, les autres affirment: « Il a réussi! », alors qu’on n’a réussi qu’une chose, celle qui vous intéressait le moins, et manqué toutes les autres.
Et, disant cela, l’oncle Henri tirait des bouffées rapides de son cigare et paraissait mélancolique. Olivier se sentit gêné. Un peu comme s’il avait écouté aux portes.
(d’après Robert Sabatier, Trois sucettes à la menthe)
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Publié par:
Radu Iliescu
le
dimanche, février 03, 2008
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