J’ai vu arriver à la maison des apprentis ingénieurs, des ouvriers, des apprentis clochards, des Anglais, des Hollandais, des Canadiens, des Allemands, des Américains, des Suisses, des Belges, des Japonais, des Africains. Ils entraient, il y avait de la musique, ils se reconnaissaient entre eux. Ils savaient se définir et communiquer, même sans mots. J’ai vécu au Canada et aux Etats-Unis avec mes enfants. Au départ des rencontres intéressantes il y avait toujours la même chose: la musique, la même musique, que ce soit des arpèges d’une chanson de folk grattés sur une guitare ou un disque qui tourne au maximum de la tonalité...
Au cours d’un été nous campions au bord d’un lac canadien. Nous étions neuf en tout: six adolescents, Jean-Pierre, moi et Dorothée qui avait douze ans. J’avais sommeil. Pendant que je me préparais à me coucher, j’ai entendu une pétarade formidable. (...) Je suis sortie et j’ai vu un spectacle incroyable: trois puissantes motocyclettes et un cataclysme de bruit. La panique m’a prise. C’étaient trois jeunes hommes, dans les vingt-deux ans, habillés de cuir noir, avec de gros dessins colorés sur leurs blousons. Les machines étaient magnifiques, les garçons étaient effrayants, dangereux, les yeux froids dans des visages bardés de casques. (...) Les enfants, sentant le danger, s’étaient levés. Ils restaient immobiles. Jean-Pierre avait fait un pas vers eux.
« Hello, good evening. »
Pas de réponse. Ils sont venus près du feu. Tout le monde était debout. Cela a duré un moment. Puis les enfants ont commencé à s’asseoir. Les trois motocyclistes aussi. Grégoire a pris son banjo, Alain sa guitare. Ils se sont mis à gratter. Les trois motocyclistes ont souri. On a passé des oranges. Alors a suivi une des soirées les plus intéressantes que j’ai vécues ces dernières années. Ils ont raconté qu’ils étaient tous les trois électroniciens, qu’ils habitaient Detroit et que chaque vendredi soir ils partaient sur leurs engins le plus loin possible, à toute vitesse. (...) Ils étaient magnifiques. Je ne sais plus leurs noms. Je les aime beaucoup.
C’était la musique qui avait ouvert les portes. Leurs disques ce sont nos livres. Ils sont pleins d’histoire, de messages, de rêves, d’aventures.
Un jour mon fils a branché des écouteurs sur l’électrophone et il m’a fait écouter un disque. J’ai vécu un bien beau moment en compagnie de cette musique-là: une tempête, un espoir.
(Marie Cardinal, La Clé sur la porte)
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dimanche, février 03, 2008
Une soirée inoubliable (lecture didactique)
Publié par:
Radu Iliescu
le
dimanche, février 03, 2008
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